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Poing levé au JO de 1968 : « jamais je n’ai regretté mon geste »

Tommie Smith et John Carlos au JO de Mexico en 1968 [Capture d'écran Youtube]

Son poing ganté et levé sur le podium du 200 m des Jeux olympiques de 1968 à Mexico est resté graver dans toutes les mémoires. Le 16 octobre 1968, lors des J.O. de Mexico, Tommie Smith devient champion olympique du 200m. Exploit sportif, mais surtout révolte politique. Avec son compatriote John Carlos, Smith va, sur le podium, « rappeler ses principes d’égalité à l’Amérique », le poing levé et ganté, la tête basse. Par ce geste digne et silencieux, Tommie Smith, a changé le regard du monde.

 

Archives – Article publié le lundi 30 juin 2008

 

« Quand j’étais étudiant, j’ai créé avec des amis une organisation qui s’appelait le PODH (projet olympique pour les droits de l’homme), dont je suis devenu naturellement le porte-parole, étant athlète et disposant d’une visibilité à portée internationale. Le but de cette organisation consistait à soulever tous les problèmes d’ordre racial, social, liés à la condition des Américains noirs, entre autres. Notre association prônait simplement l’égalité. Pendant plus d’un an avant les JO, nous nous sommes réunis afin de réfléchir ensemble à l’action à mener. Le boycottage? L’idée fut abordée. Mais étant donné le mal que je m’étais donné pour en arriver là, nous avons opté pour une autre solution. Laquelle ? Nous n’en savions rien. Je n’avais qu’une certitude, c’est que l’option choisie passerait forcément par un sacrifice. Le mien.

 

Vidéo : Tommie Smith remporte le 200m

 

 

Arrivé à Mexico, la veille de la course, je ne sais toujours pas quoi faire pour exprimer nos convictions. Je sais seulement que l’action doit être visible, respectueuse et silencieuse, comme toutes les entreprises de Martin Luther King, que j’avais entendu en 1963 en Géorgie, et qui fut mon modèle durant toute mon existence. En prenant le départ du 200 m, je veux gagner la course non pas pour le titre, mais pour avoir l’occasion de faire un geste fort. C’est cette motivation qui m’envoie sur la plus haute marche du podium.

Quelques minutes avant de gravir l’estrade, je patiente avec l’Australien Peter Norman, médaillé d’argent, et mon compatriote américain John Carlos, troisième. C’est en voyant une paire de gants noirs dépasser de mon sac que je sais : lever mon poing ganté en signe de puissance, la tête baissée pour prier, et sans chaussures, symbole de la pauvreté des Noirs américains. Je vais immédiatement voir John Carlos, auquel j’explique ma démarche. «Fais ce qu’il te semble bon», me répond-il. Je lui explique que je ne mettrais qu’un seul gant, et lui demande s’il veut porter l’autre, sans lui dire de faire ce que j’allais accomplir. John prend le gant, au moment où nous nous avançons vers le podium.

 

Vidéo : Tommie Smith et John Carlos, le poing ganté lors des JO 1968

 

 

Lorsque je brandis mon poing vers le ciel, j’ignore si John fait comme moi, puisque je suis devant lui. Ce n’est qu’après que je vois les images. Et si nous ne levons pas la même main, c’est parce que les gants sont issus de la même paire ! Pendant l’hymne américain, je suis en prière, seul, replié sur moi-même. Mais après, je suis obligé de me tourner vers le public. Je réalise subitement la portée de mon geste silencieux. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Je viens de faire ce que personne ne veut voir. Je sais que je vais avoir de gros problèmes ! Et ils arrivent très vite. Instantanément, je suis rejeté par le Comité international olympique, dont le président, Avery Brundage, est américain ! Je rentre chez moi, au Texas, en sachant que ma vie d’athlète est derrière moi. Je viens d’avoir 24 ans. Les menaces de mort inondent ma boîte aux lettres, mais jamais je n’ai regretté mon geste. Il aura, à son niveau, changé le monde

 

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