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Le Louxor rouvre ses portes à Barbès

Vue de l'intérieur du cinéma Louxor à Paris, le 12 avril 2013 [Patrick Kovarik / AFP] Vue de l'intérieur du cinéma Louxor à Paris, le 12 avril 2013 [Patrick Kovarik / AFP]

L'emblématique cinéma le Louxor, dont le bâtiment était à l'abandon depuis 1987, rouvre ses portes jeudi dans le quartier populaire de Barbès à Paris, après deux ans et demi de travaux qui ont permis de restituer ses décors égypto-art déco d'origine.

A la manoeuvre, la Ville de Paris, soucieuse d'étoffer le tissu des salles de cinéma du nord-est parisien, et de conserver cet élément du patrimoine culturel et architectural de la capitale - la façade et les toitures ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1981.

Réalisé en 1920-1921 par l'architecte Henri Zipcy et le céramiste Amédée Tiberti pour le groupe Lutetia-Wagram, le Louxor, situé à la confluence des Xe, XVIIIe et IXe arrondissements, a été exploité comme cinéma jusqu'en 1983, avant de devenir une boîte de nuit (la Dérobade puis le Megatown), et d'être désaffecté en 1987.

La ville a décidé en 2003 de racheter les murs et de lui redonner sa vocation première de cinéma, en finançant l'intégralité des travaux. 25 millions d'euros ont été investis, permettant à la fois de retrouver l'esprit du bâtiment d'origine, et de le mettre au meilleur niveau en termes d'isolation phonique et thermique. Le cinéma est ainsi chauffé et refroidi grâce à la géothermie.

Vue de l'intérieur du cinéma Louxor à Paris, le 12 avril 2013 [Patrick Kovarik / AFP]
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Vue de l'intérieur du cinéma Louxor à Paris, le 12 avril 2013
 

Les façades ont été intégralement restaurées dans leur état de 1921, avec restitution des mosaïques, vitraux et grands mâts égyptiens disparus. La grande salle de cinéma (334 fauteuils au lieu des 1.100 d'origine) a été réhabilitée avec ses trois niveaux - l'orchestre, le balcon et le poulailler -, et ses décors recréés: faux marbres peints, masques de pharaon en relief, frise néo-grecque, hiéroglyphes...

"J'avais quelque crainte que l'on aille un peu loin dans le kitsch, mais je trouve que c'est assumé sans en faire trop, c'est plutôt réussi", commente le maire adjoint en charge de la Culture, Bruno Julliard (PS).

Deux nouvelles salles, plus petites (136 et 71 fauteuils), ont été aménagées dans les sous-sols du bâtiment. Pour ces dernières, l'architecte Philippe Pumain a fait le choix de la sobriété, seuls la forme d'une voûte ou un plafond étoilé rappelant la thématique égyptienne.

Le Louxor est le seul cinéma parisien dont les murs appartiennent à la Ville: "C'était la seule manière de permettre la réhabilitation du Louxor. Il était très peu probable que quelque industriel que ce soit puisse réaliser des travaux d'une telle qualité, avec une telle exigence architecturale", souligne M. Julliard.

L'exploitation a été confiée à un trio composé de Carole Scotta, dirigeante de la société indépendante de production et de distributions Haut et Court, Martin Bidou, exploitant (le Vincennes, le Nouvel Odéon, le Max Linder) et directeur des ventes de Haut et Court, et Emmanuel Papillon, directeur pendant 20 ans du cinéma Jacques Tati à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) et actuel directeur de la section d'exploitation de l'école de cinéma la Femis.

Le cinéma Louxor à Paris, le 22 avril 2010 [Emmanuel Glachant / AFP/Archives]
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Le cinéma Louxor à Paris, le 22 avril 2010
 

A charge pour eux de proposer une programmation exigeante axée sur le cinéma d'art et essai et les cinémas du Sud, et d'ouvrir le cinéma vers le quartier. Actions en direction du jeune public, "université populaire du cinéma", programmes de courts métrages, séances musicales devraient ainsi être au menu du Louxor, dont la tête d'affiche sera cette semaine "The Grandmaster", du cinéaste hong-kongais Wong Kar-Waï.

La réhabilitation du Louxor s'inscrit ainsi dans la politique volontariste de la mairie de Paris en direction du cinéma d'art et essai (qu'elle soutient à hauteur de 1,2 million d'euros par an), avec un souci de rééquilibrage au profit du nord-est parisien. Au nombre de 90 dans les années 1950, les cinémas se comptent aujourd'hui sur les doigts des deux mains dans les IXe, Xe et XVIIIe arrondissements.

La réouverture du cinéma, très attendue par les habitants et les commerçants, joue aussi "un rôle déterminant dans la requalification urbaine du quartier, avec un effet d'entraînement au-delà des murs du Louxor", souligne Bruno Julliard. Ainsi le magasin de textile Vano, situé face au Louxor et victime d'un incendie il y a deux ans, laissera-t-il la place d'ici quelques mois à une brasserie branchée.

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