Pour la majorité des Français, « Cao Bang » n’évoque aujourd’hui que la chanson célèbre d’un groupe de rock français qui connut un succès fulgurant en 1984. Mais pour les rares qui savent, dont Claire Fourier, ce nom désigne avant tout le nom d’une ville tonkinoise, en Indochine, où le sort des armes françaises s’est retournée plus de trente ans auparavant.
Cao Bang est située à l’extrémité nord d’un tronçon de la Route Coloniale n°4 commençant à Langson et longeant la frontière chinoise. La célèbre RC4 demeure associée à de féroces combats entamés dès 1947 et qui culminèrent en 1950. Sur cette route escarpée, les soldats français ont versé leur sang à profusion au fil des embuscades incessantes montées par le Vietminh.
« Je n’ai pas choisi mon sujet, c’est mon sujet qui m’a choisie» s’amuse Claire Fourier, auteur jusqu’à présent de livres aussi personnels que remarqués. C’est à l’occasion d’un déjeuner avec un homme dont elle taira l’identité qu’elle est happée par cette histoire ancienne. Son interlocuteur griffonne soudainement une carte sur un morceau de papier, une route sinueuse : la RC4 !
Claire Fourier (DR)
C’est là que cet ancien maquisard, engagé chez les paras après la Seconde guerre mondiale, a souffert et aimé avec intensité. Courageux, solidaire, libre, il y cultiva toutes les vertus guerrière au milieu du sang et des explosions. Au feu, il forgea aussi un amour éphémère avec une jeune infirmière au destin aussi saisissant que tragique.
Au fil des pages, on s’aperçoit que c’est la RC4 – dont Claire Fourier connaît chaque détour en vertu d’un exceptionnel travail archivistique – qui est l’héroïne de ce livre. Hommage aux soldats d’Indochine, hommage à l’Indochine, l’ouvrage de Claire Fourier illustre cet étonnant paradoxe : c’est dans l’horreur de la guerre que l’homme montre parfois ce qu’il a de plus grand en lui.
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