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Restauration artistique : « Mettre au jour des œuvres oubliées »

Geneviève Reille-Taillefert cherche à rendre «leur vérité» aux oeuvres abîmées.[CC/genevieveromier]

Depuis près de trente ans, Geneviève Reille-Taillefert* veille à la conservation de notre riche patrimoine. Elle est restauratrice de fresques et de peintures murales. Un métier passion sur lequel elle a accepté de nous révéler quelques secrets...

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Le temps, la saleté, les intempéries, les repeints à la chaux sont autant d’ennemis pour les trésors du patrimoine. Seule une restauration patiente et minutieuse permet de redonner vie à certaines œuvres.

 

Comment devient-on restauratrice ?

Geneviève Reille-Taillefert : Je viens d’une vieille famille française très attachée au patrimoine français. J’ai passé mon enfance à visiter des monuments, à flâner dans les musées. C’est sans doute là qu’est née ma passion pour l’art. Je pense qu’il y a d’une part l’envie de laisser une trace et d’autre part de faire quelque chose pour le monde. En rendant leur jeunesse à des œuvres parfois millénaires, j’ai l’impression que c’est un peu ce que je fais.

 

Pourquoi avoir choisi les fresques plutôt que les tableaux ?

G. R.-T. : J’ai toujours été passionnée par les grands formats et fascinée par les grandes choses, les projets ambitieux. La restauration implique de travailler sur l’œuvre d’un autre.

 

N’avez-vous jamais eu envie de devenir peintre ?

G. R.-T. : Evidemment. Aux Beaux-Arts, j’étais en section peinture. J’ai peint pendant longtemps, mais aujourd’hui je n’ai plus le temps. J’y reviendrai sans doute un jour.

 

Quand fait-on appel à vous ?

G. R.-T. : Souvent, c’est l’Etat qui sollicite notre savoir-faire. On répond à ses appels d’offre. Il faut alors être meilleur que les autres, avoir les connaissances scientifiques, la clairvoyance nécessaire pour comprendre l’œuvre dans son ensemble, le talent de réparer les dommages du temps. Et être moins cher que les autres !

 

 

Quelle est la mission principale du restaurateur ?

G. R.-T. : Ce qui compte avant tout, c’est que l’œuvre retrouve sa vérité. Par la restauration, elle doit retrouver le même aspect qu’elle avait lors de sa création.

 

Vous restaurez des fresques très anciennes et très précieuses. N’avez-vous jamais peur de les abîmer ?

G. R.-T. : La crainte est toujours là, et en permanence l’angoisse de perdre quelque chose. Nous avons une obligation de résultat. Après notre passage, le travail doit être beau et dans un bon état.

 

Etes-vous spécialiste d’une période ?

G. R.-T. : Pas vraiment. Ce qui me plaît avant tout, c’est le challenge. Quand on ne voit plus rien, que la fresque est devenue illisible et que, par la restauration, je réussis à mettre au jour des œuvres oubliées, répertoriées nulle part, alors c’est un moment d’émotion intense.

 

 

Quels sont les dix commandements de la restauration ?

G. R.-T. : Apprendre à regarder, ne jamais avoir d’a priori sur une œuvre, en attendre le maximum. Savoir descendre de son échafaudage pour avoir une vue d’ensemble… Mais le plus important, c’est d’aimer ce que l’on fait.

 

* Auteur d’un ouvrage de référence de la restauration d’œuvres, "Conservation-restauration des peintures murales, de l’Antiquité à nos jours" (éd. Eyrolles).

 

(ARCHIVE)

 

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