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Zep : "A 45 ans, je suis plus mature"

Yvan, le guitariste perdu dans l'adolescence. Yvan, le guitariste perdu dans l'adolescence.[Zep, 2013]

Depuis vingt ans, Zep observe les cours de récré avec Titeuf. Mais le temps passe et l’auteur aux 20 millions d’exemplaires vendus quitte l’école pour livrer Une histoire d’hommes. Un «one shot» sur une bande de quadras, anciens membres d’un groupe de rock, qui font le bilan de leur vie à l’occasion de retrouvailles. Des thématiques sombres – le deuil, le secret – que l’auteur aborde à l’aune d’une vie d’adulte.

 

Changement de style, de format, de récit… Pourquoi cette envie ?

J’ai toujours gardé dans les tiroirs des histoires où le pathos est présent, même si j’ai composé cet album d’une seule traite. Mais à 45 ans, je suis plus mature, mes préoccupations changent. Avec Titeuf, l’humour m’offrait une forme de bouclier, une protection.

J’avais sans doute un peu peur de parler de choses comme ça : comment écrire une fiction avec ce genre de sujet ? Là, je parle de parcours de vie, ce que ça veut dire devenir adulte, réussir sa vie. Le dessin, plus sombre, vient conforter ce changement. C’est aussi une façon de faire grandir ce métier, auteur de B.D., dont je rêvais.

 

Les influences sont forcément différentes de celles de Titeuf…

Je me suis inspiré du cinéma que j’aime, celui de Jim Jarmusch, de Sautet, qui décrivent les rapports humains avec peu de chose. Je leur fais des clins d’œil. C’est ce jeu de l’ellipse que j’apprécie et que j’ai essayé de retranscrire dans mes planches. Dans l’album Il y a forcément des souvenirs personnels dans cette histoire, certains amis pourront se reconnaître dans les personnages.

 

Vous connaissez bien l’univers du rock pour avoir vous-même joué dans un groupe.

Dès l’adolescence, j’ai baigné dans ce milieu qui est au final est propice à ne pas grandir, à rester bloqué dans la jeunesse. Les textes de rock, les valeurs, vous donnent les règles pour vivre jusqu’à 27 ans, mais après, rien n’évoque l’âge adulte, à part quelques auteurs comme Dylan.

Je suis donc un peu un mélange de deux personnages de mon histoire, Sandro et Yvan. L’un qui a dépassé ses illusions et l’autre qui est un éternel adolescent.

 

Quel regard portez vous sur l’univers de la bande dessinée, qui évolue à grande vitesse ?

C’est un métier artistique, mais aussi très artisanal. C’est un métier de solitaire. Au début des années 90, même Titeuf paraissait transgressif. Désormais, tout est possible, dans les formats, les scénarios, le style, mais aussi l’âge des auteurs, de plus en plus jeunes.

Surtout, le milieu s’est extraordinairement féminisé. Désormais, tous les points de vue sont représentés, c’est une vraie richesse.  Tout ceci est devenu possible surtout grâce aux blogs, à internet, qui a permis de se faire connaître plus rapidement.

 

Il n’y aura donc plus de Titeuf ?

Titeuf , au départ n’était qu’une parenthèse. Après 20 ans, ça ne l’est plus. Il vieillit avec moi, il m’accompagne dans ma vie, il va donc devoir lui aussi s’adapter, même si ses préoccupations, si on regarde bien, sont déjà bien différentes des premiers albums. Il y aura donc, bien sûr un prochain album. •

Une histoire d’hommes, Zep, 

éd. Rue de Sèvres, 18 €.

 

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