En direct
A suivre

Michel Gondry : "L'écume des jours, une histoire surréaliste"

Le réalisateur Michel Gondry adapte le roman à succès de Boris Vian, L'écume des jours. Le réalisateur Michel Gondry adapte le roman à succès de Boris Vian, L'écume des jours. [AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT ]

Certains disent qu’il était le seul capable d’adapter au cinéma L’écume des jours. Avec son imaginaire bien à lui, Michel Gondry réussit à transposer à l’écran le roman culte de Boris Vian publié en 1947.

Un défi de taille, que le réalisateur de La science des Rêves relève haut la main et auquel il songeait depuis longtemps.

 

A quand remonte votre première lecture de L’écume des jours ?

J’avais 14 ans. Je garde des souvenirs très sélectifs de cette histoire d’amour classique contée de manière extraordinaire, qui flirte avec le surréalisme. Je me rappelle encore de la scène de la patinoire. J’ai voulu garder ce regard d’adolescent crédule en travaillant sur l’adaptation cinématographique.

 

L’univers visuel est très présent…

Cet aspect fourmillant dans lequel tout est possible correspond à ma vision. Les objets s’animalisent, les espaces se rétrécissent.

Pour les décors, je me suis inspiré du Paris des années 1970, celui de mon enfance, comme le trou béant du chantier des Halles, le passage du Printemps ou le Palais des mirages à Grévin, kaléidoscope géant.

 

La famille de Boris Vian, notamment sa veuve, a-t-elle été présente sur ce projet ?

Les proches avaient un droit de regard par rapport à l’utilisation du titre, L’écume des jours. Quand nous avons écrit les différentes versions du scénario, nous échangions énormément avec la famille pour éviter qu’on ne dénature trop l’œuvre.

 

Quelle a été la plus grande difficulté sur ce tournage ?

Il fallait recréer un rythme obligatoirement différent de celui du livre et recentrer l’histoire sur les personnages principaux. On pouvait donc se permettre moins de digression. J’avais envie de garder cet univers foisonnant tout en centrant l’image sur mes acteurs, que l’on ressente l’amitié entre Chick  et Colin ou l’amour entre Chloé et Colin. Je me suis concentré sur les grands axes de l’histoire.

 

Pourquoi avoir choisi les acteurs Audrey Tautou et Romain Duris pour incarner les personnages principaux ?

Dans le roman, les personnages ont un côté très innocent, un peu diaphane, presque naïf. Je ne voulais pas de cela dans le film. Je souhaitais que Chloé, par exemple, ait cette vie intérieure très forte pour montrer la lutte qui l’oppose à la maladie. Audrey (Tautou) a cela en elle. Elle est à la fois sensible et vaillante.

Quant à Colin, c’est un personnage assez neutre. Chacun peut donc s’identifier à lui, se mettre dans sa peau. Il fallait qu’il ait plus de réactivité au cinéma. Romain (Duris) a un côté viril et énergique, mais garde une certaine fragilité et un grand sens de l’humour. Il convenait parfaitement au rôle même si ce n’est pas la description exacte du roman.

 

Vous avez choisi Omar Sy pour jouer Nicolas, cuisinier et confident de Colin…

Omar est très humain et emporte la sympathie du public. Il endosse le rôle d’ange gardien dans cette histoire d’amour. Peu d’acteurs pouvaient incarner le personnage de Nicolas.

 

Et pourquoi Gad Elmaleh dans le rôle de Chick, le meilleur ami ?

Gad a ce côté détaché de la réalité qui correspond bien à Chick et à son addiction à la drogue que Jean-Sol Partre (transposition de Jean-Paul Sartre dans le roman de Boris Vian, ndlr) représente. Il avait ce regard un peu vide nécessaire au rôle. Gad me fait penser à Buster Keaton ou à Peter Sellers. Il possède à la fois quelque chose de sérieux et de délirant.

 

Selon vous, qu’aurez pensé Boris Vian de votre adaptation ?

J’espère qu’il l’aurait aimée. J’ai parfois pris quelques libertés par rapport au texte, mais, j’ai tenu à intégrer la musique de Duke Ellington, en référence à Saint-Germain-des-Prés. Boris Vian aurait été furieux qu’il n’y ait pas du tout de jazz dans le film.

Adapter un roman lu par des millions de personnes ajoute une pression supplémentaire.

 

Avez-vous regardé la version de L’écume des jours de Charles Belmont avec Marie-France Pisier et Jacques Perrin sorti en 1968 ?

Je n’ai pas voulu la regarder car j’ai eu peur que cela me décourage. J’ai préféré me concentrer sur le roman et le scénario. Mais je la regarderai après la sortie de mon film.

 

L’écume des jours, de Michel Gondry, avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy, Aïssa Maïga et Charlotte Le Bon.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités