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Disparition de Pierre Soulages : 7 choses méconnues sur le peintre de «l'outrenoir»

Le peintre est décédé à l'âge de 102 ans. [JOEL SAGET / AFP]

Le sculpteur français Pierre Soulages est décédé à l'âge de 102 ans, a-t-on appris ce mercredi 26 octobre. Il était de son vivant le peintre le plus célèbre de France. Connu avant tout pour ses toiles entièrement noires, que sait-on de cet homme et de son art, unique à bien des égards ?

il a commencé à travailler le noir encore enfant

La tante de Pierre Soulages a raconté à l'historien Pierre Encrevé qu'un jour, cette dernière voit Pierre Soulages, enfant, posté devant une feuille blanche, en train de tremper sa plume dans de l'encre noir. Elle lui demande alors ce qu'il dessine. «De la neige», répond le petit garçon, ayant déjà conscience que le noir fait ressortir le blanc de la feuille.

il a refusé les beaux arts

Un autodidacte. En 1937, Pierre Soulages est reçu à l'Académie des Beaux-Arts de Paris. Très rapidement, il se rend compte à quel point il se sent frustré par cet enseignement. Un point positif pendant ce séjour parisien : il fréquentera assidûment le Louvre, ce qui le confortera dans son désir toujours plus grand de continuer à peindre. Il retournera à Rodez avant de partir s'installer à Montpellier.

il a vécu dans la clandestinité pendant la guerre

Mobilisé en 1940 pour combattre, il est démobilisé dès l'année suivante en 1941. Installé à Montpellier en zone libre, il fréquente assidûment le musée Fabre. Afin d'échapper au STO, il se fait faire des faux-papiers et vit alors dans la clandestinité. Il travaille dans un vignoble pour subvenir à ses besoins. C'est aussi la période où il rencontre Colette Llaurens, qui deviendra sa femme. En 1942, ils se marient... en noir.

il aime la couleur

Non, Pierre Soulages n'a pas peint que du noir. Sa carrière de peintre débute véritablement en 1946, quand avec sa femme, Colette, ils s'installe en banlieue parisienne, à Courbevoie. Il peint déjà de l'abstrait. Impressionné par l'art pariétal qu'il a découvert très jeune, Pierre Soulages peint de l'ocre, du noir mais aussi du rouge et du brun. Plus tard, l'artiste réalise des lithographies avec des couleurs vives, telles que le bleu, le jaune vif, le vermillon.

Des années 1950 à 1970, il peint en noir, certes, mais sur des fonds extrêmement colorés, il aime aussi à gratter le noir de ses peintures pour en faire apparaître des fonds colorés ou blancs. D'ailleurs, même quand il ne peint qu'en noir, ses tableaux permettent avant tout de jouer avec «la lumière réfléchie par les états de surface d'une couleur qu'on appelle 'noir'», expliquait-il. 

L'ART ROMAN fut à la base de sa carrière

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Les vitraux de l'abbaye Sainte-Foy de Conques par Pierre Soulages © Remy Gabalda / AFP 

Loin d'être un artiste dans sa tour d'ivoire, le peintre se nourrit de ce qu'il a pu découvrir très jeune. De passage à Conques (Aveyron) lors d'un voyage de classe, le jeune Pierre Soulages découvre l'abbaye Sainte-Foy. Il se passionne alors pour l'art roman. Ce choc esthétique décidera de sa carrière : «là, je peux dire, que tout jeune, j'ai décidé que l'art serait la chose la plus importante de ma vie», a-t-il confié dans une interview avec l'historien Pierre Encrevé, à la Bilbliothèque Nationale de France (2001). Il a d'ailleurs réalisé plus tard les vitraux de l'abbaye de Conques. 

Il brûle ses tableaux dont il n'est pas satisfait

Il serait très étonnant de retrouver des toiles de Pierre Soulages invendues ou restées dans son atelier. Car le peintre prenait soin de brûler ou de détruire toutes les oeuvres dont il n'était pas satisfait. Sa technique ? rassembler peu à peu tous les tableaux dont il n'était pas fier et partir de temps à autre à la campagne pour y faire un grand feu de joie. Certains collectionneurs doivent mordre leur chapeau.

Il était l'un des peintres vivants les plus chers du monde

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Le Centre Pompidou possède 25 tableaux de Pierre Soulages © Fred Dufour / AFP

Fin novembre 2019, Pierre Soulages, figurant déjà dans le cercle très fermé des artistes à la cote la plus élevée au monde, avait battu son propre record de vente chez Tajan. Une toile datant de 1960 et estimée entre 4 et 6 millions d'euros, s'était finalement envolée à 9,6 millions d'euros. Son précédent record était de 9,2 millions d'euros pour une toile datant de 1959, et vendue tout juste un an auparavant à New York. 

«Peinture, 200 x 162 cm, 14 mars 1960» illustre la technique de raclage initiée par l'artiste à la fin des années 1950. Cette oeuvre ira «rejoindre une collection européenne», selon Julie Ralli, directrice du département d'art d'après guerre et contemporain de Tajan.

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