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Denzel Washington, le professionnel

Denzel Washington en 2013[Capture d'écran Youtube]

En plus de trente ans de carrière, Denzel Washington est reconnu aujourd’hui comme l’un des comédiens les plus réputés du cinéma contemporain. Du rôle de Steve Biko, combattant pour la liberté des personnes noires en Afrique du Sud dans Cry Freedom (1987), au garde du corps de la petite Pita Ramos dans Man On Fire (2003) en passant par son interprétation du sergent chef Alonzo Harris dans Training Day (2001), l’acteur américain collectionne les rôles emblématiques ou ambivalents. Retour sur une carrière éclectique.

 

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Le comédien est né à Mount Vernon, dans l’Etat de New York. Son père est pasteur. C’est en face de l’école où il était élève que Martin Scorsese a tourné Taxi Driver quelques années plus tard. Après de furtives études de médecine, puis de journalisme, il prend vite goût à l’art dramatique grâce à la troupe de son université, la Fordham University et il décide de suivre des cours d’art dramatique sur la côte Ouest, à l’American Conservatory Theatre de San Francisco. 1977 est une année majeure pour la vie et la carrière de l’acteur. Il s’unit à Pauletta Pearson, toujours à ses côtés trois décennies plus tard, et fait ses premières armes de comédien dans des téléfilms.

Bien qu’il apparaît quelques instants dans le rôle d’un voyou dans Un Justicier dans la ville (Michael Winner, 1974) avec Charles Bronson, Denzel Washington débute réellement dans Carbon Copy (Michael Shultz, 1981). Au cours des années 1980, sa notoriété demeure confidentielle et obtient quelques rôles mineurs, notamment dans Les coulisses du pouvoir (Sydney Lumet, 1986). Il incarne, deux ans plus tard, le leader sud-africain anti-apartheid Steve Biko, dans le film Cry Freedom  de Richard Attenborough, le réalisateur de Gandhi. Sa prestation lui vaut une nomination aux oscars dans la catégorie meilleur second rôle.

 

Vidéo : Denzel Washington dans Cry Freedom

 

 

Consécration

Puis sa popularité explose en 1989 avec Glory, fresque bouleversante qui retrace l’engagement des soldats noirs américains contre les armées confédérées durant la guerre de Sécession. Premier succès, premier oscar. Les années 1990 s’ouvrent ainsi sous les meilleures auspices pour l’acteur, d’auteur que sur le tournage de Mo’Better Blues, il fait la connaissance d’un de ses réalisateurs fétiches : Spike Lee, avec lequel il tournera cinq films, jusqu’à Inside Man en 2006. Le réalisateur lui offre à chaque film des rôles forts et engagés, dont celui de Malcolm, le leader du mouvement noir américain Nation of Islam et militant des droits de l’homme, dans Malcolm X (1992). C’est un rôle que Washington connaît, lui qui l’avait déjà interprété dans la pièce When the Chickens Come Home to Roost. L’acteur reçoit pour son interprétation l’ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale de 1993. Le film est un succès et sa performance saluée par une nomination à l’oscar.

 

Vidéo : Bande-annonce de Malcolm X

 

 

Depuis les années 1990, son jeu performant et son charisme le portent à l’affiche des plus gros blockbusters américains. Dans Philadelphia, film culte sorti en 1993, Denzel Washington joue un avocat qui défend un collègue licencié pour avoir contracté le sida. Tom Hanks décroche l’oscar et Denzel Washington devient l’acteur noir le plus puissant et demandé d’Hollywood, devant Eddie Murphy.

La même année, il joue aux côtés de Julia Robert dans L’Affaire Pélican, réalisé par Alan Pakula (Les Hommes du Président). Denzel Washington y incarne Gray Grantham, un journaliste du Washington Post qui enquête sur le meurtre mystérieux de deux magistrats de la Cour suprême américaine. De son côté, Darby Shaw (Julia Roberts), étudiante en droit, établit un dossier accablant sur la même affaire, suscitant l’inquiétude des plus hautes autorités du pays.

Sur le tournage dUSS Alabama en 1995, un thriller qui se déroule dans un sous-marin, l’acteur rencontre le réalisateur Tony Scott. Le duo devient inséparable, fera quatre autres films ensemble (Man on Fire, Déjà vu, L’attaque du métro 123, Unstoppable) et imposera Denzel comme un «action man».

 

Vidéo : Bande-annonce de Philadelphia

 

 

Le professionnel

Nominé à plusieurs reprises pour le Golden Globe et l’oscar du meilleur acteur, et lauréat de l’oscar du meilleur second rôle pour Glory  en 1990, Denzel Washington obtient la statuette du meilleur acteur en 2002, pour sa prestation dans le film d’Antoine Fuqua, Training Day . Il y campe un flic ripou, vétéran de la lutte antidrogue, qui met à l’épreuve pendant vingt-quatre heures une jeune recrue de la police. Un rôle de composition pour l’acteur, peu habitué à jouer les bad boys à l’écran. Il est le second Afro-Américain à l’obtenir, après Sidney Poitier pour Le lys des champs, en 1963.

