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Julien Clerc : « Une bonne chanson peut subir tous les arrangements du monde »

Julien Clerc en 2000[Capture d'écran Youtube]

Trois ans après l’album Double enfance, Julien Clerc a sorti en 2008 son 21e album, Où s’en vont les avions ?. Directsoir a rencontré l’interprète de « Ma préférence » et de « Femmes je vous aime » dans un café du VIe  arrondissement de Paris.

 

Archive – article publié le lundi 15 septembre 2008

 

Comment appréhendez-vous la sortie de ce nouvel album?

Julien Clerc : Je ne me suis jamais tellement intéressé aux ventes. Quand les résultats sont bons, je suis bien sûr très content. Mais je ne veux pas devenir fou et rester pendu au téléphone en demandant chaque jour quel est le nombre de disques vendus. Je suis déjà assez inquiet comme ça dans ma vie... Mais je suis satisfait car jamais une de mes chansons (« La jupe en laine », premier extrait de l’album) n’a été diffusée si vite sur toutes les radios. C’est plutôt bon signe.

 

Pourquoi avoir intitulé ce nouvel album Où s’en vont les avions?

J. C. : J’aime assez l’idée que l’album commence par une question que tout le monde se pose un jour ou l’autre dans sa vie. Les petits comme les grands. De plus, Où s’en vont les avions? se termine par une berceuse pour enfants, mais aussi pour adultes. C’est la raison pour laquelle Maxime (Le Forestier) l’a écrite pour tout le monde : à l’impératif et à la deuxième per- sonne du pluriel. Je tenais beaucoup à avoir une berceuse dans cet album.

 

Benjamin Biolay a assuré la production de ce nouvel opus. Pourquoi votre choix s’est-il porté vers ce chanteur et musicien atypique ?

J. C. : Je suis son travail depuis longtemps mais c’est à l’écoute de son dernier album, Trash Yéyé, que j’ai vraiment voulu travailler avec lui. Il a accepté de suite. Je ne savais pas qu’il faisait autant de production. Ses arrangements fournis et électriques m’ont plu. Le travail en binôme avec Bénédicte Schmitt, coproductrice, a été également essentiel dans la réalisation du disque. Quand Benjamin est venu à la maison la première fois pour un «concert privé», j’étais déjà très avancé dans l’écriture de l’album. Je savais que je ne garderais que douze titres, car il faut un équilibre. Il m’est insupportable d’écouter des titres de plus de quatre minutes sur un album.

 

Vidéo : « Ma Préférence » (1978)

 

 

Vous vous êtes remis au piano, votre instrument de prédilection...

J. C. : C’est Benjamin qui a souhaité intégrer le piano. Et j’ai bien sûr accepté, parce que j’écoute toujours ce que me dit mon producteur ! (rires) J’ai souvent eu des doutes concernant mon jeu au piano, alors que je n’en ai jamais eus sur ma voix. Comme beaucoup d’enfants, j’ai découvert le piano à l’âge de 6 ans puis j’ai arrêté. Je m’y suis remis vers 17 ans. J’essayais de reproduire à l’oreille la musique que j’aimais écouter, comme Bob Dylan ou les Beatles. Pour cet album, j’ai dû me concentrer sur l’instrument plus que sur ma voix.

 

Parmi les artistes qui ont participé à cette aventure, Carla Bruni-Sarkozy a écrit le texte Déranger les pierres. A quand remonte votre première collaboration ?

J. C. : Nous avons travaillé ensemble pour l’album Si j’étais elle (2000). Elle débutait comme auteur et m’a composé six chansons. Elle a pour habitude de présenter ses textes à Bertrand de Labbey – son agent – avant de me les apporter. Avec lui, elle effectue une phase de réécriture et de restructuration des textes. Carla est un auteur et son travail est vraiment bon.

 

Vidéo : « La jupe en laine » (2008)

 

 

Parmi la liste exhaustive des auteurs qui collaborent avec vous depuis des années (Jean-Loup Dabadie, David McNeil), il en manque un : Etienne Roda- Gil, disparu en 2004.

J. C. : Etienne est irremplaçable. Je l’ai rencontré quand j’avais 19 ou 20 ans. Nous avons écrit ensemble tout ce que nous avions à dire les quinze premières années. Il présentait toujours des choses qui ne ressemblaient à rien d’autre. Il s’occupait des biographies et choisissait les pochettes des albums. Mais il y a toujours Maxime (Le Forestier). Nous entretenons une relation très fraternelle. Nous ne sommes pas toujours d’accord concernant la production, mais l’important est qu’ensemble, nous créons de bonnes chansons (« Restons amants »). Je suis toujours très exigeant avec les personnes qui travaillent à mes côtés. Car c’est à moi d’interpréter et de vivre les chansons. Souvent le public pense que je suis à l’origine des textes.

 

N’avez-vous jamais eu envie d’écrire vos propres chansons ?

J. C. : Je n’ai pas ce talent, ni même cette tournure d’esprit. Si je devais écrire, ce ne serait pas des chansons, ni mes mémoires. C’est beaucoup trop intime et personnel. J’ai proposé un texte à Marc Lavoine, Isabelle Boulay et Enzo Enzo. Je n’écris pas trop pour les autres car j’essaie d’en garder un maximum sous la pédale (rires). C’est idiot, je sais. Mais j’ai toujours peur de ne plus avoir d’inspiration pour mes propres créations.

 

Vidéo : « Femmes je vous aime » (1982)

 

 

Et que pensez-vous des artistes qui reprennent vos chansons ?

J. C. : C’est un honneur ! Une bonne chanson peut subir tous les arrangements du monde.

 

Comment expliquez-vous votre longévité dans une industrie du disque aujourd’hui en crise ?

J. C. : Un style particulier, un peu atypique. J’essaie d’être un artiste libre et populaire. Je suis toujours resté sur un chemin en parallèle des autres. Je ne plais pas forcément autant que d’autres artistes mais tout cela est compensé par une carrière d’homme de scène. J’essaie de chanter et de faire de bonnes chansons depuis quarante ans. Je suis toujours en train de travailler et je reste persuadé que l’on peut toujours progresser. J’ai eu de la chance d’arriver là où je suis. Peu d’artistes peuvent espérer faire une carrière de quarante ans. J’ai toujours été coaché, entouré et aimé, ce qui m’a donné confiance. Je me suis entouré d’auteurs avec des styles, des plumes et des inspirations musicales différents. Une fois que l’auteur est «estampillé Julien Clerc», je continue à travailler avec lui ! (rires) Je tente cependant d’en avoir un ou deux nouveaux sur chaque album. C’est le cas, cette fois-ci, avec Gérard Manset (les deux artistes ont sorti leur premier 45-tours le même jour, en 1968) ou Gérard Duguet-Grasser, plus habitué au poker, au backgammon et à l’écriture dans les revues «underground» qu’à la chanson.

 

Etes-vous impatient de retrouver la scène en décembre ?

J. C. : Je me projette déjà dans cette tournée, mais je sais que la scène dépendra aussi du succès du disque. Je veux plus de proximité. Nous serons peu nombreux sur scène et allons travailler sur les ambiances sonores. Bien entendu, je vais aussi interpréter d’anciens titres. Une façon de redessiner quarante ans de chansons.

 

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