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Franck Dubosc, en mode disco

Franck Dubosc[Capture d'écran Youtube]

En 2008 sortait Disco de Fabien Onteniente, avec un Franck Dubosc en roi du dancing à l’aise dans cet univers de paillettes. Affublé d’un invraisemblable brushing, le comédien nous faisait revivre, le temps d’une deuxième collaboration avec le réalisateur après Camping, la folie des années disco, une époque qu’il a bien connue. Le temps d’un pas chassé et de quelques «moulinettes de l’amour», il nous entraîne dans ses souvenirs.

 

Archive – Article publié le mercredi 2 avril 2008

 

Après le succès de Camping (5 millions et demi de spectateurs), Fabien Onteniente revient avec une comédie déjantée, à mi-chemin entre The Full Monty et La fièvre du samedi soir. Franck Dubosc y campe Didier Travolta, un chômeur endetté jusqu’au cou, mais bien décidé à offrir des vacances à son fils loin des docks et des raffineries havraises. Pour cela, il ressort les talonnettes et les vestes à paillettes. Et surtout rappelle les copains, Walter le docker syndicaliste et Neuneuil, reconverti en vendeur chez Darty. L’objectif : reformer le trio qui fit fureur dans les années 1980 au Havre, les Bee Kings, pour remporter la Gin Fizz Académie, du nom du célèbre club disco de l’époque. Pas facile quand on a quarante ans et les muscles un peu rouillés. Heureusement la professeur de danse France Navarre (Emmanuelle Béart) est de retour de New York pour reprendre en main tout ce petit monde. Au menu : leçons de danse classique, cours de disco et jogging intensif.

Un training que les comédiens ont aussi dû s’imposer pour être au point devant les caméras : trois heures de cours par jour. « Jouer en dansant c’était très difficile. Le plus compliqué c’était d’être synchro, de danser en rythme à l’unisson », explique Franck Dubosc. Franck Dubosc et ses acolytes s’en sortent bien : il y a du rythme, le déhanché est bon, la «moulinette de l’amour» (qui fit le succès des Bee Kings) est impeccable. Pour un peu, on se croirait revenu au temps des Bee Gees. Quand on le lui dit, Franck sourit : «Vous savez, le disco c’est comme un dopant. Le temps d’une soirée, on a l’impression d’être un dieu sur la piste de danse!» Le comédien sait de quoi il parle : «Dans mon adolescence, il y a eu une période baba cool et une période disco. Et quand je repense à mon adolescence, c’est la partie disco qui scintille ».

 

Vidéo : Bande-annonce de Disco (Fabien Onteniente, 2008)

 

 

Parenthèse enchantée

«Le disco, c’était l’insouciance, les looks les plus incroyables», raconte le réalisateur, Fabien Onteniente, qui a aussi connu cette époque. «Le film est un hommage à la parenthèse enchantée du samedi soir. Avec Franck, on ne se connaissait pas mais on a vécu la même chose. C’est comme si on avait trouvé un dénominateur commun à nos souvenirs Un peu comme pour les vacances au camping. D’ailleurs l’idée est venue sur le tournage de ce dernier. Dans une des scènes, Franck danse sur une table. A un moment il dit à Fabien : «Tu sais qu’ado, j’avais la pêche et je dansais beaucoup mieux que ça ! » L’œil du réalisateur s’allume : « On a trouvé le thème de notre prochain film !»

Pour coécrire le scénario, Franck a replongé dans ses souvenirs. Il n’a pas eu besoin de se concentrer bien longtemps. A 16 ans, il participait à des concours de danse dans la vraie boîte le Gin Fizz, située sur la rive gauche de Rouen. «On répétait toute la semaine avec deux copains mais on ne gagnait jamais ! » Peu importe, pour Franck Dubosc, ce qui compte c’est d’être ensemble pour partager l’émotion du disco. Quand on lui demande s’il regrette cette époque, le comédien répond que non : «Je ne suis pas d’un naturel nostalgique. Enfin, si je devais avoir de la nostalgie, ce serait plus de mon adolescence... mais comme les deux sont liés...», explique-t-il. Dans son nouveau spectacle, Il était une fois Franck Dubosc, l’humoriste revient sur cette période. Mais pas seulement. «Ça commence dans le ventre de ma mère, jusqu’à mes 84 ans !», précise-t-il. Une longue introspection donc, pour un spectacle qui, il le reconnaît, lui «ressemble un peu plus que les autres».

