En direct
A suivre

The Police, punk et pop

Sting, leader du groupe The Police[CC/Yancho Sabev]

La meilleure idée de cadeau pour fêter le trentième anniversaire de Police, c’est Sting qui l’a eue : rappeler ses anciens camarades de jeu pour une tournée mondiale en 2007.

 

Archive – Article publié le vendredi 28 septembre 2007

 

Quelques jours avant le début de la tournée, en juin 2007, Sting déclarait au magazine musical anglais Rolling Stones : « Tout a commencé quand je me suis posé ces questions : comment surprendre à nouveau ? Comment me surprendre à nouveau ? La surprise est un élément essentiel. Ce qui est sûr, avec l’idée de reformation, c’est que je suis parvenu à surprendre les autres membres du groupe ! » Et pas qu’un peu. Depuis leur séparation officieuse en 1986, The Police n’avait plus jamais interprété les classiques qui ont fait sa renommée. Plus de « De do do do, De da da da » qui résonne dans les stades, « Roxanne » s’est affranchie, et personne n’a plus jamais entendu de « Message in a Bottle ». Si ce n’est sur les ondes. Les titres de The Police, régulièrement programmés par les radios, ont cependant assuré la survie du groupe dans les cœurs.

 

Vidéo : « Roxanne » (1978)

 

 

En 1986, chacun des membres du groupe, Sting le premier, déposait les armes de The Police, pour vivre une carrière de justicier solitaire. Andy Summers, le guitariste, et Stewart Copland, le batteur, sont partis respectivement composer pour le cinéma et taper les tambours dans d’autres formations. D’aucuns diront qu’ils ont plongé dans l’anonymat.

Sting, en revanche, va poursuivre en solo une carrière aussi glorieuse qu’avec le groupe, mu par son engouement à composer. Comme le souligne Stewart Copland, « pour Sting, la musique est une religion ». Une religion qu’il pratique depuis l’âge de 23 ans. Gordon Matthew Thomas Sumner est alors instituteur et balade sa basse dans les clubs de jazz de son Newcastle natal trois ans durant. A 26 ans, il décide de se consacrer pleinement à la musique. Gordon Matthew délaisse son costume d’instituteur et choisit le nom de Sting, le « dard » en anglais ((il portait souvent des pulls à rayures, faisant penser à une abeille). Mais il lui faut un groupe. The Police, fondé par Stewart Copland, est à la recherche d’un bassiste. Exit son ancien groupe, Last Exit, Sting se lance dans l’une des plus belles aventures de l’histoire du rock moderne.

 

Vidéo : « Message in a bottle » (1979)

 

 

Punk et pop

L’époque est celle d’un rock décomplexé. Les Sex Pistols viennent tout juste de provoquer l’Angleterre et la planète entière avec leur Never Mind the Bollocks We Are the Sex Pistols et ses titres provocants, « Anarchy in the UK », « God Save the Queen ». C’est l’ère du punk, qui balaye définitivement les restes de rock psychédélique de la fin des années 1960. The Police sera l’un des rares groupes issus de cette mouvance à connaître une carrière internationale et durable. Et ce pour une raison : de punk, le groupe n’a conservé que l’énergie et la hargne.

Oubliés les aspects controversés, les trois têtes blondes de The Police incarnent la musique dans son aspect moderne : explosive mais sans frasques, commerciale mais exigeante. The Police s’autoproclame «post-punk rock-reggae ». ce qui ne veut pas dire grand-chose, si ce n’est que le groupe mélange les influences, à l’image des Clash et leur London’s Burning. Sting, comme Summers et Copland, possède une solide formation jazz. On la retrouve dans le premier succès du groupe, l’inoxydable « Roxanne », sublime chanson composée par Sting pour le premier album de Police, Outlandos d’Amour (littéralement, «hors- la-loi de l’amour», tout un programme). En une chanson, The Police s’installe en haut des charts pour ne plus en redescendre.

 

Vidéo : « Don’t Stand So Close To Me » (1980)

 

 

The shérif de The Police

Pour Sting, The Police n’est autre qu’un formidable moyen d’atteindre la renommée internationale. Il embarque rapidement le groupe dans d’immenses tournées, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Egypte, en Thaïlande. « Nous sommes ambitieux, nous voulons devenir puissants », déclare-t-il en 1980 (cité par Gary Herman dans Rock’n’roll Babylone) Et de rajouter, à propos du groupe : « ce sont trois têtes blondes et rien d’autre. C’est vendeur ». Vendeurs également, les tubes composés par le trio.

