En direct
A suivre

Lalique, le cristal dans tous ses états

Les 3F sont les thèmes récurrents de la maison Lalique : la femme, la faune et la flore. Le Pectoral à la libellule est un de ses bijoux les plus célèbres [CC/Trishhhh]

A la charnière de l’Art nouveau et de l’Art déco, les créations de René Lalique ont révolutionné en leur temps l’art du bijou et du travail du verre. En développant des techniques inédites, en créant de nouvelles alliances de matières et en devançant les goûts de ses contemporains, le créateur de la marque Lalique inspire toujours les collections de la célèbre maison de luxe.

 

Archives – Article publié le lundi 9 juin 2008

 

En 1900, René Lalique a 40 ans et l’Exposition universelle de Paris le consacre comme le nouveau grand maître de l’esthétisme. Ses bijoux, ses orfèvreries, mais aussi ses sculptures, ses objets d’art, ses tentures, ses broderies, ses papiers gaufrés et tous les objets sur lesquels il a travaillé obtiennent un succès retentissant.

 

L’école de la nature

Lorsque l’artiste naît en Champagne, dans la petite ville d’Ay, lentement un nouvel art émerge, une nouvelle mode, qu’on appellera l’art moderne. Le jeune René Lalique est d’une curiosité insatiable. Il observe la nature dans ses moindres détails, s’imprègne de toutes les possibilités décoratives de la faune et de la flore. Il flâne des heures à la découverte des insectes. Papillons, phalènes, libellules, guêpes, scarabées et sauterelles seront magnifiés dans ses créations.

A 16 ans, il commence son apprentissage avec un joaillier parisien, et lance en 1885 sa propre joaillerie. Dans ces bijoux s’exprime tout un monde végétal et animal, aquatique et terrestre. Tout en gardant les sources d’inspiration de l’Art nouveau, il innove en travaillant des matériaux peu usités en bijouterie à cette époque : le verre, l’émail, le cuir, la corne, la nacre et les pierres semi-précieuses plutôt que les pierres précieuses.

 

Bijoux Lalique [CC/Trishhhh]

 

La consécration

Il devient un «bijoutier poète» renommé, favori de Sarah Bernhardt, pour qui il crée de magnifiques et extravagantes parures de scène. Il est copié par ses confrères, loué par de nombreuses personnes qui se déplacent pour admirer ses créations. Véritable artisan bouleversant les traditions et engagé dans la révolution esthétique de la fin du XIXe siècle, René Lalique est l’«inventeur du bijou moderne», selon Emile Gallé. Les collectionneurs, les cours d’Europe, les musées du monde entier lui achètent des œuvres. Tous les esprits les plus novateurs veulent un Lalique. Il participe aux grandes expositions internationales en Europe et aux Etats-Unis. L’apothéose a lieu à Paris en 1900, quand il est proclamé «chef d’école» de l’Art nouveau.

 

Collier Lalique [CC/istolethetv]

 

L’artiste verrier

Audacieux comme personne ne l’avait jamais été en joaillerie, René Lalique a pu se familiariser avec les techniques du verre et de l’émail. Il commence à concevoir, dès 1895, des flacons de parfum en verre, et sera ainsi le premier à imaginer la commercialisation de cet emblème du luxe et du raffinement dans un emballage tout aussi splendide.

Pour la première fois, ces objets vont pouvoir être produits en séries importantes, et donc être accessibles à un nombre croissant de personnes. En 1913, il achète la verrerie de Combs-la-Ville (en Seine-et-Marne) qu’il louait depuis déjà quatre ans, et donne une place de plus en plus importante au verre dans toutes ses créations. L’artiste verrier est . Son génie créateur s’exprime dans les effets de transparence et de reflet, dans l’opalescence et le satiné de ce nouveau matériau.

Ses premières réalisations monumentales en verre datent de 1902, lors de la construction de son immeuble du 40, cours Albert 1er à Paris. L’une des pièces maîtresses du décor est la porte principale, composée de dalles de verre sculptées de branches de sapin. On peut encore l’admirer aujourd’hui. Son talent reconnu, il réalise des panneaux muraux pour des grands magasins, à Paris et à New York. Il participe à la décoration du paquebot Ile de France.

 

Vidéo : René Lalique, l’homme de verre

 

 

Un artiste complet

En 1925, pour l’exposition des Arts décoratifs à Paris, il réalise, outre son propre pavillon, le décor d’une salle à manger où l’on peut admirer non seulement une table, des chandeliers et un service de verres sortis de ses ateliers, mais encore un plafond lumineux à caissons entièrement en verre. René Lalique aura aussi l’audace, pour l’époque, d’utiliser le corps féminin comme élément d’ornementation, suivant l’exemple oublié des artistes de la Renaissance.

Symbole des Années folles, l’automobile fit appel au talent de René Lalique pour orner les calandres de ses étonnants véhicules sortis des usines Delage, Hispano-Suiza, Bentley ou Rolls-Royce. En 1925, André Citroën commande à l’artiste verrier un bouchon de radiateur pour le lancement de sa fameuse 5 CV. Le créateur imagine une mascotte représentant les silhouettes superposées de cinq chevaux se cabrant.

Le style Lalique est reconnaissable au modelage manuel des pièces, à la richesse du décor figuratif et aux finitions. Le contraste cristal transparent/cristal satiné deviendra une des particularités de ses produits. Les lignes peuvent être géométriques, mais elles sont toujours adoucies de sculptures de végétaux, d’animaux ou de femmes de conception très naturaliste.

Aujourd’hui, la manufacture Lalique, installée en Alsace depuis 1921, perpétue ce savoir-faire avec sept meilleurs ouvriers de France parmi ses artistes.

 

La cristallerie Lalique veut rayonner dans le luxe

Courtin-Clarins : « On ne peut pas faire du luxe sans protéger la nature »

Des bijoux de légende aux enchères

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités