Cette année encore, ils seront environ 600 000. Plus d’un demi-million de personnes sont en effet attendues d’aujourd’hui à dimanche à la 77e édition de la Fête de l’Huma.
Mais parmi eux, combien viendront uniquement écouter les concerts de Pete Doherty ou Shaka Ponk ? Combien seront des militants communistes présents au Parc départemental de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) pour débattre politique ?
«Certains disent que le spectacle a pris le pas mais en réalité on ne peut pas dissocier la Fête du mélange culture, politique et fraternité. Quoi qu’on en dise, elle reste un rendez-vous politique républicain important qui fait avancer les idées», estime l’écrivain Valère Staraselski*.
De fait, près de 200 discussions sont prévues durant les trois jours et fait assez rare, une manifestation aura même lieu dans les allés de la Fête. Le thème ? L’emploi, alors que la barre des trois millions de chômeurs vient d’être franchie et que les plans sociaux se multiplient. «Le PCF parle aujourd’hui mezzo-vocce mais les forces qu’il représente sont bien là et la fête continue de se mettre au service du mouvement social», ajoute l’écrivain.
Un avant-goût du 30 septembre
Si le week-end est avant tout crucial pour les finances du journal L’Humanité, c’est aussi pour le Parti communiste français (PCF) – dilué dans le Front de gauche – le moment où il est le plus audible.
Ses responsables promettent «un grand moment de débat à gauche». Si quelques ministres ont annoncé leur présence, le nom du représentant du Parti socialiste se fait attendre. Il faut dire que quelques mois après l’élection de François Hollande et en pleine rentrée, les dissensions PS-Front de gauche se font sentir.
Elles se cristallisent sur un sujet qui occupera beaucoup de place durant le week-end : l’Europe. «Une large place sera accordée aux initiatives à prendre pour changer l’Europe et refuser le carcan austéritaire du nouveau traité européen», annonce Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité et eurodéputé Front de gauche.
«La fête de l’Huma doit être une première grande mobilisation populaire», lance Jean-Luc Mélenchon, qui veut mobiliser pour la grande manifestation du 30 septembre visant à obtenir un référendum sur le traité européen.
S’il sera moins en vue que l’an dernier quand il venait d’être désigné candidat à la présidentielle, il sera la véritable tête d’affiche politique. Lui, le non-communiste.
La fête de l’Humanité : 80 ans de solidarité, Valère Staraselski, éd. Cherche-Midi, 2010.