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Le jour où une locomotive s’est écrasée rue de Rennes

Le jour où une locomotive s’est écrasée rue de Rennes. Le jour où une locomotive s’est écrasée rue de Rennes.[CC / Wikimedia]

22 octobre 1895. Ce mardi à 8h45, le train n° 56 de la ligne Granville-Paris quitte la Manche, à destination de la gare de l’Ouest, l’ancienne gare Montparnasse. A bord, 131 passagers sont répartis dans douze wagons.

 

Avec ses dix-neuf années passées sur les rails, le conducteur Guillaume-Marie Pellerin ne manque pas d’expérience. Mais en chemin, il perd une dizaine de minutes sur l’horaire prévu.

Soucieux de rattraper son retard, il passe outre certaines consignes de sécurité et accélère. Le train à vapeur pénètre alors dans la gare de l’Ouest beaucoup trop vite. A l’approche du quai, il est encore lancé à plus de 40 km/h. Réalisant son erreur, le cheminot actionne les freins, mais c’est déjà trop tard.

Emporté par sa vitesse, le train défonce le dernier butoir et traverse le hall de la gare. La locomotive fracasse le mur de l’édifice et termine sa course folle dix mètres en contrebas, dans la rue de Rennes. Le pire est évité : les wagons de passagers sont restés dans la gare. On compte cinq blessés graves et un mort.

Marie-Augustine Aguilard tenait un kiosque à journaux dans la rue de Rennes. La locomotive est passée au-dessus de son échoppe sans la toucher, mais un bloc de pierre détaché de la façade l’a tuée sur le coup.

Après ce tragique accident, tout le quartier est en émoi. La tenancière de la buvette de la gare de l’Ouest témoigne dans l’édition du Petit journal du 26 octobre 1895 : "Tout le monde ici a cru son dernier moment arrivé, et lorsque nous avons entendu ce bruit infernal, tous avons courbé la tête, croyant que la gare s’écroulait sur nous."

 

Le cliché fait le tour du monde

Pendant quatre jours, la locomotive reste plantée à la verticale dans le trottoir de la rue de Rennes. Les curieux affluent, en oubliant même parfois de prendre leur train. Immortalisée par de nombreux photographes, l’image fait le tour du monde. Elle inspire par exemple l’album Du glucose pour Noémie des aventures de Spirou et Fantasio.

Le conducteur imprudent sera condamné à deux mois d’emprisonnement ainsi qu’à 50 francs d’amende. Quant à la gare, elle laissera sa place à la tour Montparnasse à la fin des années 1960 et sera reconstruite à quelques centaines de mètres, à son emplacement actuel. 

 

Extrait du film "Hugo Cabret", réalisé en 2011 par Martin Scorsese.

 

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