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Un chômeur sauvé par le whisky, ça arrive à Cannes

Le réalisateur Ken Loach (C) et ses comédiens, à Cannes le 22 mai 2012[AFP]

"La part des anges", onzième film présenté à Cannes par le cinéaste Ken Loach ("ça devient presque gênant"), raconte la débrouille d'une bande de délinquants à Glasgow dans une joyeuse comédie sur fond de whisky qui a égayé la Croisette à mi-parcours du festival.

"C'est toujours bien de contrarier les attentes, de surprendre. Si tu dis que tu prépares un film sur de jeunes chômeurs délinquants, les gens s'attendent à une tragédie", a expliqué mardi à l'AFP le réalisateur britannique toujours vert âgé de 75 ans.

"On voulait briser le stéréotype selon lequel la pauvreté égale la misère. Quand tu passes du temps avec ces jeunes, tu ne peux pas t'empêcher de te marrer parce qu'ils sont drôles, ils ont de l'esprit, de l'imagination, ils te surprennent", ajoute-t-il le regard brillant.

Parce que Ken Loach, très engagé à gauche, a toujours à coeur de parler des "siens", de la classe ouvrière méprisée, des damnés de la Terre dont il vante l'esprit de résistance, David contre tous les Goliath du capitalisme.

Et il en a assez que la presse les "diffame" régulièrement en les présentant comme "des incapables, des oisifs, des assistés": "On veut renverser la vapeur".

Avec modestie, le réalisateur met régulièrement en avant son équipe, "sans laquelle un réalisateur n'a aucune valeur" et refuse, à la conférence de presse officielle, une question sur les "métaphores" dans son film : "On entre vite dans la prétention", prévient-il.

Dans "La part des anges", Robbie, un délinquant qui s'apprête à devenir papa, est interprété par Paul Brannigan, chômeur et jeune père de 25 ans dans la vraie vie.

"Ce rôle m'a sauvé la vie"

Physique sec, belle gueule cassée entre regard bleu foncé et cicatrice marquée sur la joue, il a été "trouvé" dans une maison de quartier de Glasgow par le fidèle scénariste de Loach, Paul Laverty, en repérage. Il a vite remarqué son charisme particulier, son autorité au sein d'un groupe.

Le jeune homme raconte, avec un accent écossais populaire si marqué que beaucoup de journalistes peinent à le suivre, son parcours chaotique et comment il a été "sauvé" par ce rôle.

"J'avais pas un sou, c'était juste avant Noël. Je me suis dit que quelques centaines de livres, ça me permettrait de tenir un peu. Qui sait ce que j'aurais fait sinon pour trouver de l'argent ?", dit celui qui pointe de nouveau au chômage.

L'acteur non-professionnel n'a pas eu à chercher bien loin pour trouver la justesse du personnage : "L'environnement m'est plus que familier, j'ai eu une enfance rude, comme des dizaines de milliers d'autres à Glasgow. J'ai pioché dans des émotions vécues et je m'en suis servi", dit-il.

Le film s'ouvre sur une comparution devant la justice de Robbie pour violences. Il se voit infliger des travaux d'intérêt général et promet d'éviter les embrouilles. Régulièrement agressé par la famille de sa copine, qui le méprise et veut l'éloigner d'elle, il tient bon. Purgeant sa peine, il est pris en charge par un travailleur social qui l'initie à la dégustation du whisky, pour laquelle il développe un vrai talent.

"Ca m'a amusé parce que le whisky c'est une carte postale de l'Ecosse et j'aimais cette idée de contraster l'image touristique par une réalité beaucoup plus dure", explique le cinéaste. "Et combien de jeunes de Glasgow ont eu l'occasion d'en goûter ? Ou d'aller faire un tour à la campagne ?", comme le font les protagonistes du film, renchérit le scénariste.

Fin de la conférence de presse. Ken Loach reprend le micro pour inviter tous les festivaliers à une dégustation prévue dans l'après-midi sur la Croisette.

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