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Le théâtre du Châtelet renoue avec ses décors d'origine après 300.000 heures de travail

Entièrement restaurée, la grande salle retrouve son éclat comme lors de son inauguration en 1862. [Thomas Amouroux]

Fermé depuis deux ans et demi pour travaux, le théâtre du Châtelet rouvrira ses portes vendredi 13 septembre.

Christophe Girard, adjoint à la maire de Paris pour la culture et les architectes Philippe Pumain et Christian Laporte, en charge de cette campagne de restauration, ont présenté, lundi 9 septembre, le nouveau visage de ce joyau du patrimoine culturel, dont la rénovation a nécessité une enveloppe de 32 millions d’euros. Et le tout sans retard pour la réouverture...

300.000 heures de travail sur place réunissant plus de 60 corps de métiers ont ainsi été nécessaires pour faire de ce théâtre du 19 e siècle, construit en 1862 à l’époque des grands travaux du baron Haussmann, un théâtre du 21esiècle.

C’est donc un chantier de restauration aux enjeux multiples, le plus important dans l'histoire du Châtelet, qui s’achève et laisse entrevoir des changements subtils. 50 % du budget a, en effet, été alloué aux travaux de rénovation technique, qui passent par la mise aux normes des installations incendie, d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, de réfection du réseau électrique, et de dépollution du théâtre. L’autre moitié a été consacrée aux travaux de restauration patrimoniale des intérieurs, des façades, des couvertures et de la scénographie. 

Des décors historiques redécouverts 

«Lorsque le public va découvrir le théâtre du Chatelet restauré, rien de fondamental n’aura changé de l’architecture de Gabriel Davioud. Mais en réalité tout a un peu - voire beaucoup – changé», note ainsi Philippe Pumain, architecte mandataire de la restauration des travaux du Châtelet.

Des changements qui permettent notamment au théâtre de renouer avec ses décors d’origine, à l’occasion de cette cinquième grande campagne de restauration, après celles de 1898, 1928, 1978-1980 et 1988-89. 

«On a fait de belles découvertes» souligne, en effet, Christian Laporte, architecte du patrimoine. « On suspectait que les décors historiques avaient été appauvris au 20esiècle. L’un des enjeux de cette restauration était de redonner au théâtre ce qu’il avait perdu.».

Ainsi la grande salle, mais aussi les espaces de réception tels que le grand foyer et la galerie Joséphine Baker, le foyer et la terrasse Nijinski ont retrouvé leurs décors historiques tout comme les couloirs dont les peintures d’origine -  des décors de panneaux en faux marbre cachés sous des couches beiges lors des précédents travaux de restauration - ont été redécouvertes et restaurées.  

La grande salle entièrement restaurée

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© Thomas Amouroux

La sublime salle à l’italienne de 2.000 places figure parmi les travaux les plus spectaculaires de cette restauration. «Ce fut un chantier dans le chantier et la partie la plus délicate» explique Christian Laporte.

La salle a ainsi été entièrement échafaudée afin de permettre la restauration profonde de toutes les parties peintes et les parties dorées des balcons et des coupoles. Lors des précédentes restaurations, les décors avaient fait l’objet de superpositions de peinture, de vernis et de bronzine qui avaient altéré leur éclat d’origine. Cette fois-ci, tous les décors ont été dévernis.

Une analyse stratigraphique a permis de dissocier les éléments qui, à l’époque, avaient été dorés à la feuille d’or de ceux qui ne l’étaient pas, afin de retrouver les contrastes d’origine. Le résultat est spectaculaire.

La verrière renaît de ses cendres

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Autre grand chantier, la grande salle retrouve sa verrière rétro-éclairée. Initialement illuminée par des becs de gaz situés au-dessus de la verrière, cette dernière avait été obstruée par des plaques de plâtre lors de l’arrivée de l’électricité dans les années 1890, et remplacée par un lustre grandiose.  

Aujourd’hui les deux cohabitent. Le lustre de cristal a entièrement été rénové et le plafond fait à nouveau l’objet d’un rétro éclairage qui permettra de créer des effets lumineux variés. 

Toujours dans la grande salle, les deux cadres de scène, le premier datant de la construction, puis le second reculé de 4, 50 mètres en 1981, séparés jusqu’alors par un triste panneau noir, ont été unifiés, laissant aujourd’hui apparaître des motifs dorés inspirés des chambranles qui encadrent le grand foyer. Les fauteuils ont par ailleurs été rénovés, et de nouvelles places à mobilité réduite ont été créées pour un total de vingt sièges. Les toiles marouflées, trop fragiles pour être démontées, ont enfin été restaurées in situ.  

Le grand foyer retrouve son décor historique 

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© Thomas Amouroux

Alors que l’avant-foyer retrouve son style pompéien, un effet de marbre en trompe l’œil ayant été redécouvert sur les murs et reproduit comme à l’époque, le grand foyer renoue lui aussi avec son décor historique, d’après les dessins de Davioud et sur la base des décors retrouvés. Un décor en faux bois rouge et brun, ponctué de dorures, et un papier peint au motif végétal habillent à nouveau le grand foyer qui s'ouvre sur la galerie Joséphine Baker, baignée de lumière grâce à une mise en valeur des volumes verriers.

Anciennement baptisée galerie Adami, la galerie Joséphine Baker a changé de nom. A l'occasion de cette réouverture, plusieurs salons ont en effet été renommés en hommage à des personnalités ayant marqué l'hitoire du théâtre-particulièrement des personnages féminins à l'instar de Juliette Gréco, Nadia et Lili Boulanger, Barbara ou encore Anna Pavlova, qui prêtent aujourd'hui leurs noms à plusieurs salles.  

Les quatre statues allégoriques trônent à nouveau sur la façade

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Autre fait marquant, le théâtre du Châtelet, dont la façade extérieure a elle aussi fait peau neuve, retrouve également ses quatre statues allégoriques, qui trônaient sur la partie haute du bâtiment jusqu’à la fin du 19esiècle.

Représentant la danse, la musique, la comédie et le drame, elles ont été reconstituées d’après l’iconographie historique, puisqu’à ce jour nul ne sait où elles se trouvent. Elles ont en effet mystérieusement disparu, soit en 1871 lors de la commune, soit en 1898 lors de la création des escaliers chalet, qui permettaient d’accéder directement à la terrasse Nijinski où elles se trouvaient. Elles ont nécessité un an de travail.

Hautes de 4, 5 mètres et pesant deux tonnes, elles surplombent à nouveau le bâtiment et accueilleront, dès vendredi, le public du théâtre. Un théâtre qui, sous la direction duo Ruth Mackenzie-Thomas Lauriot dit Prevot, compte bien s’ouvrir à un public toujours plus éclectique, comme en témoigne le spectacle inaugural «Parade», en partie gratuit, mais aussi la mise en place de billets à 10 euros. 

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