En direct
A suivre

Harmony Korine : "Le Spring break est une métaphore"

Harmony Korine dirige James Franco sur le tournage de "Spring Breakers" Harmony Korine dirige James Franco sur le tournage de "Spring Breakers"[mars distribution]

Le sulfureux réalisateur américain Harmony Korine emmène les égéries Disney en spring break.

 

Le tournage de « Spring Breakers » a été suivi par les paparazzis…

Ca a vraiment été compliqué parce qu’on essayait d’être le plus discret possible et immanquablement, après quelques minutes où on était installé quelque part, les gens commençaient à venir, à regarder, à voir qui étaient les actrices… C’est pour ça que dans le film on peut ressentir une certaine frénésie parce que c’était presque comme si on était pourchassé. Je n’avais jamais expérimenté une telle chose. Ca ne m’a pas dérangé dans mon travail, parce que je reste toujours concentré, mais c’était dingue, il fallait des agents de sécurité, des caméras ont été brisées…

 

Comment cette idée de tourner un film sur le spring break vous est-elle venue ?

Je collectais des images de spring break depuis quelques années déjà. Je suis fasciné par ce phénomène. Les images, les couleurs, l’iconographie… 

Et j’ai eu cette idée de filles en bikini sur la plage qui volaient des touristes gras à l’aide de revolver. J’ai construit le film autour de cette image. Ce qui m’intéressait aussi était la partie où le personnage d’Alien (interprété par James Franco, ndlr) débarque dans leur univers et leur montre cette autre facette du spring break. Le Spring break ici est une métaphore. C’est représentatif d’une période de perdition.

 

Pourquoi avoir choisi James Franco pour interpréter Alien ?

On se connaissait depuis quelques années et ça faisait un certain temps qu’on discutait de la possibilité de faire un film ensemble. Je l’ai appelé et lui ai raconté quel genre de personnage était Alien. Il a tout de suite accepté de l’interpréter. J’ai donc fini d’écrire le personnage avec James en tête.

Alien est une espèce d’amalgame de plusieurs personnes que je connais ou que j’ai connu. C’est un blanc du sud, un gangster avec un maniérisme de noirs. J’ai regardé des images de rappeurs. Je voulais qu’Alien soit une espèce de poète sociopathe. Pour trouver son style, j’ai mélangé beaucoup d’images. Ensuite, c’est James qui l’a interprété à sa façon. Il a passé quelques temps avec un mec de là-bas, qui ressemblait à son personnage… C’est comme ça qu’il l’a rendu si authentique.

 

Pourquoi avoir choisi des actrices de l’écurie Disney pour jouer les étudiantes ?

J’ai aimé l’idée de faire jouer à ces filles des rôles à l’opposé de là où on les attend. C’était plus intéressant. Elles n’ont eu aucun problème à interpréter ces personnages. Pourtant certaines séquences ont dû être difficiles pour elle. Mais je les ai rassuré, je leur ai bien expliqué que leurs personnages reflétaient une partie de la culture américaine. Qu’elles devaient être audacieuses, et qu’on allait aller dans des endroits extrêmes et très graphiques, que c’était pour un but bien précis.

Elles ont été incroyablement solides.

 

A plusieurs reprises, on entend des morceaux de Britney Spears…

Je voulais avoir de la musique pop dans le film. La narration, le style du film… Tout est fait pour créer des clins d’œil à la pop culture. La musique agit comme un crochet pour illustrer les messages latents du film. Et Britney Spears représente le fil conducteur de l’histoire des 4 filles. Elle est représentative du rêve pop qui s’est perdu dans quelque chose de plus sombre, sinistre.

 

Ce film présente des similarités avec « Kids » de Larry Clark Kids, dont vous avez écrit le scénario…

J’ai écrit « Kids » il y a tellement longtemps, je n’étais encore qu’un enfant moi-même. Je n’ai pas pensé à ce film en écrivant « Spring Breakers » mais il est vrai que ce sont deux films générationnels.

 

Pourquoi la jeunesse vous intéresse-t-elle tant ?

Je crois que j’ai toujours été intéressé par la jeunesse. C’est un moment de la vie tellement intéressant. C’est une période charnière où les règles ne s’appliquent pas de la même façon. C’est un entre-deux, un temps d’insouciance. Et puis je trouve la plupart des adultes tellement mornes...

 

La sortie de « Spring Breakers » est beaucoup moins confidentielle que la sortie de vos films précédents…

La vérité c’est que ce film est sûrement très similaire à mes films précédents mais que ce sont les acteurs qui font la différence. Le film en lui-même est aussi inventif que les autres mais ça se passe dans un monde plus pop, qui va toucher une toute nouvelle audience.

C’est très excitant parce qu’en tant que créateur, je veux faire les choses les plus radicales, inventives, intéressantes, émotionnelles possibles. Ici, ça prend une forme un peu plus commerciale. Finalement, c’est ennuyeux de toujours s’adresser aux mêmes personnes.

 

N’avez-vous pas peur d’effrayer les jeunes fans de ces actrices ?

Ca va les effrayer un peu mais il n’y a rien de mal là-dedans. C’est une bonne chose.

 

Vous avez dit que vous étiez un soldat du cinéma. Qu’entendez-vous par là ?

Un soldat du cinéma fait des films pour le bien. Il est du côté de la magie, du temps, du septième art. Il réalise pour une cause plus grande, pas seulement pour gagner de l’argent.

 

Qu’allez-vous faire dans les prochains mois ?

Je devrais commencer à écrire de nouvelles choses mais je suis heureux en restant simplement chez moi après toute cette agitation. C’est intense de faire un film. Il faut voir beaucoup de monde, parler des heures au téléphone… Et ce n’est pas quelque chose que j’apprécie beaucoup. Je vais passer du temps avec ma famille, voir mes amis, me consacrer à ma peinture.

 

La bande-annonce de « Spring Breakers » :

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités