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"Le film Les Parapluies de Cherbourg fait partie du patrimoine français"

Mathieu Demy, le 23 septembre 2011 au festival international du film de San Sebastian[Rafa Rivas / AFP/]

Près de cinquante ans après avoir remporté la Palme d’or au festival de Cannes, le film emblématique de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg, était de retour sur la Croisette pour cette 66e édition.

Présentée en avant-première dans le cadre de Cannes Classics, la version restaurée de ce chef d’œuvre du cinéma français a séduit les cinéphiles. Elle sortira au cinéma le 19 juin prochain. Mathieu Demy, comédien et fils du cinéaste Jacques Demy, revient sur ce long processus de numérisation.

 

Pourquoi avoir décidé de restaurer ce film ?

Nous n’avions pas le choix, les conditions d’existence d’un film ont changé. Aujourd’hui, les films ne sont plus projetés en pellicule. Il faut donc convertir la bobine 35mm en un fichier numérique (DCP). L’évolution est obligatoire, dans le cas contraire, le long métrage est condamné à la mort. Nous voulions que le public puisse encore visionner Les Parapluies de Cherbourg.

 

A combien s’élèvent ces travaux ?

Ils ont coûté entre 100 000 et 120 000 euros. Ce fut un travail très lourd qui a nécessité l’utilisation de machines très chères et de logiciels complexes, notamment pour nettoyer les négatifs, redonner de la couleur et améliorer le son.

 

D’où proviennent les financements ?

Ils se partagent entre le Festival de Cannes, le groupe LVMH, la ville de Cherbourg, la région Basse-Normandie. Sans oublier l’aide précieuse des internautes.

 

Vous avez en effet fait appel fait un appel aux dons auprès des internautes.

Le budget s’est avéré plus important que prévu et nous avions encore besoin d’une certaine somme pour le boucler. Ma sœur, Rosalie Varda-Demy, a alors eu l’idée de proposer aux cinéphiles et autres amoureux de ce film de participer à sa numérisation via le site de financement participatif www.kisskissbankbank.com. On a établi un barème. En fonction du montant du don, les « mécènes » ont reçu des cadeaux comme des places pour des avant-premières. Je trouve cette solution de financement adaptée à la restauration d’un film qui appartient au patrimoine cinématographique français. Nous n’avons pas eu besoin de défendre le long métrage, le public le connaissait déjà.

 

Comment expliquez-vous que le film «Les parapluies de Cherbourg » ait marqué des générations ?

Outre le fait qu’il ait reçu la Palme d’or en 1964, ce film est le premier entièrement chanté avec une esthétique très colorée, des chorégraphies et des chansons décalées de la réalité. L’histoire est aussi intemporelle et plaît encore aujourd’hui. 

 

 

Et vous, à quel âge avez-vous découvert ce film ?

Je devais avoir cinq ou six ans. Mon père me le projetait régulièrement à la maison. Ce film m’a accompagné tout au long de ma vie et je le regarde toujours avec autant de plaisir.

 

Qu’avez-vous ressenti en montant les marches ?

J’étais très ému de fouler le tapis rouge avec Michel (Legrand, compositeur de la musique du film, ndlr) notamment. Quand le film a été présenté à Cannes, je n’étais pas né mais lui était là, en présence de mon père. J’avais l’impression d’être à bord d’une machine à remonter le temps et de revivre un moment passé.

 

Selon vous, qu’aurait pensé votre père de ce travail mené autour de son œuvre ?

J’imagine qu’il serait fier de nous et très touché que cette restauration ait été réalisée en famille. Rosalie s’est occupée pendant deux ans de trouver des soutiens financiers, Agnès Varda, ma mère, était quant à elle la mémoire de ce tournage. Elle se souvenait de la préparation et des intentions de Jacques. De mon côté, j’ai supervisé la partie technique. Nous sommes complémentaires.

 

Confirmez-vous qu’un remake des Parapluies de Cherbourg est en cours ?

Ce n’est qu’un projet pour l’instant. Le film serait tourné à Bollywood. C’est une idée du producteur québécois Pierre Gendron : la rencontre d’un classique du cinéma français avec l’autre pays de la comédie musicale. Ce remake pourrait voir le jour dans deux ans environ.

 

Les parapluies de Cherbourg (version restaurée) de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve et Nino Castelnuovo. En salles le 19 juin.

Exposition « Le monde enchanté de Jacques Demy », jusqu’au 4 août 2013, à la Cinémathèque française, Paris (12e). www.cinematheque.fr

 

Un flashmob consacré à Demy à Paris

Le "monde en-chanté" de Jacques Demy à la cinémathèque 

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