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La planète musique célèbre le bicentenaire de Wagner

Un violoniste joue à Séville une partition de Richard Wagner, le 11 juillet 2005 [Cristina Quicler / AFP/Archives] Un violoniste joue à Séville une partition de Richard Wagner, le 11 juillet 2005 [Cristina Quicler / AFP/Archives]

Le monde de la musique est mobilisé pour célébrer Richard Wagner, le compositeur favori d'Hitler, toujours controversé 200 ans après sa naissance le 22 mai 1813.

Bien qu'il soit le musicien sur lequel il ait déjà été le plus écrit, les éditeurs parviennent à sortir des dizaines de nouvelles biographies ou études critiques, et pas seulement dans son Allemagne natale. Nouveaux enregistrements ou rééditions se battent pour attirer les mélomanes.

Les principales salles de la planète --dont le Met à New York, la Scala de Milan, Covent Garden à Londres, la Bastille à Paris ou encore le Staatsoper de Vienne-- présentent cette année de nouvelles productions de "l'Anneau du Niebelung" --dit "Ring" en toutes langues, son opus magnus en quatre opéras et 16 heures.

Le culte wagnérien

En Allemagne, où l'on trouve environ 80 salles d'opéras, le wagnérien le plus fanatique n'arriverait pas à ingurgiter tout ce qui lui est proposé. Dans les mises en scène les plus diverses, avec par exemple un "Or du Rhin" sur une péniche, sur le Rhin.

Pour les adeptes du culte wagnérien, les deux principales cérémonies auront toutefois lieu dans le temple dédié au compositeur à Bayreuth, la petite ville du sud de l'Allemagne où Wagner a dessiné et fait construire le Festspielhaus.

Ce petit théâtre à l'acoustique exceptionnelle n'ouvre habituellement que quatre semaines en été pour un festival Wagner, mais l'Allemand Christian Thieleman, son chef d'orchestre officieux, y dirigera mercredi le concert du bicentenaire.

Vue d'ensemble du public à La Scala à Milan venu voir "Tristan et Iseult", le 7 décembre 2007 [ / AFP/Archives]
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Vue d'ensemble du public à La Scala à Milan venu voir "Tristan et Iseult", le 7 décembre 2007
 

Au programme figureront des extraits de ses opéras les plus célèbres, dont "Les Maîtres chanteurs de Nuremberg", "Tristan et Iseult", "La Walkyrie" ou encore "Le Crépuscule des dieux".

Le point d'orgue de cet anniversaire interviendra durant le festival, qui commence toujours un 25 juillet: un nouveau "Ring" monté par l'Allemand Frank Castorf, auquel on doit déjà plusieurs mises en scène de théâtre iconoclastes.

Avant même l'inévitable controverse, l'année du bicentenaire a été marquée par quelques scandales. Au début du mois, l'opéra de Düsseldorf (ouest de l'Allemagne) a ainsi déprogrammé un "Tannhäuser" qui transposait le monde des troubadours dans un camp nazi, avec gazage et exécutions de juifs assez réalistes pour que des spectateurs soient pris de malaise.

Un épisode cohérent avec les polémiques permanentes entourant un compositeur aussi révéré que détesté.

"Richard Wagner, je le hais, mais je le hais à genoux", avait résumé le chef d'orchestre et compositeur juif américain Leonard Bernstein.

Avoir été le compositeur préféré d'Hitler est évidemment un stigmate.

Inspirateur d'Hitler

Le buste de Richard Wagner à Bayreuth, dans le sud-est de l'Allemagne [Christof Stache / AFP/Archives]
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Le buste de Richard Wagner à Bayreuth, dans le sud-est de l'Allemagne
 

Richard Wagner est né à Leipzig (sud-est) le 22 mai 1813, et il est mort à Venise le 13 février 1883, longtemps donc avant la montée du nazisme.

Mais Hitler était un de ses admirateurs passionnés, il venait régulièrement à Bayreuth, et il a entretenu une étroite relation avec la famille du fils de Richard Wagner, Siegfried, et avec ses petits-fils Wolfgang et Wieland, qui le surnommaient affectueusement "Oncle Wolf".

Le dictateur expliquait avoir trouvé l'inspiration initiale de ce qui allait devenir le nazisme dans "Rienzi", un des premiers opéras de Wagner, consacré à un tribun romain.

Les nazis ont abondamment utilisé sa musique pour leur propagande, au point qu'elle est toujours bannie d'exécution publique en Israël.

Musicologues et musiciens continuent à s'affronter férocement sur le point de savoir si le compositeur nous a légué une oeuvre empreinte d'antisémitisme, de misogynie, et si ses théories sur la pureté raciale ont été un ferment idéologique du nazisme.

A côté de ses 13 opéras, Wagner a laissé un volumineux corpus dont un pamphlet au vitriol intitulé "Le judaïsme dans la musique".

Sur le plan musical, son génie n'est pas contesté. Son épopée amoureuse et médiévale, "Tristan et Iseult", repousse les limites la musique tonale. Et l'utilisation qu'il fait de l'orchestre, notamment dans le "Ring", avec des sons jusque là inconnus produits par des instruments fabriqués à sa demande, est également considérée comme révolutionnaire.

Mais pour ses critiques, parmi lesquels son arrière-petit-fils Gottfried Wagner, l'homme et son art ne peuvent pas et ne doivent pas être distingués.

"Il y a chez lui des aspects magnifiques, et des aspects sinistres", a-t-il commenté lors d'un entretien avec l'AFP.

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