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Philippe Labro : Tony, prince de l’Euro, Angela, reine d’Europe

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE ]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 22 SEPTEMBRE

Serait-ce la semaine des gagnants ? Pourquoi pas, au milieu d’une actualité sinistre (le Kenya, les Roms, le matraquage fiscal), pourquoi ne pas célébrer ceux qui gagnent, et qui peuvent servir de modèles ? J’en vois trois cette semaine.

Il y a Tony Parker qui, avec l’équipe de France de basket-ball, vient de gagner le championnat d’Europe 2013 en battant la Lituanie 80 à 66.

«Tipi» mesure 1,88 m, ce qui, au milieu des géants (ça va de 2,05 m à 2,17 m) de la NBA ou du championnat, le fait paraître tout petit. Mais peut-être est-ce sa taille «normale» qui lui permet de briller. Le «meneur» (titre exact de son poste au sein des San Antonio Spurs ou de l’équipe de France) est doué d’une rapidité de déplacement, une souplesse du corps, une capacité pour pénétrer dans la raquette et marquer sous le cercle qui déconcerte les mastodontes autour de lui.

Il possède les qualités indispensables propres à tout athlète de haut niveau : travail – discipline – humilité et puis, cette once supplémentaire d’intelligence, de vision, qui distingue les Zidane ou les Killy (deux Français passés dans la légende vivante) auxquels on peut vraiment le comparer.

Quand on regarde son CV, c’est un drôle de destin : il naît en Belgique d’un père américain (joueur de basket – ah ! l’ADN ! ça compte aussi) et d’une mère néerlandaise. La chance de la France : ses parents s’installent à Denain (Nord), et Tony choisit  d’acquérir la nationalité française à l’âge de 15 ans.

Un fin connaisseur du sport me dit : – Vous verrez, il saura gérer sa deuxième vie, celle qui attend tous les sportifs au-delà de l’âge de 35 ans, avec la même réflexion, le même sens de l’organisation et le même goût de la gagne.

 

LUNDI 23 SEPTEMBRE

Le deuxième «winner» est une femme, Angela Merkel. A 59 ans, celle qu’on appelle «Mutti» (la maman), emporte haut la main un troisième mandat consécutif de chancelière du pays le plus stable et le plus fort d’Europe. Elle est venue de l’Est, du «froid», pour, peu à peu, une fois que la réunion des deux Allemagnes fut faite, gravir, sans trop se faire remarquer, mais avec un sens aigu de l’art de la politique, tous les échelons qui mènent au pouvoir suprême.

Elle communique une apparence de «normalité», mais elle est tout sauf «normale». Elle a du talent, de la ruse, de la volonté, c’est une experte-tacticienne qui a su «tuer le père», Helmut Kohl, qui l’avait prise sous son aile comme «une gamine», disait le géant.

Si l’on veut comprendre la vraie identité de Merkel, il faut intégrer trois facteurs : l’Est, où l’emprisonnement des esprits lui ont appris la méfiance, la recherche des loyautés, le recours à la dureté. Ensuite, l’ombre portée d’un père pasteur calviniste, sévère, critique, haine de l’argent. Enfin, c’est une physicienne de formation. Elle possède la structure mentale caractéristique de cette discipline : on avance peu à peu, on croit à la vérité expérimentale, on refuse l’impulsif.

 

MARDI 24 SEPTEMBRE

Mon troisième «winner», c’est l’admirable Jean d’Ormesson. Cher Jean d’O, merveilleux écrivain, qui, à 88 ans, sort du silence après un combat contre le cancer, des séjours à l’hôpital, une «traversée» douloureuse dont il parle, en lucidité, liberté, modestie, humour, dans sa première sortie médiatique, au micro de Bernard Lehut, sur RTL, ce matin.

Quel bonheur d’entendre à nouveau la voix chaude de celui dont le dernier ouvrage, Un jour je partirai sans en avoir tout dit, est un petit chef-d’œuvre ! Il tient, d’ailleurs, la tête de liste des ventes, devant tant de livres de pacotille. Le sourire ormessonien illumine cette semaine, comme le soleil d’un été indien bienvenu.

 

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