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Albator reprend son odyssée spatiale dans une BD française réussie

Trois tomes sont prévus autour de Capitaine Albator : Mémoires de l'Arcadia. [© L.MATSUMOTO/AKITASHOTEN/J.ALQUIE/KANA]

Une cape rouge et noire, la mèche rebelle et une longue balafre sur la joue… Quel enfant des années 1980 ne se souvient pas d’Albator, le capitaine corsaire ? Pirate de l’espace et héros tragique contraint à l’exode pour défendre la Terre, l’homme fait son retour ce vendredi 28 juin dans une BD inédite, imaginée par Jérôme Alquié.

Admirateur inconditionnel du manga original créé en 1969 par Leiji Matsumoto et surtout de son adaptation en séries animées (1978 et 1984), ce Marseillais de 44 ans dit «vivre un rêve », depuis que les ayants-droits japonais ont adoubé son travail, également publié au pays du Soleil-Levant.

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© n.cailleaud/cnews

Dans ce tout premier tome -trois sont prévus-, Albator remonte à bord de l’Arcadia, son vaisseau emblématique, pour en découdre avec les Sylvidres, amazones extraterrestres, dont la planète bleue fut longtemps l’habitat avant que les premiers hommes n’apparaissent.

Un album qui respire la nostalgie

Les quadragénaires y retrouvent avec un plaisir certain tout l’équipage du célèbre pirate, porté par un dessin qui respire toute la tendresse qu’éprouve Jérôme Alquié pour ce personnage. «L’univers du capitaine a été respecté à la lettre et l’histoire a été conçue pour s’insérer dans la série Albator 78», souligne l’auteur qui porte ce projet depuis 2013.

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© L.MATSUMOTO/AKITASHOTEN/J.ALQUIE/KANA

Entièrement colorisée, chaque planche de Capitaine Albator : Mémoires de l’Arcadia transpire la nostalgie. Et les hommages se multiplient au fil des bulles. «Je suis né en 1975, mais j’ai découvert vraiment Albator sur le tard, en 1994 sur France 2, lorsque la série Albator 84 a été rediffusée, explique Jérôme Alquié. Mais à l’époque, il n’y avait pas Internet et je me suis lancé dans une quête initiatique autour de cette œuvre, pour apprendre qu’il y avait en réalité différentes séries, dont la série 78, qui m’a totalement passionnée. Même si graphiquement c’était moins abouti, l’ambiance était particulièrement réussie, avec un scénario moins manichéen.»

Depuis lors, cet autodidacte du dessin, à qui l'on doit notamment la série BD Surnaturels (éd. Delcourt), confie avoir toujours rêvé de faire quelque chose autour du corsaire balafré. «Les choses ont évolué en 2014, à la suite d’une rencontre avec l'éditeur Kana à qui j’ai présenté des idées autour de ce projet. Leiji Matsumoto était alors très emballé, mais il fallait prendre contact avec les ayants-droits. La maison Akita Shoten, qui édite le manga au Japon, a ensuite fait accélérer les choses. Tout s'est enchaîné début 2017, lorsque Leiji Matsumoto est venu au FIBD d'Angoulême où ils ont vu qu’on était des passionnés. Le scénario des trois tomes s’est alors très vite enchaîné. Je me suis mis une pression d’enfer, c’était mon graal. Une fois mon travail achevé, quand j'ai lu la postface adressée par Leiji Matsumoto, j'en avais les larmes aux yeux.»

Je me suis mis une pression d'enfer. C'était mon graal. Quand j’ai lu ensuite la postface adressée par Leiji Matsumoto, j’en avais les larmes aux yeux.Jérôme Alquié

Surtout, l'auteur a su relever un autre défi. Celui de convaincre l'éditeur japonais de créer une œuvre tirée d'un manga au format BD franco-belge. «Je voulais dès le départ ce format, car je reste convaincu que le public visé par Albator, est le public qui l’a connu durant les années 1980. Même si ces lecteurs voudront sans doute le faire lire à leurs enfants. Selon moi, lorsqu’on édite une BD, il faut savoir à quel public on s’adresse et je pense que les gens de ma génération ont davantage grandi avec le franco-belge. Nos souvenirs d’Albator sont avant tout télévisuels, avec du bruit et de la couleur.»

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© L.MATSUMOTO/AKITASHOTEN/J.ALQUIE/KANA

«Il y a également une autre raison, poursuit-il. D’un point de vue artistique, je pense que je ne suis pas capable de faire un manga en noir et blanc, je ne maîtrise pas les grandes quantités de noir pour faire ressortir certaines choses. J’ai encore besoin de la couleur, pour me rassurer. Sur un format manga, je me serai senti mal à l’aise. Je préférais donc apporter mon savoir-faire. Finalement, les ayants-droits japonais ont apprécié ce choix et lui ont trouvé un côté luxueux et sont heureux d’avoir entre les mains un produit totalement différent de ce qu’ils ont l’habitude de lire.»

Page après page, le charme nostalgique opère et les planches donnent le sentiment d'avoir été pensées comme un dessin-animé… «J’ai conçu cette BD comme un épisode spécial d’Albator 78, que l’on pourrait incérer après l’épisode 16, qui se déroule encore sur terre. Car tout ce qui se passe sur notre planète me passionne dans la série», explique Jérôme Alquié.

le cap vers D'autres projets ?

A présent, l'auteur planche sur le deuxième tome de son Albator, dont la parution est prévue pour le mois de novembre. Celle-ci doit accompagner l'organisation du Hero Festival qui se déroulera à Marseille du 9 au 10 novembre prochain. Mais Jérôme Alquié pourrait ne pas s'arrêter-là dans ses adaptations des héros des animés des années 1980. A la question quelle autre figure aimerait-il ressusciter, Jérôme Alquié confie son ambition de revoir un jour «Saint Seiya, alias les Chevaliers du Zodiaque ou encore Ulysse 31 renaîtrent sous sa plume». Un appel est lancé... En attendant, Capitaine Albator donne à goûter une savoureuse madeleine de Proust aux fans de ce héros intemporel.

A noter, Jérôme Alquié sera l'un des invités de la prochaine édition de Japan Expo, du 4 au 7 juillet prochains au parc expo de Villepinte. L'auteur y rencontrera d'ailleurs le légendaire Leiji Matsumoto, qui livrera des dédicaces et une master-class. En outre, une exposition autour de la BD Capitaine Albator sera organisée par Kana sur place.

Capitaine Albator : Mémoires de l’Arcadia, de Jérôme Alquié, éd. Kana. tome 1 disponible.

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