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Elie Semoun : "Je suis fier d'être le Pignon numéro 10"

Elie Semoun partage la scène avec Laurent Gamelon et Philippe Magnan dans "Le Placard" de Francis Veber.[Bernard Richebé]

Après Jacques Villeret ou Patrick Timsit, c’est au tour d’Elie Semoun d’endosser le célèbre rôle de François Pignon sur les planches. Un personnage que l’humoriste interprète dans Le Placard, comédie de Francis Veber adaptée de son film éponyme. 

 

Vous reprenez-un rôle mémorable, que vous évoque le personnage de François Pignon ?

C’est un rôle mythique. C’est un personnage quasi classique. L’idée que ce soit un personnage qui a été joué par des acteurs prestigieux comme Daniel Auteuil, Jacques Brel me comble. Je suis très fier d’être le Pignon numéro 10.

 

Comment est né ce projet ?

Francis Veber m’avait proposé un rôle dans sa pièce Cher Trésor. Je me trouvais trop jeune pour jouer cette pièce. Je ne me sentais pas concerné par le sujet. Heureusement, Francis Veber n’est pas rancunier et il m’a proposé de faire Le Placard. J’ai tout de suite accepté. J’étais très honoré qu’on me propose ce rôle-là.

Ensuite, quand on a fait la lecture avec tous les comédiens, je trouvais que le personnage de Pignon était un peu trop plat, fade, neutre et qu’au théâtre il fallait que ça bouge. Je ai proposé à Francis Veber que l’on se voit, que l’on passe quelque jours ensemble, que l’on essaye d’écrire ensemble.  C’est ce qu’on a fait. Une semaine et quinze jours plus tard, François Pignon est un comptable qui s’est pris de passion pour l'apiculture. Un peu comme moi. Dans mon jardin j’ai trois ruches. J’avais parlé de cette passion à Francis Veber, il s’en sert dans la pièce pour se moquer de moi.

 

Daniel Auteuil, Jacques Brel, Patrick Timsit ont interprété ce personnage. Vous êtes-vous inspiré de leurs prestations ?

Franchement, pas vraiment.  Ce personnage est suffisamment fort pour ne pas avoir eu besoin de m’inspirer des comédiens qui l’ont interprété. C’est un  personnage qui parle de lui-même. Il a peur  de tout, de la vie, de l’amour, de la violence.

 

Comment avez-vous travaillé ce rôle ?

Je n’ai pas vu les films. J’ai d’abord appris mon texte parce que Francis Veber est très pointilleux avec ça. C’est surtout de cette façon que j’ai commencé à entrer dans la peau de mon personnage.

 

François Pignon est un antihéros. En quoi attire-t-il tant les stars?

Plus les personnages sont fades, plus ils ont des défauts et plus c’est intéressant à interpréter pour un comédien. Dans Les petites annonces, tous mes personnages étaient lâches, menteurs, trompeurs et pourtant qu’est-ce que je m’amusais. Par ailleurs, travailler avec Francis Veber est une vraie leçon pour un auteur comme moi. Il va vraiment à l’essentiel.

 

Comment expliquer la longévité de ce personnage ?

Grâce à l’écriture de Francis Veber. Elle est parfaitement huilée. Il n’y a rien  d’inutile. Quand je joue sa pièce, que je vois un film de lui, c’est comme si je regardais à l’intérieur d’une montre. On voit toute la mécanique. 

 

La pièce est adaptée du film éponyme. Y aura-t-il des nouveautés? 

On retrouve les mêmes dialogues mais la pièce est plus drôle et plus nourrie. Il y aura plus de rires. Les rapports entre les personnages sont plus poussés. L’histoire d’amour entre Mademoiselle Bertrand et François Pignon est étoffée. Ils se racontent leur vie. C’est vraiment cocasse. Francis Veber a ajouté une ou deux scènes vraiment hilarantes.

 

Evoluez-vous dans un décor unique ?

Le décor est un personnage à lui tout seul. Il s’ouvre et se referme.  En tout, il y a 39 décors dans cette pièce. C’est énorme. D’une seconde à l’autre, je passe de mon appartement  à l’usine.

 

C’est  votre troisième pièce collective. Pourquoi vous faire si rare au théâtre et pourquoi cette envie de jouer avec une troupe ?

D’abord, parce que le one man show ne me laissait absolument pas le temps de faire du théâtre. Lors de la tournée de mon dernier one man show, Tranches de vies, tout d’un coup, j’en ai eu un peu assez d’être seul sur scène. J’avais envie de me ressourcer en allant chercher mes racines de comédien, en partageant la scène avec d’autres.

Mais je ne lâche pas le one man show. Au contraire, le fait d’être sur scène m’a donné envie d’écrire.  Je travaille sur mon nouveau spectacle. Il va prendre une autre forme.

 

Où en êtes-vous de son écriture  ?

J’ai écrit quatre sketchs. Je prends mon temps. J’ai décidé d’abandonner mes personnages.  Kevina, Toufik, c’est fini ! Je vais passer à une autre forme de narration. Je vais aller vers le stand up.

Quand on est comédien, il faut se renouveler.  Je ne me vois pas faire Kevina et Toufik toute ma vie.  Je ne veux pas entendre « Elie Semoun n’évolue pas. Il propose toujours la même chose. Il exploite le même filon ». Ce n’est pas mon genre. J’ai envie de me surprendre, de surprendre les gens et prendre des risques.

 

Comment réagissez-vous à la polémique Dieudonné ?

J’ai réagi. J’ai fait un sketch qui s’appelle Clique dans lequel j’ai répondu à tout cela je pense de la meilleure façon qui soit.

 

Selon vous peut-on toujours rire de tout ?

En ce moment c’est un peu difficile. Cela dit, quand on est raciste non. On ne peut pas rire de tout. Mais s’il n’y a ni racisme, ni mépris vis-à-vis d’une communauté, je crois que l’on peut rire de tout le monde à partir du moment où cela est fait avec bienveillance. Dans mes spectacles, je me suis moqué des homosexuels, des noirs, des juifs, des arabes, des gens qui sont en chaise roulante. Je suis arrivé en chaise roulante sur scène et je n’ai jamais eu de problème parce que les gens savent bien que je suis respectueux de ces communautés.

 

Le placard, à partir du 24 janvier, Théâtre des Nouveautés.

 

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