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La santé du cinéma français menacée, selon Hazanavicius

Michel Hazanavicius, le réalisateur de "The Artist", le 22 février 2013 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Michel Hazanavicius, le réalisateur de "The Artist", le 22 février 2013 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

A quelques jours du festival de Cannes (15-26 mai), Michel Hazanavicius, réalisateur de "The Artist", oscarisé en 2012, dénonce dans une tribune publiée dans Le Monde de dimanche "la dangereuse inflation" qui menace le système de financement du cinéma français derrière une bonne santé apparente.

"Avec plus de 200 films français par an et de 200 millions d'entrées en 2012, le cinéma a atteint des résultats jamais égalés depuis les années 1960. Quelques films s'exportent à nouveau et certains sont dignement reconnus internationalement", écrit le réalisateur.

Pourtant, ajoute-t-il, "cette singularité du cinéma français s'explique moins par la supériorité de ses talents que par la subtilité de son mode de financement". Le réalisateur critique "un système vertueux" en train de "se gangrener".

Selon lui en effet, le dispositif de financement "connaît une bulle inflationniste particulièrement dangereuse en période de crise économique, (...) notamment due à un non-partage des recettes". "Réalisateurs, auteurs, acteurs, techniciens, producteurs: tous préfèrent gagner de l'argent en amont de la sortie puisque l'espoir d'en gagner dans la phase d'exploitation est quasi nul", dit-il.

"Nous sommes dans une industrie où le succès public n'étant plus une condition pour gagner de l'argent, on n'hésite pas à sacrifier certains films, créant ainsi une bulle qui est en train d'enfler et qui ne devrait pas tarder à exploser", prévient-il.

Il estime aussi que "les obligations des chaînes de télévision vis-à-vis de la création (...) ne répondent plus à l'objectif recherché". Il épingle "une concentration de plus en plus importante des financements créant une radicalisation du marché et par là même participant à l'inflation des budgets".

Michel Hazanavicius cite également à la disparition des "films du milieu" faits "avec des économies plus légères" et qui constituent "le ciment de notre diversité".

Evoquant l'exception culturelle française malmenée par les géants du numérique, il appelle enfin à "une régulation européenne" et "une fiscalité de ces acteurs voraces" ainsi qu'à "une meilleure répartition" des fonds dans le système de financement des films.

Il faut, dit-il, "accepter de se dire qu'Internet c'est de la télévision et que la télévision c'est de l'Internet et tirer les conséquences de ces nouvelles définitions".

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