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Xavier Dolan, acteur et réalisateur de «Matthias et Maxime»: «Je veux jouer pour les autres»

A seulement 30 ans, le Québécois a déjà réalisé huit longs-métrages. [© LOIC VENANCE / AFP]

Après son expérience américaine – «Ma vie avec John F. Donovan» – Xavier Dolan est revenu chez lui, au Québec, filmer ses amis pour «Matthias et Maxime». Un film d’amour au masculin qui sort ce mercredi, et dans lequel il campe aussi l'un des protagonistes. 

Barman à ses heures, Maxime (Xavier Dolan) veut quitter sa mère (Anne Dorval) et partir en Australie. Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas) vit, de son côté, en couple avec une femme. Mais un baiser échangé pour les besoins d’un court-métrage amateur va plonger les deux protagonistes – et le clan de potes – dans une confusion des sentiments.

Quand avez-vous décidé de consacrer une œuvre à vos amis ?

Avant, je ne connaissais l’amitié qu’à deux ou à trois. Regarder des films avec une dizaine de personnes à la maison, aller au cinéma ou au restaurant, boire des verres dans un bar, tout cela m'était étranger. Vers l’âge de 26-27 ans, j’ai commencé à ressentir ce sentiment d'appartenir à un cercle, à une bande d'amis. Une amitié à dix, voire quinze copains. J'ai eu rapidement l'envie de les faire tourner dans un film. Cette idée est devenue concrète pendant le tournage du film «Boy Erased» de Joel Edgerton, à Atlanta, à l'automne 2017.

Pour ce huitième long-métrage, vous êtes devant et derrière la caméra...

C'est devenu peu à peu une évidence d'interpréter le personnage de Maxime. Et cela s'est fait naturellement. Je souhaitais réaliser un film d’amour et de désamour au masculin, en y intégrant ma bande de potes proches. Souvent, les protagonistes de mes films sont gays mais c'est simplement un aspect de leur personnalité. Un détail qui n'est pas au cœur de l'intrigue. Pour «Matthias et Maxime», c'est différent. Sans histoire d'amour, il n'y a pas de film.

Vous avez déclaré être d'un naturel anxieux. Vous sentez-vous enfin à votre place ?

J'ai l'impression de l'avoir trouvée avec mes amis. Mais je la cherche encore en réalisant des films. J'aime aussi changer de place pour grandir et découvrir de nouvelles émotions.

Que répondez-vous aux critiques qui présentent «Matthias et Maxime» comme un film homosexuel ?

Cela m’énerve profondément. Et depuis plus de dix ans. L’homosexualité n’est pas un thème. C’est la vie. C’est comme être noir, juif, femme ou avoir une existence qui n’est pas considérée comme «normale». On ne parle pas de film hétérosexuel !

J'aimerais beaucoup travailler pour Netflix

Vous avez eu 30 ans en mars. Après une vingtaine intense, comment voyez-vous cette nouvelle décennie ?

Même si je vais continuer à réaliser des films dans lesquels je me mettrai en scène, je veux jouer pour les autres. On a envie de plaire à quelqu’un, et on s’abandonne totalement à d’autres libertés. C'est tellement agréable. Quand tu joues dans tes propres créations, tu as une équipe bienveillante autour de toi. Toutes ces personnes te protègent de tes manies, analysent tes choix et critiquent certaines de tes décisions.

Pourriez-vous travailler pour Netflix ?

J’aimerais beaucoup. J’ai manifesté mon intérêt en leur proposant un projet. Mais cela ne fonctionne pas.

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