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Muriel Robin : "il fallait que ce soit mes mots"

Au théâtre de la porte Saint-Martin, Muriel Robin revient au one man show avec succès[Marianne Rosenstiehl]

Muriel Robin renoue avec le genre qui l’a fait connaître. Huit ans après son dernier one man show «Au secours», l’humoriste remonte sur scène en solo dans un spectacle autobiographique aussi drôle qu’émouvant. Un show qu’elle a voulu écrire seule. L’auteur du célèbre skecth « L’addition » y raconte sa vie, sa carrière, ses hauts, ses bas et revient au meilleur de sa forme. 

 

Pourquoi avoir attendu huit ans avant de revenir au one man show?

Je ne savais pas que ça prendrait huit ans. Je me suis arrêtée parce que je ne pouvais plus donner au public. Je n’y arrivais plus.  J’ai toujours joué ma peau dans mes spectacles et je ne pouvais plus le faire.  J’avais besoin de penser à moi et puis j’ai fait un « burnout ». A cette époque, je pensais que ce métier, le one man show, c’était fini. Les choses se sont passées autrement.  J’ai beaucoup travaillé sur moi, pris de la distance. Aujourd’hui, tous ces hauts, ces bas, je les transforme en force et j’ai envie de le partager.  

 

Pourquoi avoir fait le choix d’un show à 99,9 % autobiographique? 

Il se trouve qu’avant « Robin Revient Tsoin Tsoin», j’ai écrit un spectacle de sketchs. Mais je ne voulais pas jouer que des sketchs. Je l’ai mis dans la poubelle de l’ordinateur qui, comme tout le monde le sait, n’est pas une vraie poubelle. Avec ce nouveau spectacle, je voulais donner quelque chose au public. Comme un cadeau qui parle de nous, de la vie dans laquelle on se dépatouille avec nos hauts, nos bas.  Comme, il est visible physiquement que je vais mieux, je voulais leur dire  il y a de la lumière au bout du tunnel.  Alors, humblement, je vais dans l’intime parce qu’il n’y a que dans l’intime que l’on peut être universel. Le spectacle aurait pu s’appeler « Tout  est possible ». C’est un hommage à la vie. Il parle de moi, mais il parle de la vie.

 

Comment avez-vous vécu ce retour au one man show ?

Le plus difficile a été d’être la même, tout en n’étant pas tout à fait la même. Le spectacle n’a pas exactement la même couleur qu’avant. En même temps, je ne pouvais pas occulter ces sketchs qui ont construit mon histoire avec le public. Il fallait tricoter des choses fortes avec du rire.  J’ai eu très peur. C’était nouveau. J’ai travaillé différemment. 

 

Pour la première fois vous avez  souhaité écrire seule. Pourquoi?

C’était important pour ma confiance en moi. J’ai toujours écrit avec Pierre Palmade avec un bonheur immense, mais là, c’était ma vie. Il fallait que ce soit mes mots. J’en ai d’ailleurs parlé avec lui. Cela nous a permis de nous retrouver après que nous ayons fait un petit break comme dans toutes les grandes histoires d’amour et d’amitié. En même temps, je ne pouvais pas être totalement seule. J’ai donc travaillé avec Clara Guipont. Sans elle, je n’aurais pas pu faire ce spectacle. On a mis toute ma vie à plat. Il a fallu faire des choix, tricoter. Je ne voulais pas de pathos, je n’aime pas ça. Pas d’émotion pour de l’émotion non plus.  Le travail a duré neuf mois. Je n’avais jamais fait ça avant. Avec Pierre Palmade nous écrivions à une telle vitesse, c’était fulgurant. Un sketch en un après-midi. Neuf sketchs en neuf jours.  Là, il y a eu un travail de sélection.

 

Ce spectacle n’est pas une thérapie, pourtant vous vous dévoilez beaucoup. Fallait-il le temps de mettre une certaine distance avec ce que vous avez vécu ?

J’ai commencé à mettre les mains dans le cambouis, parce que monter sur scène c’est vraiment ça,  en 86. Cela fait 27 ans. Mais j’ai commencé à avoir une vraie distance, il y a environ quatre ans. A partir du moment où les choses sont digérées, où l’on n’est plus dans l’émotionnel, on peut s’y mettre et  on se dit : « alors aujourd’hui de quoi on parle ? De l’Alzheimer de ma mère ou de la mort de mon père ?».

 

Quel regard portez-vous sur la Muriel Robin des années 90 ?

Je ne suis plus la même mais mon disque dur n’a évidemment pas changé.  Aujourd’hui, j’ai plus de place pour recevoir, je suis beaucoup plus dans l’instant. Je n’en ai que le souvenir d’une fille qui a grossi, pris 20 kg qui avait les cheveux trop court qui voulais donner aussi. Je n’ai pas vu tout ce qui m’arrivait. Je suis prête maintenant.  

 

Devant le succès que rencontre votre retour, renouez-vous définitivement avec le one man show?

 Je suis dans le présent, mais  si toutefois je regarde dans le futur, j’ai envie d’écrire. J’ai vraiment adoré ce rendez-vous avec l’écriture, se lever le matin qui plus est pour quelqu’un du matin … Mais ne vais pas  raconter deux fois ma vie.  Alors je ne sais pas encore. Peut-être réécrire avec Pierre Palmade, revenir aux sketchs. J’en ai dans un dossier. Quand ce sera le moment, j’irai rejeter un œil dessus. J’ai un peu d’avance.

 

« Robin Revient Tsoin Tsoin », jusqu’au 19 octobre, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18, bd Saint-Martin, Paris 10e. Puis à partir du 23 janvier au Palais des sports de Paris, Porte de Versailles (billetterie ouverte à partir du lundi 23 septembre). 

 

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