 

Vidéo : Franck Dubosc dans Disco (Fabien Onteniente, 2008)

 

 

« Il était une fois Franck Dubosc »

Ce spectacle, cela faisait longtemps qu’il y pensait. C’était juste après le premier, en 1998. Mais entretemps il y a une rupture – celle avec Véronique –, qu’il raconte sur scène. Il faudra attendre dix ans pour que Franck reprenne ses écrits, des textes souvent rédigés à ses débuts. « A l’époque j’étais un peu moins vulgaire. Enfin, “vulgaire” dans le bon sens du terme. J’ai vulgarisé la chose pour toucher un public plus large. Là, je serai un peu moins dans la caricature », reconnaît-il.

 «Mesdames et messieurs, je vous présente la vraie veste et la vraie valise avec laquelle je suis arrivé à Paris le 2 octobre 1983. Chaque soir que je jouerai cette phrase, je serai le 2 octobre 1983 ! » déclame-t-il au début du spectacle. Le message est passé. Nous sommes au début des années 1980, Franck Dubosc démarre dans le métier. Il nous parle de ses années de galère et de chômage, de ses premières fois. «Il y aura aussi des choses un peu ensoleillées.» Enfant, Franck rêvait d’être Belmondo. Quand on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard, il répondait toujours «vedette». Vedette de quoi ? Il ne savait pas trop. Acteur, chanteur, cambrioleur... l’important était d’être «dans la lumière, pour qu’on s’intéresse à moi et qu’on m’aime !». Mais voilà, «vedette» ce n’est pas un métier. Franck Dubosc choisit un peu par hasard de devenir acteur.

 

Vidéo : « La première fois », extrait du spectacle Il Était une fois Franck Dubosc

 

 

A 18 ans, il intègre le conservatoire de Rouen où il côtoie Virginie Lemoine et Valérie Lemercier. A cette époque, il n’a pas l’intention de faire rire – «J’ai cru jeune que je n’avais pas la tête pour être comique». Il ne sait toujours pas dans quel registre se situer : «J’étais trop moche pour jouer les beaux et trop beau pour jouer les moches !» Dans les castings, il essaie de faire bonne figure en gommant son accent de banlieue. Mais ça ne passe pas. «J’ai tout fait pour me faire beau, m’habiller, me coiffer, comme on me le demandait. On me disait : “Mais non, il fallait que tu sois comme tu étais avant !”» La tendance était soudain devenue aux «gueules cassées». Et en plus on me disait qu’un acteur doit être sincère.

« Or je ne l’étais pas du tout avec moi-même !» Finalement, il est engagé pour tenir le rôle principal du film A nous les garçons, de Michel Lang. «Les filles me couraient après dans la rue, s’amuse-t- il. Quelques mois après, c’était fini. Ça vous remet les pieds sur terre.» Même topo outre-Manche, où il décroche l’emploi du French lover dans Coronation Street, monument de la télévision anglaise, avec plus de vingt-deux millions de téléspectateurs chaque soir. Mais en France, il demeure un inconnu. Fin de la parenthèse «sois beau et tais-toi». Dans les années 1990, Franck se rend compte qu’il sait faire rire.

 

Vidéo : Franck Dubosc dans A nous les garçons (Michel Lang, 1984)

 

 

Pourquoi pas humoriste ?

