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Joeystarr puissant et touchant dans «Elephant man»

[Arnaud Bertereau]

Sans fard ni artifice, entouré d'une troupe impeccable, Joeystarr s'est glissé hier jeudi 4 octobre dans le rôle mythique de Joseph Merrick, à l'occasion de la première d'Elephant Man. Une pièce de près de trois heures donnée jusqu'au 20 octobre aux Folies Bergère, dans laquelle le chanteur d'NTM donne aussi la réplique à son ex-compagne Béatrice Dalle dans le rôle de Madame Kendall.

C’était le rendez-vous théâtral le plus attendu de la rentrée. Montée pour la première fois en France, la pièce culte de Bernard Pomerance, inspirée d’une histoire vraie, ne laisse pas indifférent. A la mise en scène, David Bobée signe une interprétation inventive, résolument sombre et contemporaine de ce texte poignant sur la tolérance, les préjugés et la différence, popularisé au cinéma par David Lynch en 1980. Un récit campé par une troupe impeccable et audacieuse. 

JoeyStarr imposant et touchant dans le rôle de Joseph Merrick 

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© Arnaud Bertereau

Didier Morville ne faillit dans la peau d’Elephant man. Après avoir mis sa verve au service des grands textes dans «Eloquence à l'Assemblée», Joeystarr poursuit son aventure théâtrale sans trébucher. Puissant, imposant, l'ex-chanteur d'NTM dévoile aussi avec sensibilité les fêlures de son personnage, réduit au rang de monstre alors qu’il est assurément le personnage le plus pur de ce récit. Il succède d'ailleurs à un autre chanteur dans ce rôle-titre, puisqu’en 1980 David Bowie s’était déjà glissé dans la peau de ce personnage.

Face à lui Christophe Grégoire campe avec sincérité le professeur Treves, qui extirpa Joseph Merrick des griffes du forain Ross et de son cabinet de curiosité, pour lui offrir ce qu'il pense être une vie meilleure, entre les quatre murs à la faïence blanche décrépie du prestigieux London Hospital, exposant son patient à la bonne société plutôt qu'aux badauds. Un décor clinique qui laisse toute sa place à l'analyse de l'âme humaine. Celle de personnages tous plus intéressés et féroces les uns que les autres, malgré leur normalité apparente. Du forain Ross, aux airs de dandy rock au gardien tortionnaire, en passant par Jack, l'étudiant psychotique brillamment interprété par Luc Bruyère, ou encore le docteur Treves et son directeur : l’humanité est dépeinte dans toute sa noirceur.  

Une scénographie graphique et envoûtante

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© Arnaud Bertereau

Une noirceur et une monstruosité qui passent aussi par une scénographie envoûtante. Si JoeyStarr n'a pas été grimé pour les besoins du rôle, les vidéoprojections se chargeront de métamorphoser son visage et de créer par l'entremise de graphismes envoûtants, sorte de tâches déformées évolutives prenant tout l'arrière de la scène, une atmosphère dérangeante. Des vidéos qui s'accompagnent de compositions sonores puissantes, parfois vrombissantes. Une ambiance qui passe aussi par plusieurs scènes de danse contemporaine hypnotiques réussies. 

Tout au long de ces trois heures avec entracte, on ne voit pas le temps passer. Il manque toutefois à cette adaptation la petite étincelle qui touche et émeut au plus profond, plus qu'elle n'analyse et ne montre la bêtise humaine. 

 

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