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Le nouveau Largo Winch dévoile l'univers de la finance invisible

Largo Winch est de retour dans «Les voiles écarlates», le tome 22 de la série Largo Winch est de retour dans «Les voiles écarlates», le tome 22 de la série[© Phillipe Francq / Eric Giacometti / éd. Dupuis]

« Les voiles écarlates », le tome 22 (wahou) de Largo Winch est d’ores et déjà en librairie et promis à un flamboyant succès. On l’a lu et avons même eu la chance de rencontrer Philippe Francq, son dessinateur historique, ainsi qu’Eric Giacometti, le scénariste de la série depuis le précédent volume.

Pas de panique pour ceux qui auraient lâché les aventures du bel héritier, organisés en diptyques, les « Largo » peuvent être lus par deux, sans avoir trop suivi la totalité de la saga. Ces « Voiles écarlates » sont la suite de « L’étoile du matin », aventure au cours de laquelle Largo apprenait que quelqu’un du groupe W – une jolie tradeuse plus exactement – était à l’origine d’un « flash Krach », c’est-à-dire un Krach boursier très court qui lui aurait permis de récolter quelques milliards de dollars en très peu de temps. Mais peu à peu, les masques tombent et on apprend que la jeune femme n’est que le jouet d’autres puissances. Voilà Largo Winch, à la merci du FBI, de la SEC, des Anonymous et même la risée des réseaux sociaux. Ne lui reste qu’à se mettre sur la piste de ceux qui ont voulu lui causer du tort… Mais qui sont-ils ?

Le monde opaque de la finance dévoilé

Ici, Largo Winch se retrouve confronté au « shadow banking » et au « trading à haute fréquence ». En même temps que le milliardaire, quelque peu paumé dans ces histoires de bourse, le lecteur va certainement apprendre pas mal de concepts autour du marché boursier actuel. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé Philippe Francq à recontacter Eric Giacometti, croisé dans le passé. Ce dernier, écrivain à succès et ancien journaliste économique, s’est fait un plaisir de pouvoir enfin vulgariser le côté sombre de la finance alors que 70% des ordres en bourse sont désormais passés par des énormes ordinateurs, placés, comme on le voit dans la BD, dans des hangars géants sans fenêtre et très surveillés.

Quant au « shadow banking », c’est-à-dire la finance invisible ou système bancaire parallèle, « c’est 500 000 milliards de dollars, cinq fois le PIB mondial, explique Eric Giacometti. L’économie est considérée comme rebutante . Quand vous travaillez aux Échos, c’est pratique, mais quand vous écrivez pour un journal populaire, c’est plus compliqué. Parler du trading à haute fréquence peut être très ennuyeux, mais en parler en passant par une aventure de Largo Winch devient tout à coup passionnant. L’imaginaire est un atout extraordinaire pour informer les autres (…)Un citoyen informé doit maîtriser les fondamentaux de l’économie, ce n’est pas le cas actuellement », déplore-t-il.

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© Phillipe Francq / Eric Giacometti / éd. Dupuis

Un vent de modernité souffle puissamment sur la saga

C’est peut-être le plus moderne des diptyques. Fini les ordinateurs mastodontes des premiers tomes, maintenant Largo Winch est bien sûr équipé de portable, a changé de costume trois pièces comme de voiture, mais il est aussi et surtout connecté à Internet et aux réseaux sociaux. Si lui est resté le même, beau brun ténébreux loin d’être devenu un père de famille aux tempes grisonnantes, ses rapports avec les femmes ont évolué. Eric Giacometti s’en amuse d’ailleurs : « Dans « L’étoile du matin », il se prend une veste, dans « Les voiles écarlates », elle le sauve et c’est elle qui prend le dessus, et même au sens propre, lors d’un rapport sexuel. C’était voulu. On a changé d’époque ».

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© Phillipe Francq / Eric Giacometti / éd. Dupuis

Largo Winch, en homme à l’éthique toujours bien présente, souhaite, ici, se refiscaliser. « L’étoile du matin » a été publiée quelques jours avant qu’une liste d’évadés fiscaux ne sortent dans les médias. Au lieu d’être des suiveurs, on a été légèrement précoces sur cette histoire de refiscalisation », note joyeusement Philippe Francq.

Un duo très efficace

Si le trait de Philippe Francq reste celui que les fans de Largo Winch adorent retrouver à chaque volume de la série - dynamique, avec un art de la mise en scène toujours très maîtrisé, des décors très travaillés et une colorisation impeccable - , les éditions Dupuis transforment l’essai avec ce second volume scénarisé par Eric Giacometti. « Un bon scénariste doit être avant tout intelligent. Il doit comprendre que traiter de finance et d’économie, c’est bien, certes, mais qu’il faut une alternance dans l’histoire entre scènes un peu rébarbatives autour de ces sujets mais nécessaires à la compréhension avec de l’action, d’autres intrigues qui, imbriquées, font de l’histoire un thriller. Eric Giacometti a pu montrer au cours de sa carrière de romancier, à quel point il savait monter une histoire, à quel point il savait cacher les ficelles ». Eric Giacometti, de son côté, semble admiratif du dessinateur qu’est Philippe Francq : « sa qualité principale n’est pas le talent. Il l’a mais ça ne suffit pas. Brassens disait : « le talent est une sale manie sans travail ». C’est hallucinant tout le boulot que fournit Philippe Francq. »

D’ailleurs, côté scénario, même topo : les scénarios des deux tomes suivants sont déjà bouclés. A Phillippe Francq de mettre en image cette nouvelle histoire qui devrait être plus tournée vers l’aventure pure et dure, entre le Sud de la France, l’Indonésie et la Californie. Reste désormais à l’éthique Largo Winch de revoir son bilan carbone.

«Les voiles écarlates», tome 22, de Phillipe Francq et Erix Giacometti, Dupuis, 14,95€.

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