En direct
A suivre

Madonna offre un show jugé trop court à la France tolérante

Un fan de la chanteuse américaine Madonna devant l'Olympia à Paris le 26 juillet 2012[AFP]

Madonna, la reine de la pop, a offert jeudi soir à l'Olympia à Paris un show endiablé en hommage à la culture française, achevant sa prestation par "Je t'aime moi non plus" de Serge Gainsbourg dans la langue de Molière avant de refermer le rideau, au bout d'à peine une heure de concert, à la déception de nombreux fans.

Dépassant toutes les attentes, et rompant avec les shows de sa tournée mondiale, "MDNA Tour", la "madone", a également saisi l'occasion de ce concert exceptionnel dans la salle mythique du music-hall français pour répondre artistiquement à la présidente du Front National Marine Le Pen.

Cette dernière a porté plainte contre Madonna pour "injure" après un clip vidéo projeté le 14 juillet au Stade de France, montrant brièvement Mme Le Pen affublée d'une croix gammée sur le front.

Cheveux longs blonds et ondulés, en jupe, bustier et bottes de cuir, la "madone" a ouvert le bal avec un de ses derniers titres, "Turn up the radio" devant un public survolté.

Accompagnée de percussions et de danseurs portant comme elle un béret basque, elle a enchaîné une série de danses presque folkloriques, avant d'entonner "Open your heart".

"Je sais que j'ai fâché une certaine Marine Le Pen. Ce n'est pas mon intention de me faire des ennemis", a-t-elle enchaîné.

Sans repasser le clip vidéo incriminé, la star a vanté la tradition de tolérance et d'accueil de la France envers les artistes.

"Avant le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, les artistes afro-américains n'étaient pas autorisés à se produire en Amérique (...) mais la France leur a ouvert les bras", a-t-elle dit, citant Josephine Baker ou encore Charlie Parker.

"Les gens de couleur, les gens différents, les minorités se sentaient bienvenus en France" et "tout le monde venait en France pour créer", s'est-elle exclamée devant 2.700 fans, mentionnant encore Gauguin, Van Gogh et Picasso.

Pierce Brosnan, Alain Delon

Or, aujourd'hui, "le monde est en train d'entrer dans une période qui fait peur (...) Et que se passe-t-il quand les gens ont peur? Ils deviennent intolérants", a-t-elle déploré, dans une critique à peine voilée des thèses du FN.

La star a enchaîné par une ambiance Moulin Rouge, cabaret, et un défilé de mode en noir et blanc (Vogue, Human Nature) avec des danseurs portant des costumes dignes de la haute couture.

Se déshabillant et dévoilant des dessous en dentelle noire gainants, avant d'enfiler une gabardine, elle a mis en scène "Beautiful Killer" en hommage à Alain Delon, tandis que des images de l'acteur français jeune, en voyou ténébreux, défilaient sur un grand écran.

"Je pense aux gens qui m'ont inspirée et je leur rends hommage", a-t-elle dit, citant Edith Piaf, Jean-Luc Godard et Serge Gainsbourg, Alain Delon, Jeanne Moreau.

Parmi les spectateurs, l'acteur irlandais Pierce Brosnan, alias James Bond, venu avec son épouse, observait la scène avec beaucoup d'attention.

Madonna a achevé son concert en chantant "Je t'aime moi non plus" de Serge Gainsbourg, ligotant un homme sur une chaise qu'elle a "achevé" à coup de pistolet.

Elle s'est alors évaporée dans le décor, le rideau se refermant sous une rafale d'applaudissements qui se sont mués en cris de protestation.

Certains fans, qui avaient patienté pendant des heures voire des jours sous une chaleur écrasante pour voir leur idole, restaient dans la salle, interdits, tandis que d'autres criaient "remboursez" et jetaient des bouteilles d'eau vides sur la scène.

"Même pas dix chansons, pas merci, pas au revoir. Nous sommes venus de Montpellier et avons payé 180 euros les billets c'est vraiment raide", regrettaient Anthony, Stéphane et Guillaume, des trentenaires, tout en reconnaissant la qualité et la magie de la prestation.

Madonna donnera son dernier concert en France le 21 août à Nice.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités