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Cate Blanchett : discrète, mais impressionnante

Cate Blanchett en 2007 lors de la présentation du film The Good German de Steven Soderbergh[CC/Siebbi]

Découverte et applaudie en 1998 par les critiques du monde entier dans Elizabeth, où elle tenait son premier rôle principal au cinéma, Cate Blanchett nous est devenue plus familière. De Peter Jackson à Steven Spielberg en passant par David Fincher, Steven Soderbergh, Ridley Scott ou encore Martin Scorsese, Woody Allen et Jim Jarmusch, elle a joué avec les plus grands réalisateurs. Avec son visage étrange, ni beau ni laid, Cate ne possède aucun des standards physiques des poupées d’Hollywood.

 

Archive – Article publié le mercredi 29 août 2007

 

L’actrice est née à Melbourne en 1969, d’une mère australienne et d’un père texan. Celui-ci décède alors qu’elle n’a que 10 ans. Par excès de romantisme, elle revendique des liens de parenté avec l’aviateur français Louis Blériot, le premier pilote à avoir accompli la traversée de la Manche. La jeune fille se plaît à monter sur les planches dans le cadre de sa très stricte école religieuse.

Etudiante en économie et aux beaux-arts à l’université de Melbourne, elle décide finalement de tout abandonner pour découvrir le monde. D’abord l’Angleterre, puis l’Egypte où, à court d’argent, elle fait de la figuration dans un film. Pour sa première apparition au cinéma, à 18 ans au Caire, elle est noyée parmi une foule de figurants, et son visage n’apparaît que furtivement à l’écran.

 

Vidéo : première apparition de Cate Blanchett au cinéma dans Kaboria (Khairy Beshara, 1990)

 

 

Les grands classiques du théâtre

De retour à Melbourne en 1992, la jeune femme entre à la prestigieuse Australia’s National Institute of Dramatic Arts, d’où elle ressort diplômée. Cate rejoint rapidement la Sydney Theatre Company, où elle s’illustre dans certaines pièces à succès. Ainsi dans Oleanna, où elle fait face à l’illustre Geoffrey Rush qui deviendra dix ans plus tard l’inquiétant Barbarossa aux côtés de Johnny Depp dans la saga des Pirates des Caraïbes. La discipline du théâtre lui fournit ses meilleures armes pour passer devant la caméra.

Elle tirera de ces années sur les planches une analyse réelle du milieu du cinéma, qui lui ouvrira grandes ouvertes ses portes quelques années plus tard : « L’industrie du film peut se prendre terriblement au sérieux et il y a une sorte de polissonnerie à jouer au théâtre. Lui seul peut donner un sentiment de longévité à une carrière ». Cette passion pour les planches l’auréole déjà de la légitimité des grandes actrices. Elle a joué Ophélie dans Hamlet, Nina dans La mouette ou encore Miranda dans La tempête. Elle est la première à recevoir la même année les titres de «meilleure révélation théâtrale» et «meilleure actrice».

 

Vidéo : Cate Blanchett joue dans Oncle Vania de Tchekov – en anglais

 

 

Révélée par Elizabeth

Pourtant, en 1997, elle est appelée par le cinéma. D’abord remarquée dans Paradise Road (Bruce Beresford, 1997) aux Etats-Unis, aux côtés de Glenn Close, elle tient ensuite la vedette dans deux films australiens et se voit récompensée dans son pays par l’Australian Film Institute Award et le Sydney Film Critic Awards du meilleur second rôle.

En 1998, Elizabeth sera le premier film de Cate Blanchett à traverser les frontières. Elle y incarne une reine Elizabeth, la première, à la fois fragile et terriblement moderne, sèche à se briser mais résolument terrestre. La raide intransigeance de son personnage lui permet d’exploiter les différentes facettes de son physique. Et cette fragilité de porcelaine, propre aux héros du XVIe siècle, correspond exactement au visage diaphane de l’actrice. Qui, mieux que Cate Blanchett, aurait pu rendre crédible et vivante l’histoire d’une femme qui devient reine, et qui peu à peu, en voulant se protéger des menaces propres à sa fonction, en vient à renoncer à son identité même de femme ? Cette performance, de très haute volée, est saluée dans le monde entier et récompensée par le Golden Globe de la meilleure actrice et par une nomination aux oscars.

 

Vidéo : Cate Blanchett dans Elizabeth (Shekhar Kapur, 1998)

 

 

Des rôles de femmes précieuses

Depuis, réclamée à cor et à cri par Hollywood, l’actrice se permet de prendre son temps, de choisir et de se faire plaisir. Elle persévère dans les films à costumes et les rôles de jeunes femmes précieuses et enrubannées, à l’image de ses personnages dans Un mari idéal puis dans Le talentueux M. Ripley où elle incarne l’exubérante Meredith Logue. Elle donne ensuite la réplique à Christina Ricci dans The Man Who Cried, où elle incarne Lola, une ambitieuse danseuse russe prise dans le tourbillon de l’Europe d’avant-guerre, avant de mener une enquête sur la disparition d’une femme grâce à ses dons d’extra- lucide dans le thriller surnaturel Intuitions. Elle a depuis tourné dans Heaven à Prague, puis aux côtés de Kevin Spacey dans Terre-Neuve.

