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4 films sur la Libération de Paris

Yves Montand incarnait le sergent Marcel Bizien dans le film de René Clément «Paris brûle-t-il?», sorti en 1966. [© Transcontinental Films / Marianne Prod]

Il y a 75 ans, les forces alliées et la Résistance française venaient à bout de l'occupant allemand dans la Capitale, au bout d'une semaine de combats. Le 25 août 1944, le Général de Gaulle pouvait célébrer à l'Hôtel de Ville la Libération de Paris, et prononcer sa célèbre phrase : «Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris Libéré!». De nombreux films, dont certains sont des chefs d'oeuvre, ont pour toile de fond ou pour sujet principal cet événement historique. Voici quatre d'entre eux.

LA TRAVERSÉE DE PARIS (1956)

En 1942, à Paris, Marcel Martin (Bourvil) est un chaufeur de taxi au chômage. Comme d'habitude, pour vivre, il doit transporter pour le marché noir des valises remplies de viande. Alors que l'animal est saigné chez l'épicier Jambier (Louis de Funès), il apprend que son complice habituel a été arrêté. Par un concours de circonstances, il se retrouve affublé d'un inconnu, Grandgil (Jean Gabin) pour faire cette traversée de Paris. Mais ce dernier va se révéler incontrôlable, au risque de mettre en péril l'opération...

Considéré par beaucoup comme le chef d'oeuvre de Claude Autant-Lara, «La traversée de Paris» est bien plus qu'une comédie. Il met habilement en images la nouvelle de Marcel Aymé, publiée en 1947, et qui traite de la vie des Parisiens sous l'occupation. Si Louis de Funès et Bourvil sont réunis à l'écran, on est loin de la grosse farce façon «La Grande Vadrouille». Le ton est cynique, l'ambiance tendue et désenchantée, et les thèmes, le marché noir et la contrebande, dénotent dix ans après la fin de la guerre. Les dialogues savoureux jalonnent le film, comme le fameux « Salauds de pauvres» lancé par Jean Gabin aux tenanciers d'un café.

Le film connaitra un grand succès, avec cinq millions de spectateurs, et un prix d'interprétation à la Mostra de Venise pour Bourvil. Marcel Aymé, qui avait critiqué le choix de Bourvil au départ, sera finalement enchanté par sa prestation. 

Paris brûle-t-il ? (1966)

Cette grande fresque historique retrace, selon divers points de vue, lieux, et temporalité, le long chemin qui mena, tout au long du mois d'août, à la libération de la capitale. Relatant, sous une forme dramatique, les actions des personnages historiques qui se sont illustrés (le général Patton, l'un des chefs de la résistance Jacques Chaban-Delmas, le général Leclerc, Hitler,...), tout comme celles des anonymes, on y suit les faits de résistance, des occupants, et des alliés, avec en point d'orgue la rédition du Commandant en chef de la Wermacht à Paris, le général Von Choltitz. Le long métrage insiste sur le sprint pour la prise du pouvoir à Paris entre les factions de la résitance communistes, face aux gaullistes.

Sorti en 1966, le film de René Clément est un peu le pendant français du grand succès «Le jour le plus long», sorti quatre ans plus tôt, mais la tonalité y est plus sombre durant 2H50 très chapitrées. On y trouve en effet un casting français et international de haute volée et long comme le bras : Orson Welles, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Kirk Douglas, Yves Montand, Leslie Caron, Anthony Perkins, Simone Signoret, Claure Rich ( qui jouait deux rôles), Bruno Cremer,...Et même un certain Michel Sardou en jeune résistant, non crédité au générique.

La superbe bande originale de Maurice Jarre, restée dans les mémoires, fera aussi beaucoup pour le succès du film, et notamment l'air de «Paris en colère», avec les paroles de Maurice Vidalin chantées par Mireille Mathieu. A noter qu'on trouve déjà au scénario Francis Ford Coppola, qui n'a pas encore 30 ans.

«un héros très discret» (1995)

Albert Dehousse (Mathieu Kassovitz), a vécu dans le nord de la France dans l'ombre de son père, un supposé héros de la Première Guerre mondiale qu'il n'a pas connu. Vivant par procuration ses rêves dans les romans qu'il dévore, il décide de monter à Paris juste après sa libération, alors que la Capitale célèbre ses résistants. Sans le sou, il y voit tout de même l'occasion, peut-être, de se forger un faux passé de héros de la résistance. Alors qu'un capitaine le prend sous son aile, il travaille un temps chez un ancien collaborateur. Les informations qu'il y glane lui permettront, à force de mensonges, de donner le change et de se créer cette identité d'ancien résistant. Malgré les doutes, son zèle est salué, jusqu'à lui permettre de devenir lieutenant-colonel au sein des commissions d'épuration...Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, le film de Jacques Audiard interroge superbement sur le poids de l'Histoire, l'ambigüité d'une époque ou les cartes sont rebattues et les jugements aussi définitifs que circonstanciés. Coup de maitre de la part du réalisateur, les historiens et anciens résistants qui interviennent en qualité de témoins sur la carrière de l'affabulateur Albert sont pour certains les véritables protagonistes historiques de cette période, brouillant un peu plus les pistes entre réalité et fiction de cette période, mythifiée par de Gaulle pour mieux faire oublier la France collaborationniste.  

«diplomatie» (2014)

Alors que la Résistance, et une partie des Alliés, est en passe de reprendre le pouvoir dans la Capitale, le plan prévu par Hitler-une version non attestée par de nombreux historiens- en cas de perte de la ville par les Allemands est la destruction finale de Paris, et principalement de toutes ses richesses historiques, pour en faire un champ de ruine. L'ordre en revient au général Von Choltitz (Niels Arestrup), gouverneur de la ville.

En figure de la Wermacht, l'armée allemande, il ne conçoit pas de désobéir à un ordre de ses supérieurs. Mais dans la nuit du 24 au 25 août 1944, Raoul Nordling (André Dussolier), consul suédois, rencontre Von Choltitz à l'Hôtel Meurice pour l'en dissuader...

César 2015 de la meilleure adaptation (de la pièce de Cyril Gély, avec ces mêmes comédiens), le film de l'Allemand Volker Schlöndorff mise sur la version des faits relatés par Choltitz, concernant sa capacité à ordonner la destruction de Paris, alors même que les Forces Françaises Libres l'ont rendu impossible. Les deux hommes se seraient en effet rencontrés, mais pendant une semaine, et au sujet de la libération de prisonniers. Il n'en reste pas moins que le face-à-face entre ces deux hommes est magnifiquement interprétée, et laisse entrevoir les tractations de toutes parts qui eurent lieu pendant cette période.

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