 

Vidéo : Denzel Washington dans Training Day

 

 

Par la suite, il s’illustre surtout dans des films d’actions et des thrillers, notamment dans Man on Fire de Tony Scott et dans American Gangster, réalisé par Ridley Scott où il tient parmi ses rôles les plus marquants. American Gangster raconte l’histoire vraie de Frank Lucas, une des figures les plus connues de la criminalité new-yorkaise des années soixante-dix, qui avaient mis au point les stratagèmes les plus variés pour acheminer la drogue. Le plus original de ces moyens, sinon le plus sordide, fut de dissimuler les tonnes d’héroïne dans les cercueils des soldats tués au Vietnam. Denzel Washington est impeccable en Frank Lucas, avec lequel il a collaboré pour préparer son rôle. Selon les aveux du comédien, l’ex-parrain new-yorkais a été « sa plus grande source d’inspiration ».

 

Vidéo : Bande-annonce d’American Gangster

 

 

Dans Le Livre d’Eli (2010) où Denzel Washington incarne Eli, un voyageur solitaire poursuivant sa mission dans un monde apocalyptique, contre voleurs et assassins pour « sauver le futur ». « Au-delà de l’action et du suspense, Denzel a très bien saisi l’âme du film. Son interprétation donne envie de marcher avec lui, d’aider Eli à surmonter les obstacles et à accomplir sa quête », observait l’un des producteurs du film, Broderick Johnson. Cette course du bien contre le mal a tellement fasciné Denzel Washington qu’il a rapidement décidé de participer à la production de ce long métrage. Pour interpréter ce rôle, le comédien s’est immergé dans le monde des arts martiaux, qu’il connaît bien, travaillant ses coups et ses prises. En 1999, il s’était déjà entraîné durant un an avec le boxeur professionnel Terry Claybon, afin de se mettre dans la peau du champion de boxe Rubin « Hurricane » Carter, dans Hurricane Carter, de Norman Jewison (2000). L’acteur n’a jamais cessé de pratiquer la boxe depuis, pour maintenir sa forme... Cette fois, c’est aux côtés du célèbre expert et professeur d’arts martiaux Dan Inosanto, ancien élève de Bruce Lee, que Denzel Washington a peaufiné son image de guerrier. Aujourd’hui à l’affiche du Livre d’Eli, d’ Allen et Albert Hugues, et du film de Tony Scott, L’attaque du métro 123 (2009), le comédien déroule le fil d’une carrière sans accroc.

 

Par-delà les justes causes

Denzel Washington tourne entre deux et trois films par an et devient l’un des comédiens les plus «bankables» (rentables) d’Hollywood.  Après vingt-cinq ans de carrière, il passe derrière la caméra en 2002 pour réaliser Antwone Fisher, l’histoire vraie d’un jeune marine noir pris d’excès de violence et forcé de consulter un thérapeute. L’essai est saluée par la critique. Sa deuxième réalisation, The Great Debaters (2007), est inédite en France. Comme il l’expliquait récemment dans une interview sur Canal +, le comédien « cherche à varier les plaisirs ». Producteur actif, Denzel Washington reste enfin proche du théâtre, premier amour qui l’entraîne sur les planches de Broadway en 2005, pour jouer Marcus Brutus dans Jules César, salué par le public et la critique.

 

Vidéo : Bande-annonce d’Antowne Fisher

 

 

Alors que l’industrie de l’«entertainment» ne laisse qu’une place réduite aux Afro-Américains, le comédien s’impose – à l’instar d’un Morgan Freeman – comme l’un des meilleurs de sa génération. Et s’il ne refuse pas de tourner dans des films qui retracent le combat contre la discrimination (Glory, Malcolm X), il rend le plus grand service à la cause noire en élevant son talent à mille coudées au-dessus de sa couleur de peau. La preuve : il est aussi merveilleux que convaincant dans le rôle d’un aristocrate ibère, Don Pedro, prince d’Aragon, dans Beaucoup de bruit pour rien (1993), inspiré de la pièce de William Shakespeare, réalisé par Kenneth Branagh. Aujourd’hui, le public vient applaudir Denzel Washington pour saluer la qualité de son jeu, l’épaisseur psychologique de ses rôles, l’humanité de ses personnages ou, plus prosaïquement, sa stature et son élégance.

Difficile d’alimenter le portrait de Denzel Washington en rumeurs ou frasques variées. Le comédien a fait de la discrétion une règle personnelle à laquelle il se tient scrupuleusement. « Je ne suis pas une star de cinéma, mais un acteur avant tout », confiait-il dans une interview récente, résumant ainsi trois de ses principales qualités : professionnalisme, discrétion et sobriété.

 

Filmographie

 

1974 Il débute au cinéma dans Un Justicier dans la ville (Michael Winner) avec Charles Bronson.

1985 Les coulisses du pouvoir (Sidney Lumet)

1989 Glory (Edward Zwick). Il reçoit pour ce film l’oscar du meilleur second rôle masculin

1993 Malcolm X (Spike Lee)

1993 L’affaire Pélican (Alan Pakula)

1993 Philadelphia (Jonathan Demme)

1995 USS Alabama (Tony Scott)

1996 A l’épreuve du feu (Edward Zwick)

1998 Couvre-feu (Edward Zwick)

1999 Hurricane Carter (Norman Jewinson)

2001 Training Day (Antoine Fuqua)

2006 Inside Man (Spike Lee)

2006 Déjà vu (Tony Scott)

2007 American Gangster (Ridley Scott)

2012 Flight (Robert Zemeckis). Il obtient pour ce film sa quatrième nomination à l’Oscar du meilleur acteur.

 

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