A la fois témoin et acteur du XXe siècle, Pierre Schoendoerffer était la mémoire des perdants et des sacrifiés. Le cinéaste et écrivain, décédé le mercredi 14 mars 2012, à l’âge de 83 ans, à l’hôpital militaire Percy de Clamart, a sillonné le globe toute sa vie pour rendre compte de ses soubresauts.
Archive – article publié le jeudi 15 mars 2012
Dès le départ, l’aventure avait été son moteur. A 17 ans, il s’était ainsi engagé sur un chalutier suédois avant de rejoindre l’armée française en tant que caméraman. En mai 1954, il avait filmé la guerre d’Indochine au plus près, avant d’être fait prisonnier à Dien Bien Phu dans un camp vietminh, d’où il sera libéré trois mois plus tard. Une expérience douloureuse qui hantera sa vie et son œuvre, marquée par les luttes d’indépendance dans les anciennes colonies françaises. A commencer par son premier roman, La 317e section, écrit en 1963 et porté sur grand écran deux ans plus tard avec Bruno Cremer et Jacques Perrin. L’un des plus grands films de guerre de l’histoire.
Vidéo : extrait de La 317e Section
A l’origine d’«Apocalypse Now»
Artisan exigeant, il décrivait, à ses débuts, le milieu du cinéma comme «un château de Kafka». Un jugement sévère qui ne l’a pas empêché d’être reconnu par ses pairs. La section Anderson, sur le conflit vietnamien vu du côté des Américains, a ainsi décroché l’oscar du meilleur documentaire en 1965. Et son roman L’adieu au roi (1969) a quant à lui servi de source d’inspiration à Hollywood. Francis Ford Coppola en a tiré le mythique Apocalypse Now. •
Vidéo : Dien Bien Phu de Pierre Schoendoerffer
Chronologie
1928 : naissance à Chamalières (Puy-de-Dôme).
1954 : prisonnier à Dien Bien Phu, en Indochine.
1965 : prix du meilleur scénario à Cannes pour La 317e section.
1968 : oscar du meilleur documentaire pour La section Anderson.
1977 : réalise Le Crabe-Tambour.
1982 : L’honneur d’un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia.
1992 : sortie de l’ambitieux Dien Bien Phu.
2001 : président de l’Académie des beaux-arts.
Le cinéma et la guerre, une longue histoire d’amour
Alain Corneau, noir c’est noir