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La semaine de Philippe Labro : Hollande remplit l’Elysée, Niney comble les salles

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

MERCREDI 15 JANVIER

Comme tous les mercredis, les «pros» du monde du cinéma relèvent les compteurs. Au bout de huit jours, on sait déjà que YSL, le film de Jalil Lespert, qui constitue ce que l’on appelle dans le jargon du cinéma un «biopic» du génial artiste de la mode, Yves Saint Laurent, est un succès public. La critique a été bonne, mais surtout, les chiffres sont là : 554 800 entrées en une semaine sur 326 salles. On peut s’attendre à un résultat final de 1,2 million à 1,5 million de gens qui auront donc suivi le chemin de grâce, puis de douleur, de cet homme qui savait être en avance sur ce que souhaitent porter les femmes et qui sut, comme peu d’étoiles de la haute couture avant lui, élever cette profession au niveau d’un véritable geste artistique. Une sensibilité fragilissime. La conjugaison du désespoir intime avec la pulsion créatrice.

Il est assez rare que les «biopics» (contraction des mots «biographical pictures» – c’est-à-dire films autobiographiques) aient réussi. Seuls, avec La Môme, le cinéaste Olivier Dahan, le producteur Alain Goldman, et surtout, l’extraordinaire Marion Cotillard avaient percé le plafond.

C’est que la Piaf, comme Saint Laurent, ont représenté, dans le monde entier, un certain talent français. Et de même que Marion Cotillard a sublimé le personnage, Pierre Niney, dans le rôle-titre, est surprenant de vérité et de similitude. Il faut saluer le producteur de 36 ans, Wassim Béji, (six films déjà) qui, avec cette réussite, franchit un palier dans sa jeune carrière.

 

JEUDI 16 JANVIER

Deux jours après cette troisième conférence de presse de François Hollande depuis le début de son quinquennat, qui consacre, selon certains observateurs, ce qu’ils appellent un «adieu au socialisme» – (certains d’entre eux, en effet, avancent que les décisions annoncées par le président de la République vont plus loin que tout ce que, jusqu’ici, avait pu ou dû faire un homme politique de gauche), il ne me revient pas, ici, de jouer à l’éditorialiste ou à l’expert. Deux petites remarques, cependant :

1 - Il n’existe pas, dans les démocraties occidentales, de conférence de presse de ce genre. Six cents journalistes, les ministres en rang d’oignons (ils se savent filmés, en direct, à l’écoute de leur patron, aussi bien leurs sourires ou leurs mimiques jouent-ils un rôle), et le président lui-même, toujours un petit peu en retard (ils ont tous eu ce travers), toujours démarrant avec un discours préalable (40 minutes), face à ce public de professionnels de l’information auxquels il n’est pas donné de «droit de relance». C’est comme ça, c’est la tradition, le rite, cela a commencé avec de Gaulle – en 1958, et on n’a pas tellement changé ce cérémonial qui étonne, surprend et amuse ou irrite nos confrères anglo-saxons.

2 - Si l’on fait le compte des mots prononcés, mardi, pendant deux heures trente, par François Hollande, on relève, en tête de liste, le «pacte», suivi de «2017», de «la France», de «dignité», de «jeunesse», d’«entreprises», et de «République». La sémantique et les gestes sont une chose. Les concrétisations de toutes les annonces de ce «tournant» en seront une autre. 2014 va être chargée.

Quant à la vie privée, aux affaires de corps et de cœur, il est intéressant de noter que même si près de 80 % des Français disent que cela ne les regarde pas, car cela relève précisément de la «vie privée», les mêmes 80 % se sont rués dans les kiosques depuis quelques jours et ont dévoré les magazines comme autrefois, sous une autre présidence.

On peut raisonnablement prédire que la déferlante permanente de l’«info en continu» n’est pas près de s’arrêter. Et ça, c’est très, très différent de ce qui se passait sous de Gaulle.

 

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