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On a visité le nouveau musée de la Libération de Paris, inauguré ce dimanche 25 août

Place Denfert-Rochereau, le musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin Place Denfert-Rochereau, le musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin [© Ch. Batard, Agence Artene]

Pour le 75 e anniversaire de la Libération de Paris, un musée consacré à ce grand moment d'Histoire et deux de ses héros – le général Leclerc et Jean Moulin – a ouvert ses portes ce dimanche 25 août 2019, à deux pas de la gare de Denfert-Rochereau.

Un nouveau site pour une nouvelle présentation. Peu de gens le savaient même parmi les parisiens : les musées consacrés au général Leclerc, à Jean Moulin et la Libération de Paris se trouvaient bien cachés auparavant sur la dalle Atlantique au-dessus de la gare Montparnasse. Il aura fallu attendre 2013 pour que Cécile Rol-Tanguy, épouse du colonel Rol, le chef des FFI parisiennes, fasse la demande à la mairie de Paris pour le transfert de ces musées aux Pavillons Ledoux de la place Denfert-Rochereau. Six ans plus tard, après de très gros travaux, nait enfin le nouveau «Musée de la Libération de Paris - Musée du général Leclerc - musée Jean Moulin».

Un abri emblématique de la Libération

Les pavillons Ledoux, anciennement placés aux portes de Paris (en l'occurrence ce qui deviendra la place Denfert Rochereau), furent construits en 1787 pour que les douanes y récoltent l’Octroi, la taxe sur l’entrée des marchandises dans la capitale.

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Vue de la façade du pavillon Ouest © Pierre Antoine

Après avoir servi de laboratoires de test des matériaux (notamment sur les pavés parisiens pour en améliorer la qualité), ces bâtiments, hormis leur potentiel architectural, permettent l’accès à un abri de défense passive, construit en 1938-1939 en cas de bombardement ou d’attaque au gaz, devenu à la fin de la guerre le poste de commandement du colonel Rol, chef des Forces Françaises Intérieures de la région parisienne.

Le colonel Rol avait installé son bureau d'état major dans l'abri de défense passive de Denfert-Rochereau. Il faut descendre 99 marches – soit 6 bons étages et 20 mètres de profondeur - pour découvrir ce lieu chargé d’histoire, désormais entièrement nettoyé des dégradations de certains cataphiles peu respectueux.

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En bas, se trouvent de nombreuses pièces dont un central téléphonique, le bureau d'état-major où le Général Rol y recevait les informations des différents groupes de résistants et celui de son épouse, secrétaire de formation, qui l’assistait alors notamment dans la retranscription des messages.

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On peut également apercevoir, dans quelques vitrines, des masques à gaz, des vélos d'intérieur étonnants reliés aux systèmes électriques et de ventilation, servant à prendre le relais du générateur électrique en cas de panne. Le public pourra apercevoir également des toilettes et même des bancs. Un lieu chargé d’histoire que le musée a pris soin de remettre en l’état en y insérant une ambiance sonore immersive. Si cet abri n’a pas servi officiellement durant la Guerre, il aurait joué un rôle fondamental à partir du 20 août 1944, pendant la Libération de Paris.

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©V.J.

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A droite, les vélos reliés au système électrique et de ventilation en cas de panne du générateur © Paris, musée de l'armée / Marie Bour

Des héros de la Libération

« Un musée d’Histoire se pense et se visite au présent. Ce musée pose la question de l’engagement, du choix », explique Sylvie Zaidman, directrice du musée, durant la visite. Ainsi, les grandes figures de la Libération sont ici mises en valeur pour mieux comprendre leurs ressorts : les histoires personnelles de Philippe de Hautecloque (devenu le général Leclerc) et celle de Jean Moulin, deux personnalités aux valeurs bien différentes avec un point commun : la volonté de remettre leur vie en jeu afin de libérer la France. Les actions et la personne du Général de Gaulle sont également abordées. Des films permettront aux visiteurs de suivre heure par heure les actions de ces hommes mais aussi ce qui se passe sur les barricades parisiennes.

France occupée, déportation et Collaboration

Une importante partie du musée est tournée vers la France occupée. Le visiteur peut y voir des tickets de rationnement, une étoile jaune, des chaussures d’enfant aux semelles de bois…

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Toujours dans le but de faire réfléchir les visiteurs à la question du choix, l'incroyable propagande orchestrée par le régime de Vichy est abordée par le biais d’affiches, de journaux, et même de jouets pour enfants.

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A la fin de la visite, Sylvie Zaidman prévient : « nous avons refusé la vision idéalisée de la Libération », ainsi, dans le joli hall décoré de luminaires bleu-blanc-rouge, un point est fait sur les dérives de la Libération et l’esprit de revanche qui a conduit à de nombreuses exactions envers les allemands et les anciens collaborationnistes ou supposés.

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La 2e division blindée place Denfert Rochereau, le 25 août 1944 © Don Franco-Rogelio / musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin (Paris Musées)

Pari réussi pour Sylvie Zaidman et la scénographe Marianne Klapisch. Plus qu’un rappel historique ronflant, manichéen et poussiéreux de la Libération de Paris, la présentation de ces journaux, objets, affiches, films et photographies permet de s’immerger dans cette période, ses protagonistes et surtout de se questionner autour de la notion de choix. Passionnant.

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Verrière de l'atrium «Paris libéré» © Pierre Antoine

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