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La semaine de Philippe Labro : Un pharaon en forme, les héros de la santé

Le mythique Toutânkhamon prend ses quartiers à la Grande Halle de la Villette, à Paris, et devrait attirer les foules. [© Laboratoriorosso, Viterbo]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 20 MARS

Il paraît – c’est le calendrier qui l’indique – que c’est le premier jour du printemps. Drôle de printemps 2019, vous m’avouerez. Si l’on veut bien faire la liste, elle est plus grise que le ciel. Je vois trois printemps.

Le printemps jaune. Les saccages ont été terribles, samedi dernier. Un sondage très récent nous apprend que 84 % des Français condamnent les saloperies (il n’y a pas d’autres termes possibles) perpétrées par de véritables professionnels de la casse, mais acceptées, et parfois même saluées par des gilets jaunes présents sur place. Il y avait quelque chose d’indécent, d’insupportable, à suivre sur les écrans de télé toutes les images des gilets jaunes qui photographiaient et filmaient ce qui se passait. Comme au spectacle, comme dans un stade de foot ou une salle de concert, tous, portables à la main, enregistrant. Des témoins actifs, et donc, d’une certaine manière, des témoins complices. Etaient-ils seulement conscients que l’on est passé à côté d’une tragédie, avec cette femme et son bébé dans un immeuble en feu, sauvés par des policiers anonymes et héroïques ?

Le printemps de la transparence. Les révélations des actes pédophiles du père Preynat ont fait éclater la question, plus vaste, des comportements au sein de l’Eglise catholique. Tout le monde savait, tout le monde se taisait. Aujourd’hui, le cardinal Barbarin est en première ligne. «Non-dénonciation», telle est sa faute, prononcée par le tribunal correctionnel de Lyon. Le pape refuse sa démission au nom de la «présomption d’innocence». De la même manière, grâce à la «transparence» – c’est-à-dire, plus prosaïquement, grâce à cette réalité selon laquelle, dé­sormais, tout finit par se savoir et se voir –, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, est victime d’écarts qui relèvent de la vie privée, mais également attaqué pour sa gestion des affaires face aux violences de samedi dernier.

Le printemps contraire. A force d’énumérer tout ce qui rend cette saison aussi décevante, va-t-on ignorer le reste ? Le Salon du livre s’est bien passé. Les gens sont venus, nombreux, en quête de lecture, de dialogue, de rencontres avec les auteurs. L’exposition Toutânkhamon, le trésor du pharaon, dès demain et jusqu’au 15 septembre, à la Grande Halle de la Villette, à Paris, risque de battre des records de fréquentation : déjà 130 000 billets ont été vendus à ce jour ! Soif de culture, soif de savoir, soif de curiosité. 

Et puis, il y a ce qui ne fait la une d’aucun journal, d’aucune édition spéciale, ce qui, tous les jours, tient le tissu national, je veux parler du système de santé français. Je sais que tout n’est pas parfait, qu’il y a toutes sortes de dysfonctionnements dans certaines régions, des absences, des manques. Mais, pour avoir connu, cette semaine, un problème de santé qui m’a conduit dans un grand hôpital parisien, dans une UCA (Unité de chirurgie ambulatoire), j’ai pu mesurer, à nouveau, la qualité, l’efficacité, la compétence des personnels hospitaliers, du chirurgien à l’aide-soignante. Les gestes sont là, les sourires, la douceur dans la voix, le chirurgien qui explique, qui raconte comment cela va se passer, l’anesthésiste, très présent, qui apporte sa propre dose d’éléments rassurants, les hommes et femmes qui les entourent, calmes, concentrés, prévenants.

Je suis ressorti de cette expérience convaincu – encore plus que je ne l’étais auparavant – que la France possède l’un des meilleurs systèmes au monde, et que celles et ceux qui rêvent de détruire notre démocratie oublient qu’ils en ont profité, qu’ils en profitent et qu’ils en profiteront encore. C’est l’une des leçons de ce début de printemps. Comme disait Beaumarchais à l’une de ses maîtresses : «Si tout ne va pas bien, tout ne va pas mal.»

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