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La Fiac au Grand Palais : la ruée vers l'art

Des personnes visitent la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), au Grand Palais à Paris, le 21 octobre 2019 [Francois Guillot / AFP/Archives] Des personnes visitent la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), au Grand Palais à Paris, le 21 octobre 2019 [Francois Guillot / AFP/Archives]

La Foire internationale d'art contemporain (Fiac) à Paris a ouvert ses portes mercredi aux collectionneurs, dans une atmosphère tonique et presque frénétique, les craintes des milieux de l'art français de voir les oeuvres d'art soumises à l'impôt sur la fortune s'étant largement dissipées.

Pour sa 39e édition, cette manifestation, qui sera accessible jeudi au public, rassemble jusqu'à dimanche sous la prestigieuse nef du Grand Palais 182 galeries triées sur le volet, dont les deux tiers sont étrangères.

Dès les premières heures, les transactions sont allées bon train et plusieurs galeristes faisaient déjà état de ventes ou d'oeuvres réservées.

La foire est inaugurée mercredi soir par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, qui a mis beaucoup d'énergie ces derniers jours pour convaincre son camp de ne pas intégrer les oeuvres d'art dans le calcul de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

La proposition du rapporteur au Budget (PS) Christian Eckert, adoptée la semaine dernière par la Commission des Finances, a été enterrée politiquement mardi après la ferme opposition du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à laquelle se sont rangés les députés PS.

L'amendement de la Commission des finances sera quand même présenté pour la forme devant les députés mercredi soir ou jeudi dans le cadre de la discussion budgétaire mais il devrait être repoussé aisément.

A la Fiac, le soulagement des milieux de l'art français était manifeste et l'appétit pour ce grand rendez-vous des collectionneurs français et étrangers semblait intact.

"Ca a sauvé la Fiac", considère François de Ricqlès, président de la maison d'enchères Christie's France.

"C'est une décision de bon sens", déclare François Pinault, homme d'affaires et collectionneur, interrogé par l'AFP. "Ca aurait été ingérable" car la valeur d'une oeuvre d'art est très difficile à établir, ajoute ce passionné d'art contemporain, visiteur assidu de la Fiac.

Comme M. Pinault, l'homme d'affaires et collectionneur Bernard Arnault était là dès les premières heures.

"Une faute"

L'ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui est monté au créneau pour combattre l'amendement sur les oeuvres d'art auprès de ses amis socialistes, est satisfait. "Ca aurait été une faute politique, morale, économique et culturelle" de taxer les oeuvres d'art, dit-il.

La collectionneuse Sandra Mulliez, qui a lancé en 2009 avec son époux Amaury Mulliez le SAM art projects, projet de mécénat pour l'art contemporain, confie son "incompréhension totale". "Je suis Française, préoccupée par les artistes français, je me bats pour eux. Ce projet de taxer la détention d'oeuvres d'art c'était se tirer un coup de feu sur les pieds", dit-elle.

Pour le magnat du vin Bernard Magrez, qui a ouvert un institut culturel à Bordeaux, taxer les oeuvres d'art est "une idée ridicule".

"Ca aurait été une bêtise", estime le galeriste Yvon Lambert, qui vient de faire une importante donation à l'Etat français.

L'homme de cinéma et collectionneur Marin Karmitz estime que la proposition des députés était "particulièrement maladroite, malvenue et démagogique". "Cela peut renforcer la frilosité des collectionneurs français", dit-il.

L'artiste français Jean-Jacques Lebel, qui précise voter à gauche, estime lui aussi que ce serait une "grave erreur de taxer les oeuvres d'art car les gens ne prêteront plus aux musées".

Martin Bethenod, qui a dirigé la Fiac avant de rejoindre la Fondation Pinault à Venise, pense que le débat risque d'avoir malgré tout un impact sur les collectionneurs français. "Ca ne contribue pas à instaurer un climat de confiance, nécessaire au marché de l'art", juge-t-il.

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