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La musique sexy populaire indonésienne à l'épreuve des conservateurs musulmans

Concert d'une chanteuse de "dangdut" à Jakarta le 2 juin 2012[AFP]

Les paroles vulgaires et les danses de plus en plus sexuelles de la musique traditionnelle indonésienne "dangdut" hérissent le poil des conservateurs, dans ce pays musulman le plus peuplé de la planète, où Lady Gaga avait déjà dû annuler un concert après avoir été jugée "satanique".

Poitrine opulente et mini-jupe moulante, la très plantureuse Julia Perez entonne langoureusement: "tu caresses mon corps, tu passes la main dans mes cheveux. Mes yeux se ferment. Oh! quel plaisir!"

La chanson "Jupe préfère les 69", en apparente référence à la position sexuelle favorite de "Jupe", comme la starlette se fait appeler, fait partie de la dizaine de morceaux récemment interdits sur les chaînes de télé et les radios par la censure indonésienne, parmi d'autres titres comme "Les femmes sont des trous de crocodiles".

Mais sur le site de partage de vidéos YouTube, les amateurs du genre sont légion.

"Cette chanson n'a rien de sexuel", assure cependant Jupe, 32 ans. "Ca parle d'un homme et d'une femme et comment il ne faut pas être égoïste en amour. C'est seulement parce que c'est moi qui la chante qu'on pense que c'est vulgaire", se plaint Julia Perez, réputée pour se déhanchements très évocateurs et ses décolletés provocants.

"On ne peut pas faire autrement que d'avoir un décolleté plongeant quand on a une forte poitrine. C'est normal. Je ne montre pas mes seins, je ne montre pas mes fesses", se défend-elle, admettant tout au plus du "sexy élégant".

Deux cents nouvelles chansons de "dangdut" sortent chaque mois en Indonésie, où le genre est immensément populaire et incontournable des mariages, des soirées télévisées voire des meetings politiques.

Musique rythmée et dansante influencée par les films indiens de Bollywood, le dangdut (onomatopée du son produit par le tambour) avait été encouragé après-guerre par l'ancien dictateur Sukarno, afin de mieux contrer l'influence de la musique occidentale.

Le genre a toujours été sexy mais, au début des années 2000, il a donné naissance au "striptease dangdut", où des chanteuses très déshabillées aux allures de "go-go dancers" retirent fréquemment le haut pour la plus grande joie du public. Moyennant un modeste billet de 5.000 roupies indonésiennes (40 centimes d'euros), il est même permis de toucher.

De quoi susciter l'ire des islamistes qui avaient récemment réussi à faire interdire un concert de la star trash de la pop Lady Gaga.

"Ils ne sont pas différents de Lady Gaga", enrage Habib Salim Alatas, président à Jakarta du Front des défenseurs de l'islam (FPI, conservateurs). "J'aime le dangdut mais je suis contre celles qui s'habillent d'une manière trop révélatrice et dansent d'une façon trop érotique".

"Ces chanteuses très légèrement vêtues qui dansent de manière érotique et chantent des chansons vulgaires ne peuvent plaire qu'au diable", renchérit Rafani Achyar, secrétaire général à Java-Ouest du Conseil des Oulémas, plus haute instance islamique en Indonésie.

Les chanteurs de dangdut traditionnel n'apprécient guère, eux non plus, ce qu'ils considèrent comme une perversion du genre. "Les groupes de dangdut sont devenus très érotiques, avec des danses nues qui encouragent la dépravation", regrette Rhoma Irama, considéré comme "le roi du dangdut" et président de l'Association indonésienne des artistes de dangdut.

"Ils galvaudent le dangdut et mettent à mal la morale. Une telle pornographie doit cesser".

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