 

Vidéo : Voix de Cate Blanchett au début du Seigneur des anneaux (Peter Jackson, 2001)

 

 

Une voix unique

On la retrouve aussi dans Bandits, où elle est une kidnappée volontaire par le duo de choc Bruce Willis/Billy Bob Thornton, et en reine des elfes pour son rôle de Galadriel dans le fantastique triptyque réalisé par Peter Jackson, Le seigneur des anneaux, dont elle sera de tous les épisodes. Au cœur des elfes, des orques et des rois, c’est elle qui, dès les premières secondes, s’impose par son timbre de voix unique, sonnant les trois coups qui ouvrent majestueusement la saga. Les oreilles pointues de la reine Galadriel lui vont comme un gant, et elle les rend presque séduisantes. Grâce au théâtre, Cate Blanchett a pris l’habitude de faire naître un monde vivant sur les planches, au même titre qu’une histoire entière dans quelques fibres de cheveux, un regard glacial, un sourire énigmatique ou une simple parure. Autour, plus rien ne compte que sa fine chair qui existe, tremble et résonne à chaque frémissement de ses personnages.

 

Vidéo : Cate Blanchett dans Le Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001)

 

 

Fervente Veronica Guerin

Tous les genres réussissent à cette comédienne ultradouée à tel point que les titres de ses films se limitent parfois à la simple incarnation de ses personnages : Elizabeth, Charlotte Gray (2001), Veronica Guerin (2002). Pour ce dernier, inspiré par des faits réels, elle tourne pour la première fois sous la direction de Joel Schumacher et incarne l’histoire tragique d’une journaliste irlandaise passionnée, Veronica Guerin, qui traque les réseaux de drogue à Dublin au milieu des années 1990. Cate Blanchett habite Veronica de toute sa ferveur et porte le film comme peu d’autres actrices auraient été capables de le faire.

 

Vidéo : Cate Blanchett dans Veronica Guerin (Joel Schumacher, 2002)

                                                                                          

 

L’oscar du meilleur second rôle

Sa participation dans Aviator de Martin Scorsese en 2003 aux côtés de Leonardo DiCaprio lui donne une nouvelle aura. Son interprétation du personnage de Katharine Hepburn sera «multi-récompensé» par l’oscar du meilleur second rôle, le BAFTA Award, le SAG Award, plusieurs prix de la critique et une citation au prix de la Hollywood Foreign Press Association. Pour Cate, une des actrices les plus douées de sa génération, incarner le personnage d’une des plus grandes actrices de l’histoire du cinéma était un vrai défi : «La grande nouveauté étant que j’incarne une Katharine Hepburn jeune mais en couleur à l’écran, alors qu’à cette époque, on ne la voyait qu’en noir et blanc».

 

Vidéo : Cate Blanchett dans Aviator (Martin Scorsese, 2003)

 

 

Sans chercher à lui ressembler physiquement, mais en jouant sur son port altier, sa gestuelle nerveuse, sa manière de parler presque brutale et son timbre de voix, la comédienne s’est véritablement fondue en Hepburn. Elle a suggéré la fragilité des grandes stars qui sont en représentation perpétuelle, qui forcent leur nature sous les projecteurs. Lors de la promotion d’Aviator, Martin Scorsese a avoué qu’il avait repéré Cate Blanchett dans Elizabeth puis dans Intuitions, constatant ensuite avec surprise qu’il s’agissait d’une seule et même personne !

 

Vidéo : Cate Blanchett est Bob Dylan dans I’m not there (Todd Haynes, 2007)

 

 

De Babel à la suite d’Elizabeth

Depuis, Cate Blanchett a été récemment saluée pour son interprétation de Susan dans Babel (Alejandro Gonzalez Inarritu, 2006), aux côtés de Brad Pitt. Elle a depuis retrouvé l’acteur américain dans L’Étrange histoire de Benjamin Button. Au Festival de Venise, on pourra voir l’actrice prendre de façon étonnante les traits de Bob Dylan dans le film I’m Not There, dans lequel six acteurs incarnent le musicien et chanteur à différents stades de sa vie. En 2007 est sortie la suite d’Elizabeth où elle interprète pour la seconde fois la célèbre souveraine d’Angleterre dans The Golden Age de Shekhar Kapur.

En se livrant à des compositions souvent discrètes, mais toujours impressionnantes, en se maintenant à l’écart de la médiatisation, Cate Blanchett atteint le niveau des plus grands artistes, qui arrivent à s’effacer devant leur travail et qui le font paraître naturel et facile.

 

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