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Les 5 romans étrangers à lire

Jesmyn Ward est la seule femme à avoir reçu deux fois le National Book Award. [©FRED TANNEAU / AFP]

Parmi les 493 romans de la rentrée littéraire d’hiver, quelques pépites de la littérature étrangère sont à découvrir de toute urgence. Voici notre sélection.

« Âpre cœur » de Jenny Zhang

Filles de l’émigration chinoise, Christina, Frangie, Lucy, ou encore Annie ont une dizaine d’années, et rencontrent toutes les mêmes difficultés. Arrivées vers la fin des années 1980 sur le sol new-yorkais, elles partagent des lits à punaises, subissent le racisme, migrent d’un appartement à un autre, et vivent dans la misère avec des parents aussi dévoués qu’étouffants. Mais ces petites héroïnes ont des choses à dire. Et ce sont leurs voix, souvent leurs cris, que Jenny Zhang fait entendre dans « Âpre cœur ». 

Si la figure parentale s’efforce chaque jour de venter les bienfaits de cette nouvelle terre d’accueil, rien ne leur échappe. Plongé dans le quotidien de ces sept fillettes, on partage leurs peurs, leurs disputes, leur difficile intégration, mais aussi leurs instants de bonheur et leur rage de vivre. Car au milieu de cette violence, persiste malgré tout l’audace de vouloir s’en sortir, et de s’affirmer en tant qu’individu, alors que l’adolescence approche à grand pas. Un premier roman puissant, rythmé par une plume sans compromis, crue et mordante, où la soif de liberté éclate à chaque page.

« Âpre cœur », Jenny Zhang, éd. Picquier.

«Lincoln au Bardo» de George Saunders

Des retrouvailles funestes. Reconnu comme l’un des maîtres de la nouvelle américaine, George Saunders signe «Lincoln au bardo», un premier roman poignant sur l’amour et le deuil, couronné en 2017 par le prestigieux Man Booker Prize. Alors âgé de onze ans, Willy, qui n’est autre que le fils du Président des États-Unis Abraham Lincoln, vient d'être inhumé après avoir succombé à la fièvre typhoïde. En cette nuit du mois de février 1982, Abraham Lincoln descend en secret dans le caveau où repose son fils et ouvre son petit «caisson de souffrances» pour lui dire adieu une dernière fois.

Mais dans le paisible cimetière de Oak Hill, des âmes errantes se font entendre. Émues par le chagrin du père, ses prisonnières du Bardo - terme bouddhiste désignant un état de transition entre la vie et la mort - tentent de trouver un stratagème pour ramener Lincoln auprès de son fils avant qu’il ne soit définitivement perdu. S’ensuit alors une bataille épique d’outre-tombe, tandis qu’au même moment, la Guerre de Sécession fait rage dans le monde des vivants.

Lincoln au Bardo, George Saunders, éd. Fayard.

«Les tribulations d’Arthur Mineur» d'Andrew Sean Greer

Lauréat du prix Pulitzer 2018, pour «Les tribulations d’Artur Mineur», l’auteur américain Andrew Sean Greer signe un roman empli d’une délicate mélancolie qui parle d’amour et du temps qui passe avec une bonne dose d’humour. Célibataire et écrivain au succès mitigé, Arthur Mineur s’apprête à fêter ses cinquante ans. En pleine crise existentielle, il se voit invité au mariage de son-ex compagnon, auquel il souhaite à tout prix échapper.

Mais pas sans une bonne excuse. Profitant de plusieurs invitations, il se lance alors dans un tour du monde des festivals littéraires, de Mexico, à Berlin, en passant par l’Italie, le Sahara, ou encore le Japon. Au fil de ses péripéties, plus singulières les unes que les autres, Arthur passera un cap. Celui de la cinquantaine, du premier amour, et du dernier.

Les tribulations d’Arthur Mineur, Andrew Sean Greer, éd.Jacqueline.

«Chant des revenants de Jesmyn Ward

Déjà couronnée par le prix en 2001, pour «Le bois sauvage», Jesmyn Ward a réussi l’exploit d’en remporter un deuxième avec «Le chant des revenants» (éd. Belfond), lauréat de National Book Award 2017. Avec un regard à la fois réaliste et tendre, l’écrivaine s’attaque aux racines en racontant l’Amérique noire. Celle en butte au racisme, aux injustices, et à la misère affective et matérielle. Dans un Mississippi rural et pauvre, Jojo n’a que treize ans, mais c’est déjà l’homme de la maison.

Alors que sa mère Léonie est toxicomane et son père blanc en prison, il vit chez ses grands-parents dans une ferme, où il a appris à nourrir les animaux, s’occuper sa petite sœur Kayla, et veiller sur sa grand-mère, qui se meurt d’un cancer. Mais lorsque son père Michael sort de prison, Léonie décide d’embarquer ses enfants pour un long voyage direction le centre pénitencier. Là-bàs, Jojo rencontre le fantôme d’un prisonnier qui a beaucoup à lui apprendre sur l'histoire du Sud, les pères, l’héritage, mais aussi la violence et l’amour.

Le chant des revenants, Jesmyn Ward, éd. Belfond.

«Un poisson sur la lune» de David Vann

Prix Médicis 2010 pour «Sukkwan Island», David Vann publie «Un poisson sur la lune» (éd. Gallmeister), un nouvel opus au texte fort dans lequel il revisite sa propre histoire familiale. Dépressif, Jim Vann, qui n’est d’autre que le père de l’auteur (13 ans à l’époque) quitte l’Alaska en direction de la Californie pour retrouver son psy, ses parents, son frère et ses enfants.

Si en apparence il s’agit de quelques jours de convalescence, grâce à ces retrouvailles, sa famille espère l’empêcher de commettre l’irréparable. Car Jim ne voyage jamais sans son Magnum, toujours le doigt sur la gâchette.  Mais cette décision d’en finir ou pas, qui tient le lecteur en apnée tout au long du roman, n’appartient qu’à lui. Sans jugement, David Vann offre un récit de haute volée, qui fait réfléchir sur le sens de la vie.

Un poisson sur la lune, David Vann, éd. Gallmeister.

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