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Pantin : des graffeurs métamorphosent un entrepôt

A la bombe de couleur, un graffeur met sa dernière touche au bâtiment des douanes de Pantin: cet entrepôt 1930 désaffecté, qui évoque un paquebot échoué aux portes de Paris, se refait une beauté avant des travaux qui doivent en faire le siège artistique d'une agence de publicité.[AFP] A la bombe de couleur, un graffeur met sa dernière touche au bâtiment des douanes de Pantin: cet entrepôt 1930 désaffecté, qui évoque un paquebot échoué aux portes de Paris, se refait une beauté avant des travaux qui doivent en faire le siège artistique d'une agence de publicité.[AFP]

A la bombe de couleur, un graffeur met sa dernière touche au bâtiment des douanes de Pantin: cet entrepôt 1930 désaffecté, qui évoque un paquebot échoué aux portes de Paris, se refait une beauté avant des travaux qui doivent en faire le siège artistique d'une agence de publicité.

Le graffeur Da Cruz trace, à la bombe rouge, de grands cercles sur un fond blanc, peint au rouleau "tellement les surfaces sont grandes". "C'est une sorte de baleine échouée au bord de l'eau (...) Un terrain de jeu pour nous. Il a pas mal souffert, nous on appose des pansements colorés", dit-il du bâtiment, livré cet été à une "performance" autorisée de graffeurs.

Masques, visages sur trois étages, silhouette de dos tenant une bombe de couleur, étoiles: les graffeurs Artof Popof, Marko 93 et Da Cruz ont peint en vert, bleu, jaune, rose, rouge... sur trois façades du bâtiment chaque week-end cet été, une "performance" pour animer les abords du canal de l'Ourcq, visités par 40.000 personnes en navette fluviale.

Ou plutôt repeint. Car depuis huit ans qu'il ne sert plus à stocker des marchandises, les graffeurs du monde entier l'ont investi. Ses six étages sont, à l'intérieur comme à l'extérieur, couverts d'oeuvres d'art et aussi de milliers de banales inscriptions et signatures.

"Les coursives entourées de rambardes métalliques, leurs angles arrondis et les passerelles rappellent un paquebot amarré au bord du canal", s'enthousiasme Geneviève Michel, conservatrice du patrimoine de la ville de Pantin.

Cet ancien entrepôt en béton armé, métal et brique, construit entre 1928 et 1931, lorsque le port de Pantin était agrandi pour mieux approvisionner la capitale, et qui a terminé sa vie en accueillant le fret de camions, court sur plus de 100 mètres et fait 23.000 mètres carrés.

"La Mecque des graffeurs"

Depuis qu'il est en friche, c'est un véritable "hall of fame, une Mecque des graffeurs", rappelle Da Cruz. A l'intérieur, des réservoirs de farine ou des grues subsistent, même si nombre des élégantes rampes d'escalier ont été arrachées pour être revendues à la ferraille.

"On est un peu urbanistes, on intervient sur des zones qui sont dans l'entre-deux, on participe au renouvellement, là où il n'y a pas de vie, pour y planter comme des graines", explique Da Cruz, rémunéré par le Comité départemental du tourisme de Seine-Saint-Denis (CDT 93).

Au printemps 2013, les travaux de réhabilitation devraient commencer. Car en novembre 2015, la première agence de publicité française, BETC (groupe Havas), va y installer ses designers, graphistes, directeurs artistiques. Soit "700 à mille salariés", selon Patrick Le Guillou, directeur général de la Société d'économie mixte de Pantin (Semip).

Sans compter les emplois induits, l'installation, au rez-de-chaussée, de commerces et d'une brasserie, et la construction, juste à côté, de 650 logements, dont un tiers de logements sociaux.

"Une agence de pub?", s'étrangle un spectateur François Olivier, 47 ans. "C'est décevant, Pantin se boboïse de plus en plus, et le prix du mètre carré n'arrête pas d'augmenter", regrette cet habitant de longue date de cette ville populaire en lisière de Paris.

"Le canal est en pleine reconversion", reconnaît M. Le Guillou, qui pointe au contraire l'importance accordée au logement social et la destruction de logements insalubres à proximité.

Après Hermès et BNP Paribas, Chanel va installer dans quelques mois ses laboratoires de recherche sur les parfums à Pantin, sur l'autre rive du canal. Et au pied du bâtiment, un port de plaisance pourrait à terme être aménagé.

Quant aux graffs, "si personne ne les recouvre, ils tiendront au moins jusqu'au début des travaux", sourit Daniel Orantin, directeur du CDT 93.

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