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Berthe Morisot, impressionniste et féministe avant l'heure, exposée au musée d'Orsay

Berthe Morisot, l’une des figures majeures de l’impressionnisme, est enfin exposée au Musée d’Orsay Berthe Morisot, l’une des figures majeures de l’impressionnisme, est enfin exposée au Musée d’Orsay[© DR]

Une femme au pays de l’impressionnisme. Pour la première fois depuis son ouverture, le Musée d’Orsay consacre une exposition à Berthe Morisot, figure majeure du mouvement.

Exclue d’une formation aux Beaux-Arts à cause de son sexe, Berthe Morisot ne s’est pas découragée pour au final devenir la seule Française impressionniste encore dans les mémoires. Son refus de l’académisme est-il à l’origine de son trait libre, de sa créativité foisonnante ? Quoi qu’il en soit, le musée d’Orsay rend hommage à la peintre disparue en 1895 à l’âge de 54 ans, première rétrospective consacrée à l’artiste par un musée national depuis l’exposition de 1941 à l’Orangerie.

Berthe Morisot est également la seule femme à faire de la peinture sa profession, considérée à l’époque dans son milieu comme un talent d’agrément. «Je n’obtiendrai (mon indépendance) qu’à force de persévérance et en manifestant très ouvertement l’intention de m’émanciper», écrit-elle en 1871. Spécialiste de la figure, comme le sont Degas ou Renoir, avec qui elle engage de féconds échanges artistiques, elle laisse près de 420 tableaux représentant portraits et scènes de la vie moderne, contre quelques 36 paysages.

Une féministe au XIXe siècle

Le parcours de cette exposition, chronologique et thématique, témoigne aussi du statut des femmes au XIXe siècle. Celle qui a été peinte onze fois par son ami Edouard Manet, dont on dit qu’il fut son amant, s'est finalement mariée à son frère, Eugène Manet. Plus jamais la jeune femme ne posera, préférant le pinceau au statut de muse. Elle ne cessera de peindre le monde qui l’environne, c’est-à-dire la sphère domestique, jouant de plus en plus sur les couleurs, les textures pour donner une impression délibérée de «non-fini» et de grande énergie.

Son modèle de prédilection est alors sa soeur Edma que l’on peut apercevoir au jardin, au fauteuil ou au bord du berceau de son nouveau-né, absorbée par ses pensées, dégageant autant de tristesse que d’amour, reflétant les sentiments contradictoires de la nouvelle accouchée.

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Le Berceau, 1872 © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Michel Urtado / Service presse

Berthe Morisot ne cessera de représenter les femmes dans leur intimité, à la toilette, de dos, habillées parfois uniquement de leur chemise, vêtement qui n’est alors pas censé être révélé à leur époux.

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Femme à sa toilette, 1875-1880 ©Image Art Istitute of Chicago / Service Presse

Berthe Morisot peint également beaucoup son mari, Eugène, au jardin avec leur fille, laissant entendre par là que les hommes aussi peuvent s’occuper des enfants alors que la femme est au travail, derrière le chevalet en l’occurrence pour Berthe Morisot. Une féministe avant l’heure et surtout une immense peintre, à (re)découvrir d’urgence.

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M.(onsieur) M.(anet) et sa fille dans le jardin à Bougival, 1881 © Musée Marmottan Monet / Bridgeman Images / Service Presse

Berthe Morisot (1841-1895), jusqu’au 22 septembre au Musée d’Orsay.

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