Entre-temps, il aura été journaliste pour la chaîne anglaise Channel Four, assistant magicien ou encore professeur d’expression orale pour avocats. Puis un jour, un ami lui demande de faire des stand-up dans son restaurant. « Je me suis dit, tiens, je vais essayer d’être drôle, on va voir ». Franck réalise que c’est ça qu’il veut faire. « C’est dans l’humour que je me suis trouvé le plus vrai. J’avais enfin l’impression d’être sincère, de créer une émotion [...]. Enfin, ça a été le registre de l’humour, mais ça aurait pu être autre chose. Dans la vie, je suis même plutôt sérieux ». Il estime ne pas avoir de talent particulier. «Je n’ai pas de don, j’ai juste appris à être drôle. Le seul talent que j’ai, c’est le travail !» Franck Dubosc, un vrai bosseur...

Franck démarre le stand-up sur un cube en bois d’un mètre carré au fond d’un café du Marais. Très vite, le cube devient trop petit. Les retrouvailles avec son ami Mouss Diouf qu’il a connu à l’adolescence sont déterminantes : «Franck commençait à se faire un nom. Le gros problème, c’est qu’il n’avait pas de salle.» Ce sera la scène du Réservoir. Franck fait salle comble et enchaîne au Théâtre de Dix-Heures puis au Splendid. Son ami Mouss Diouf se souvient : «Il ne se cantonnait pas simplement à jouer son spectacle. Il fallait qu’il appelle les gens, qu’il remplisse la salle. Il était son propre attaché de presse. Etre drôle, trouver l’inspiration et en même temps passer tous ces coups de fil, c’était fou !» Le travail s’avère payant.

 

Vidéo : Petites annonces d’Elie Semoun et Franck Dubosc

 

 

En 1994, sa rencontre avec Elie Semoun lui ouvre les portes du succès grâce à ses apparitions déjantées dans les désormais cultes «petites annonces». Tout va alors très vite. Grâce à ce personnage de séducteur mi-macho mi-mytho, Franck fait fureur et devient un des humoristes préférés des Français. En 1999, il est élu «Révélation de l’année» au festival Juste pour rire de Montréal. L’humoriste lui propose la première partie de son spectacle au Casino de Paris. Au printemps 2002, il fait salle comble au Casino de Paris, à l’Olympia, au Zénith de Paris, puis dans tous les Zénith de France avec son spectacle J’vous ai pas raconté ? Les deux spectacles suivants, Pour toi public et Romantique, seront eux aussi des cartons.

Puis il fait quelques apparitions au cinéma (Recto / verso, Au secours j’ai 30 ans !, Iznogoud) avant de prêter sa voix à un poisson clown dans Le monde de Nemo. Sa rencontre avec le réalisateur Fabien Onteniente va le propulser en tête d’affiche en 2006 avec l’immense succès de Camping, où il interprète Patrick Chirac, un dragueur invétéré sans femme et sans carte bleue. Franck, qui participe à l’écriture du scénario, s’est inspiré de ses propres souvenirs de vacances au camping (il y est allé jusqu’à ses 36 ans)..

 

Vidéo : Bande-annonce de Camping (Fabien Onteniente, 2006)

 

 

« Comme je n’avais pas une tronche de comique, je me suis dit que j’allais m’en moquer, que j’allais aller à l’envers ». Un petit jeu bourré d’autodérision que certains n’ont toujours pas compris. « Je connais des acteurs, des gens du show-biz qui me haïssent, car ils pensent que je suis prétentieux. Ils n’ont pas réalisé que c’était du second degré ! Dans mon dernier spectacle, je laissais les gens applaudir pendant quatre ou cinq minutes. Et après je disais : “C’est normal.” Comment certaines personnes peuvent-elles penser que je suis sérieux quand je dis ça ? » Quand on lui demande comment il se voit dans dix ans, Franck Dubosc se voit plus au cinéma, «car sûrement fatigué de la scène». Et dans vingt ans ? «Je ne sais pas, j’aurai peut- être arrêté, je profiterai de la vie. Vous savez, j’ai découvert que ce métier n’était vraiment pas fait pour moi, il est tellement méchant. Mais ce n’est pas grave, sur moi la méchanceté, ça glisse.»

 

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