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Jacques Dutronc : l’élégance d’un gentleman, le piquant d’un cactus

L'homme aux éternelles lunettes noires[Capture d'écran Youtube]

Jacques Dutronc explose sur la scène française au cœur des sixties. Dandy et nonchalant, il emballe vite le public – féminin en particulier. Mais depuis, cet esthète a su montrer sa profondeur et sa liberté. A la scène comme à la ville, sa désinvolture non feinte déguise une profonde humanité. Retour sur le parcours d’un symbole des sixties, qui a marqué tout autant le grand écran que la musique.

 

C’est l’histoire d’un éternel jeune homme. Il est sympa. Et attirant. Mais, mais, mais, mais, méfiez-vous ! C’est un artiste. Né à Paris pendant l’Occupation, la même année qu’un certain Johnny Hallyday (1943), il grandit dans la capitale avant de se lancer dans la musique.

La carrière du petit Jacques n’était pas toute tracée, à la différence de celle de Johnny Hallyday. S’il commence très jeune dans un obscur groupe yé-yé, avant de devenir, entre autres prestations éphémères, guitariste pour Eddy Mitchell, Dutronc n’a pas connu immédiatement le succès sur scène. C’est plutôt dans la production musicale qu’il fait ses premières armes, pour survivre.

1966. La chanson le rattrape, presque malgré lui. La maison de disques pour laquelle il travaille collectionne les échecs avec Benjamin, apprenti beatnik, lancé pour rivaliser avec Antoine. Son interprétation d’une nouvelle chanson Et moi, et moi, et moi, écrite par Jacques Lanzmann, ne convient pas. Le beau gosse Dutronc offre alors sa propre version de la chanson. Bingo. Une nouvelle vedette est née aux yeux du public. Le disque finalement intégralement produit se vend à un million d’exemplaires. Les cactus, Et moi et moi et moi, La fille du père Noël, Mini mini mini sont quelques-uns des tubes de l’album.

 

Vidéo : Et Moi Et Moi Et Moi

 

 

Les années qui viennent sont aussi folles pour Dutronc que pour ses contemporains en général : sur fond de révolution des mœurs, il enchaîne les titres qui sont autant de succès. En 1968, c’est l’album Il est cinq heures, en 1969, L’opportuniste, et en 1970, L’aventurier, tous produits chez Vogue. Ce seront ses plus grands tubes, et ce sont ceux qu’il reprend toujours, aujourd’hui, pour la plus grande joie de son public.

 

Vidéo : Il Est Cinq Heures Paris S’éveille

 

 

Puis, dans des années 1970 plutôt creuses musicalement même s’il continue d’enregistrer des chansons, le jeune homme au regard clair se métamorphose en ce qu’il était déjà, c’est-à-dire en acteur.

 

Une belle filmographie

Jean-Marie Périer, l’ex-photographe du journal Salut les copains, lui offre son premier rôle au cinéma, en 1973, dans le film qu’il réalise, Antoine et Sébastien. Tourné dans le Bordelais, ce film marque les débuts prometteurs de Dutronc l’acteur. Car sa carrière cinématographique ne fait en effet que commencer.

Dans L’important c’est d’aimer, de Andrzej Zulawski, en 1975, il campe un étonnant personnage, donnant la réplique à Romy Schneider. Il y fait réellement ses preuves et fait la preuve de sa capacité à s’inscrire dans un registre tragique dans ce long métrage inspiré de La nuit américaine, le roman de l’Américain Christopher Frank.

 

Vidéo : Bande-annonce de L’important c’est d’aimer de Andrzej Zulawski

 

 

Les métamorphoses de Dutronc sont impressionnantes. En 1991, le grand Maurice Pialat lui confie le rôle de Van Gogh dans son film éponyme. Son jeu, empreint d’une sincérité et d’une profondeur exceptionnelles, lui vaut le césar du meilleur acteur français en 1992. A propos de cette interprétation de Van Gogh, certains l’accusent de «vampiriser le personnage». Sans doute la preuve qu’il est parmi les plus grands, de ceux qui ne peuvent que marquer de leur personnalité tous leurs rôles.

 

Vidéo : Bande-annonce de Van Gogh de Maurice Pialat

 

 

Dans la longue filmographie de Dutronc, on pourra retenir également Mado, de Claude Sautet (1976); Tricheurs de Barbet Schroeder, aux côtés de Bulle Ogier (1984); Sauve qui peut la vie, de Jean-Luc Godard (1980), au côté de Nathalie Baye. Plus récemment, on l’a vu dans Embrassez qui vous voudrez, de Michel Blanc, ou Le deuxième souffle, d’Alain Corneau.

A la fin des années 1980, Jacques Dutronc tentera de se lancer dans la réalisation d’un long métrage, qui devait se dérouler dans l’île de son cœur, la Corse, mais le film ne verra jamais le jour.

Amateur de tranquillité, voire de paresse, Dutronc a mis en scène sa vie retirée, à Monticello, petit village de Balagne, où il dit mener une existence paisible et épicurienne, s’occupant notamment des trente-huit chats qu’il a recueillis. Il a réussi à ne pas se faire oublier sans pour autant vendre sa vie privée. Un art de vivre dans la douceur que, sans doute, ses contemporains lui envient…

 

(ARCHIVE)

 

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