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"Au galop", débuts palpitants de Louis-Do de Lencquesaing

L'acteur et réalisateur Louis-Do de Lencquesaing le 18 mai 2012 à Cannes[AFP]

"Au galop", c'est le rythme du premier film autobiographique du comédien français Louis-Do de Lencquesaing, présenté vendredi à Cannes: palpitant, tendre et remuant comme la vraie vie quand elle s'accélère et servi par des acteurs impressionnants de naturel.

L'intrigue se résume en peu de mots: le personnage principal, interprété par le réalisateur, tombe amoureux et perd son père. Ce sont les mille détails de la mise en scène, la complicité des liens familiaux, la folie douce de Marthe Keller qui joue sa mère, la justesse d'Alice de Lencquesaing, sa fille à la ville comme à l'écran, qui emportent l'adhésion.

"J'ai fait beaucoup de mise en scène avant, c'est un peu le prolongement", explique le séduisant comédien à l'AFP. "Au théâtre, je travaillais pareil, ce qui m'intéresse c'est de tisser ce qu'il y a en dessous des phrases".

L'acteur, remarqué récemment dans un rôle odieux de pédophile dans "Polisse" ou face à Juliette Binoche dans "Elles", a écrit le scénario en un mois, à partir d'un court métrage déjà réalisé avec sa fille. "Je voulais que le sujet se révèle dans l'écriture", rythmé par un montage énergique, dit-il.

"J'ai écrit trois scènes, situé une femme entre deux hommes et créé une continuité. Je savais avec qui je voulais le faire, j'ai attrapé des choses de ma vie et j'ai tout mélangé", raconte-t-il, insistant sur son plaisir à écrire des dialogues qui "disent sans dire".

L'actrice suisse allemande Marthe Keller, devenue rare au cinéma, apporte grâce et finesse à son rôle, très comique, d'une femme "qui dit tout ce qu'elle pense, direct, sans se rendre compte des énormités qu'elle peut dire".

"Pas très +embrassants+ chez nous"

"Elle ne voulait pas le jouer, elle trouvait que c'était trop français pour elle", explique Louis-Do de Lencquesaing. "J'ai du la supplier. Je trouvais que c'était bien d'avoir une mère étrangère. Tomber amoureux d'une Italienne, ensuite, ça tombe sous le sens".

C'est Xavier Beauvois, un ami de longue date, qui joue son frère. Un frère un peu fragile, avec lequel il partage une cigarette complice au volant, un fou rire lors d'un enterrement.

La mère salue toujours ce frère d'une bise, pas lui. "Et pourtant qui est le préféré?", dit le réalisateur. "Elle n'a pas besoin de m'embrasser. Après, c'est aussi des rapports qui me viennent de mon enfance, on est pas très +embrassants+ chez nous. Ca se construit sur des silences, la famille, je réinvente la mienne plan par plan".

Les rapports du protagoniste avec sa fille bouleversent par leur maturité, le respect et la tendresse réciproques.

Louis-Do a joué avec Alice, aujourd'hui 20 ans, souvent. Dans le film "Le père de mes enfants" de Mia Hansen-Love et encore dans "Polisse". Charles Tesson, qui a sélectionné "Au galop" pour La Semaine de la Critique, dit qu'elle est son Antoine Doinel. Avec une pudeur infinie, son père dit seulement que la jeune femme aux boucles blondes et au regard rond, qui crève l'écran, est "très douée comme actrice".

"Elle joue ma fille donc on peut être comme à la maison parfois, même si on fait des scènes. Elle comprend très vite, j'ai pas besoin de lui dire grand chose. Elle me surprend", ajoute-t-il.

"Je lui dis juste parle moins fort, tiens-toi droite. Un acteur, on lui dit des choses comme ça. Il faut beaucoup se taire pour les diriger, essayer de choper quelque chose d'eux, qui leur est propre. C'est pour ça qu'ils ont l'air si naturel".

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