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La famille Bouglione, les étoiles de la piste

Le Cirque d'Hiver où se produisent les Bouglione [CC/marko8904]

Depuis plus d’un siècle, les numéros et les acrobaties de la famille Bouglione réjouissent les enfants comme les grands. Impossible aujourd’hui de dissocier cette dynastie du célèbre Cirque d’Hiver, temple parisien des jongleurs, trapézistes et autres clowns. Bienvenue sous le chapiteau.

 

Archives – Article publié le mercredi 15 octobre 2008

 

«Travailler dans un cirque, c’est à la fois très dur et exceptionnel (...). Nous exerçons un métier d’art et de création, et franchement, nous n’imaginons pas faire autre chose», confie Francesco Bouglione, directeur administratif de l’entreprise familiale depuis 2007, avant de révéler les secrets de la dynastie Bouglione. Car il est difficile de reconstituer l’arbre généalogique de cette famille, dans laquelle la quasi-totalité des membres se prénomment Joseph, Sampion ou Firmin.

 

Vidéo : Numéro du cirque Bouglione

 

 

Naissance de la dynastie

Son histoire remonte au XIX siècle, lorsque l’ancêtre Sampion, drapier à Turin, fait la connaissance d’une jeune dompteuse de fauves. Il quitte l’Italie pour la suivre en France, où le couple monte une ménagerie itinérante, qu’il présente dans diverses fêtes foraines.

Au début des années 1910, son arrière petit-fils Sampion, entouré de ses quatre garçons, propose des numéros de fauves, lesquels remportent rapidement un franc succès en Belgique. A l’époque, les directeurs de cirques sont pour la plupart des maîtres écuyers, et les artistes ne réalisent que des performances équestres. Les Bouglione, eux, jouent la carte de la différence. «Le public attendait autre chose, révèle Francesco Bouglione, il voulait voir des clowns, des tigres et des acrobates, sans filets, qui risquaient leur peau à chaque fois qu’ils étaient sur la piste.»

C’est en 1926 que les Bouglione entrent définitivement dans la légende, grâce à «un fabuleux coup de génie». En effet, Alexandre, fils de Sampion, acquiert un vieux stock d’affiches de la tournée européenne de Buffalo Bill datant du début du siècle. Il lance le Stade Circus Buffalo Bill, s’inspirant du célèbre cow-boy américain symbole de la conquête de l’Ouest. Le spectacle fait mouche, à tel point que les théâtres parisiens signent une pétition exigeant que le spectacle quitte la Capitale. En vain.

Installés porte de Champerret, les Bouglione triomphent. Le 28 octobre 1934, les quatre frères, Joseph, Alexandre, Sampion II et Firmin Bouglione, prennent la direction du Cirque d’Hiver dont ils deviendront, vingt ans plus tard, les heureux propriétaires. «Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, c’est le plus vieux et le plus beau cirque au monde. L’empereur Napoléon III a effectué ici sa première sortie officielle», précise Francesco Bouglione. Ce «temple des arts de la piste» voit passer les plus grands spectacles, comme La perle du Bengale, La princesse saltimbanque, et les plus grands artistes comme Jules Léotard, les Fratellini, Grock et Zavatta.

 

Vidéo : Histoire du Cirque d’Hiver de Paris

 

 

L’héritage du cirque traditionnel

Après avoir concédé la direction du cirque aux Allemands pendant l’Occupation, la famille Bouglione reprend les rênes de l’entreprise en mars 1941. Une nouvelle génération s’ajoute à la lignée des Bouglione avec la venue de Firmin II, Emilien, Sampion III et Joseph II.

Peu soutenus par la mairie de Paris, les Bouglione ferment le cirque à partir des années 1980, pendant près de vingt ans. Ils partent aux quatre coins du monde à la recherche de nouvelles techniques et de nouveaux talents. A leur retour, en 2000, la jeune génération demande «une période d’essai» aux anciens pour remonter un spectacle à Paris. «Si dans deux ans, cela ne fonctionne pas, nous continuerons l’événementiel mais arrêterons le cirque, ont-ils dit», précise Francesco Bouglione. Mais le succès est au rendez-vous.

Chez les Bouglione, on s’est fixé une règle : ne jamais forcer les jeunes pour ne pas les dégoûter. Certains commencent par effectuer les tâches les plus ingrates avant de prétendre intégrer les cours de jonglage et les jeux scéniques sous le chapiteau. D’autres choisissent, à l’instar de Francesco Bouglione, de rester dans l’ombre pour orchestrer d’une main de maître cette grande entreprise bien rodée.

De plus en plus d’adolescents, de jeunes couples sans enfant, de spectateurs venus d’Angleterre et des Etats-Unis assistent aux représentations qui ne cessent d’évoluer. Avec des places allant de 10 à 40 euros, le cirque reste l’un des spectacles les moins chers, ouvert à tous. «Nous préférons organiser plus de dates, quitte à prendre des risques, pour ne pas perdre l’âme du cirque», explique le directeur administratif. «Nous recevons des témoignages touchants de personnes qui, en sortant de nos spectacles, ont oublié pendant un temps leurs soucis quotidiens. Rien que pour cela, les Bouglione veulent continuer l’aventure.»

 

Informations : http://www.cirquedhiver.com/

 

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