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"La grande bellezza" : Rome splendide et décadente

L'actrice italienne Anita Kravos, le 21 mai 2013 à Cannes, pour la promotion de son film "La grande belleza" [Loic Venance / AFP] L'actrice italienne Anita Kravos, le 21 mai 2013 à Cannes, pour la promotion de son film "La grande belleza" [Loic Venance / AFP]

A travers les doutes existentiels du roi mondain Jep Gambardella, Paolo Sorrentino livre dans "La grande bellezza", en compétition mardi à Cannes, un regard sur la décadence morale d'une certaine Italie doublé d'un hommage à la splendeur de Rome, aux accents felliniens.

Génial écrivain dans sa jeunesse devenu journaliste dandy, Jep Gambardella est de toutes les soirées, véritable idole mondaine à Rome. Mais dans ce tourbillon de superficialités, l'homme, qui souffre de se voir vieillir, commence à s'interroger: lui faut-il reprendre l'écriture, et ainsi donner du sens à cette vie décadente, cette comédie du néant?

Jep cache son dégoût de lui-même et des autres derrière une attitude désabusée et cynique. Son cas de conscience: depuis son premier roman, couronné par un prix dans les années 70, il n'a jamais transformé l'essai, renonçant à poursuivre ses ambitions littéraires.

Malgré sa quête de sens, il continue de fréquenter les fêtes romaines, excentriques et colorées, ponctuées de performances artistiques étranges -- une fillette jette en pleurant des pots de peinture sur une toile géante pour en faire un tableau -- qu'il organise parfois lui-même sur sa superbe terrasse dominant le Colisée.

Le réalisateur italien de "La grande belleza", Paolo Sorrentino, le 21 mai 2013 à Cannes [Loic Venance / AFP]
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Le réalisateur italien de "La grande belleza", Paolo Sorrentino, le 21 mai 2013 à Cannes
 

"Le film tente d'exprimer une pauvreté autre que matérielle, une pauvreté d'un autre genre. Je n'ai pas tenté d'exprimer un avis négatif vis-à-vis de ces gens-là mais simplement de représenter ce qu'ils sont, ce qui symbolise notre pays", a souligné Sorrentino qui montre à l'écran des bourgeoises botoxées dissertant sur le jazz éthiopien.

Avec ce film à la photo époustouflante, Sorrentino signe un retour réussi à Cannes, qui avait reçu sans enthousiasme son dernier opus en anglais, "This must be the place" avec Sean Penn dans le rôle d'une rock-star.

"La grande bellezza" ("La grande beauté") est un film "totalement débiteur du grand cinéma italie, Scola, Fellini, Ferreri, Monicelli...", explique dans le dossier de presse le réalisateur, qui avait décroché le prix du Jury du festival en 2008 pour "Il Divo", un film sur l'ancien président du conseil italien Giulio Andreotti.

Fêtes orgiaques dans une Rome décadente, dilemme entre aspirations littéraires et déchéance: bien que Sorrentino s'en défende, les références à La Dolce Vita de Fellini (1960) sont nombreuses, malgré la différence d'âge entre Marcello Mastroianni et Toni Servillo, acteur fétiche de Sorrentino qui incarne avec brio le personnage blasé de Jep.

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