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Pourquoi il faut absolument voir «Cap sur le Congrès» sur Netflix

Le documentaire suit la campagne de quatre candidates au Congrès américain.[© Netflix]

Disponible sur Netflix depuis le 1er mai, «Cap sur le Congrès» («Knock down the house» en vo) suit le parcours de quatre Américaines, décidées à faire leur entrée en politique pour en finir avec les élus professionnels qui ont, selon elles, oublié le peuple.

Réalisé par Rachel Lears, ce documentaire passionnant nous plonge dans la campagne d'investiture démocrate, en vue des midterms de novembre 2018. Et le résultat possède tous les ingrédients pour séduire les téléspectateurs, accros de politique ou non.

Le renouveau de la politique

Créés en 2016 et 2017, dans la foulée de la défaite démocrate à la présidentielle américaine, les organismes Brand New Congress et Justice Democrats se sont lancés pour mission de bousculer l'establishment du parti et de renouveler ses cadres, jugés trop vieux et trop centristes. Ils se mettent alors en quête de candidats pour les prochaines élections de mi-mandat. Des personnalités progressistes qui pourront se battre «pour leurs électeurs, pas pour leurs donateurs», comme ils l'expliquent sur leur site.

Leurs thèmes de prédilection : la couverture médicale pour tous, le New Deal écologique, la justice raciale ou encore l'université gratuite. Pour les incarner, ils sélectionnent notamment Amy Vilela, directrice financière à Las Vegas (Nevada), Cori Bush, infirmière et pasteure à Saint-Louis (Missouri), Paula Jean Swearengin, activiste environnementale à Coal City (Virginie-Occidentale), et Alexandria Ocasio-Cortez, serveuse dans le Bronx (New York). 

Des portraits de femmes de conviction

En choisissant de suivre la campagne de ces quatre candidates, Rachel Lears a décidé de mettre à l'honneur quatre femmes aux personnalités fortes, mais surtout habitées par un combat personnel, qui va leur donner la force de dépasser leur inexpérience politique. Amy Vilela s'est ainsi lancée dans la bataille après la mort de sa fille, âgée de 22 ans, d'une embolie pulmonaire. Un drame qui aurait pu être évité si sa fille, refusée par les urgences pour défaut d'assurance, avait été prise en charge rapidement.

Cori Bush, de son côté, s'est retrouvée au premier plan des émeutes qui ont suivi la mort de Michael Brown, abattu par la police à Ferguson, en 2014. C'est ainsi qu'elle a été confrontée à l'immobilisme des élus en place face aux problèmes de la communauté noire. Paula Jean Swearengin, elle, constate chaque jour les dégâts causés par l'industrie minière sur l'économie, l'environnement et la santé dans sa région. Elle a notamment perdu plusieurs proches atteints de pneumoconiose. Enfin, Alexandria Ocasio-Cortez a dû prendre un boulot de serveuse pour aider sa mère après la mort de son père, en pleine crise financière de 2008.

la nouvelle star des démocrates

Si quatre candidates sont suivies, la lumière se concentre très rapidement sur Alexandria Ocasio-Cortez. Et pour cause (attention sploiler), la serveuse du Bronx est la seule qui va remporter sa primaire. Après cette victoire à New York, elle est d'ailleurs devenue à 29 ans, la plus jeune membre du Congrès américain, faisant la une de tous les journaux du pays.

Mais sa victoire n'est certainement pas la seule raison de l'importance qu'elle prend dans «Cap sur le Congrès». A travers la caméra de Rachel Lears, on assiste à la naissance d'une véritable star politique. De ses premiers entretiens avec les responsables de Brand New Congress, qui ont reçu son dossier par l'intermédiaire de son frère, au soir de sa primaire victorieuse, en passant par ses moments en famille ou ses débats, l'éclosion d'un animal politique se fait devant nous. Charismatique, engagée, drôle, déterminée, émouvante... Toutes ses qualités ressortent à l'écran, illustrant à merveille sa marche triomphale vers le Congrès.

un parallèle avec la france ?

En regardant, «Cap sur le Congrès», et ses protagonistes déterminés à changer le paysage politique, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec la France. S'il possède ses propres spécificités, le mouvement initié par Brand New Congress et Justice Democrats illustre le «dégagisme» présent dans de nombreux pays depuis quelques années. Celui qui a mené Emmanuel Macron, et son «nouveau monde» promis, au pouvoir. Celui aussi qui nourrit les gilets jaunes, eux aussi lassés des politiques «déconnectés» et de la justice des «puissants». Même si la grande majorité d'entre eux rejettent toute politisation de leur combat et refusent d'être affiliés à un parti ou un autre.

Là où le cas américain diffère également, c'est que cette «révolution» se fait à l'intérieur même du parti démocrate. Comme l'explique Justice Democrats, le bipartisme est tellement installé dans le pays qu'il semble impossible dans l'immédiat de remporter une élection avec un troisième parti. Or l'organisme souhaite «que notre démocratie fonctionne à nouveau pour les Américains le plus rapidement possible. La meilleure façon de le faire est de travailler pour changer le Parti démocrate de l'intérieur.»

 

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