S’il apparaît aujourd’hui que l’écriture de Sting est universelle et fédère toutes les générations, ce n’est pas évident à l’époque. Des textes politiquement engagés, des solos jazzy, et la voix légèrement tremblante de Sting. L’écriture du chanteur va permettre au groupe d’être reconnaissable parmi tous les autres. Des titres évocateurs repris en chœur, en boîte de nuit ou dans la voiture. Après cinq albums studio et une dizaine de tubes (deux hits sont enregistrés sur chacun de leurs opus, au minimum), des tournées triomphales à travers le monde, trois Grammy Awards en 1983 (six au total) et surtout de nombreuses querelles égotistes, The Police se range. Discrètement, sans faire de bruit. En 1986, le groupe tente de retourner en studio. En vain. Alors, chaque membre entreprend une carrière solo. La reconversion semble cependant difficile au vu du nombre de tubes que le groupe créés.

 

Vidéo : « De Do Do Do, De Da Da Da » (1980)

 

 

Sting sans menottes

Sting parvient malgré tout à émerger seul hors de l’univers de The Police. En 1985, un an avant la dernière rencontre du groupe sur scène, Sting sort un album solo : The Dream of the Blue Turtles, en référence à un rêve qu’il fit une nuit. Le titre « Russians », mais aussi « If You Love Somebody », permettent à Sting de se faire un nom. Entre-temps, il est aussi allé faire un tout derrière la caméra de David Lynch, interprétant Feyd-Rautha dans Dune (1984). Entouré d’excellents musiciens, Sting passe du statut d’ex-officier de The Police à celui de star à part entière de la scène musicale.

 

Vidéo : Sting dans Dune (David Lynch, 1984)

 

 

A l’image de son ami Phil Collins, affranchi de Genesis, l’Anglais parvient à dissocier son nom de celui du groupe qui l’a vu grandir. Anecdote souvent méconnue, Sting a coécrit la chanson « Money for Nothing » de Dire Straits. Pour le reste, il a tout gardé pour lui. « Russians », « We’ll Be Together », « Englishman in New York », « Fragile »... des chansons devenues aussi célèbres que celles composées par The Police.

 

Vidéo : « Englisman in New York » (1988)

 

 

Renouveau constant

Dans les années 1990, Sting continue une carrière régulière, et ne disparaît jamais vraiment des ondes. De 1991 à 1996, il sort trois albums, qui connaissent un certain succès. Après quelques compositions pour le cinéma, il revient en 1999 avec Brand New Day, album acclamé par la critique et le public. Le single « Desert Rose », en duo avec Cheb Mami, est numéro un dans de nombreux pays, et la tournée mondiale est triomphale.

 

Vidéo : « Desert Rose » (1999)

 

 

La suite sera un peu plus difficile pour le chanteur. Sacred Love, ainsi que la tournée qui suit en 2003, est accueilli avec scepticisme par le public. Sting se remet en question... en apprenant à jouer du luth ! En 2006, il publiait Songs From the Labyrinth, un audacieux disque de musique classique signé sur le prestigieux label Deutsche Grammophon.

 

Vidéo : Sting présente son album Songs From the Labyrinth

 

 

The Police revient

Pour revenir dans le circuit du rock, Sting devait probablement retourner aux racines. Il n’a pas hésité à contredire en 2006 ce qu’il proclamait depuis vingt ans. « Si vous m’aviez demandé une semaine avant l’annonce de la reformation, je vous aurais répondu : “vous être taré, cela ne se produira jamais” », déclarait-il à Rolling Stones.

Coup de tête ou coup de pub ? Pour Sting, alors âgé de 56 ans, la reformation surprise du groupe relève surtout du concours de circonstances. « Je ne pourrais pas le faire si c’était juste pour l’argent. L’important, c’est que je m’amuse, que la musique s’améliore. C’est cela qui me rend joyeux ». Avec la reformation, on pourrait donc penser que Sting ait mis son ego de côté, pour se concentrer sur la musique. « Andy et Stewart ne peuvent apprécier la reformation que si j’y prends du plaisir aussi. Je le fais pour moi avant tout ». Pas vraiment donc : l’amour-propre est toujours présent, mais il fait désormais partie, comme une blague, du mode de fonctionnement du groupe. The Police n’existe que par l’alchimie de ce trio.

 

The Rolling Stones, 50 ans de succès

U2, les dieux du stade

Muse : électrique et britannique

L’Équateur veut le soutien du chanteur Sting

Sting fête ses 25 ans de carrière

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités