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L'infatigable Clint Eastwood revient avec le film polémique «Le cas Richard Jewell»

Le réalisateur a voulu «réhabiliter l'honneur» de ce vigile passé de héros à traître. [© Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.]

A bientôt 90 ans, Clint Eastwood ne lâche rien et revient ce mercredi avec un nouveau film, «Le cas Richard Jewell», inspiré d’une histoire vraie. Un portrait à charge contre le FBI et les médias qui n'a pas plu à tout le monde outre-Atlantique.

Après «15h17 pour Paris» (2018) qui revenait sur l’attentat du Thalys déjoué par des soldats américains, et «La mule» (2019) dans lequel il tenait le premier rôle, l’ex-inspecteur Harry signe un long-métrage patriotique en dressant le portrait d’un héros national devenu ennemi numéro un, en seulement quelques jours, aux Etats-Unis.

Un embonpoint certain, une passion pour les jeux vidéo et les armes, Richard Jewell (Paul Walter Hauser, parfait dans ce rôle), 33 ans, célibataire et vivant encore chez maman (excellente Kathy Bates), rêve d’intégrer les forces de l’ordre. Après avoir menotté un homme sans autorisation, et été viré d’une université où il était employé comme agent de sécurité, l’homme se retrouve à veiller avec d’autres sur la bonne organisation d’un concert qui se déroule le 26 juillet 1996 au parc du Centenaire, à Atlanta, à l’occasion des Jeux Olympiques. Au cours de cette soirée, Richard Jewell qui guette les moindres faits et gestes des festivaliers, remarque un sac-à-dos abandonné sous un banc. Ne faisant confiance qu’à son instinct, le vigile donne l’alerte. L’explosion de la bombe fait deux morts et une centaine de blessés. Un bilan qui aurait été assurément plus lourd si Richard Jewell n’avait pas alerté les autorités. Lui dont personne ne se souciait vraiment avant ce drame, connaît la gloire et la reconnaissance en quelques heures.

de héros à paria de la société américaine

Mais la folie médiatique s’empare du dossier tandis que le FBI opte pour la théorie du terroriste solitaire. La vie de ce petit gars naïf et crédule, issu de la classe moyenne républicaine, vire au cauchemar. Il devient l’homme à abattre, celui qui a placé lui-même l’engin explosif pour chercher ensuite à s’attirer les honneurs. Son avocat Watson Bryant (Sam Rockwell) semble le seul à pouvoir le tirer d’affaire. Trois mois plus tard, Richard Jewell est blanchi. Mais ce dernier, diabétique, meurt en 2007, à l’âge de 44 ans, suite à des problèmes cardiaques. Le «vrai» coupable, Eric Rudolph, fut arrêté quatre ans auparavant, et condamné ensuite à la prison à perpétuité. 

Dans la lignée de «Sully» sorti en 2016, avec Tom Hanks, qui revenait sur le destin incroyable du pilote Chesley «Sully» Sullenberger qui avait sauvé des dizaines de vie en posant l’avion sur le fleuve Hudson, avant d’être accusé de ne pas avoir respecté le protocole, «Le cas Richard Jewell» montre comment un honnête homme peut voir sa vie voler en éclats à cause d’un abus de pouvoir.

«On entend souvent parler de gens puissants qui se font accuser de choses et d’autres, mais ils ont de l’argent, ils font appel à un bon avocat et échappent aux poursuite. L’histoire de Richard Jewell m’a intéressé parce que c’était quelqu’un de normal, un monsieur tout-le-monde. Le jour où il a commis un acte héroïque, il l’a payé au prix fort et a été jeté en pâture aux lions», explique Clint Eastwood, ajoutant avoir voulu à travers ce biopic «réhabiliter l’honneur de Richard Jewell».

Le réalisateur accusé de déformer la vérité

Mais ce parti pris assumé pour ce héros ordinaire et cette volonté de stigmatiser la presse peuvent faire grincer des dents et n’ont pas convaincu les spectateurs outre-Atlantique. Le film a en effet réalisé un mauvais démarrage lors de sa sortie en décembre 2019.

Une sortie également assombrie par des accusations de diffamation. La rédaction de The Atlanta Journal Constitution (AJC) a été «choquée» par l’image donnée par Clint Eastwood de la journaliste Kathy Scruggs - aujourd'hui décédée et jouée par l'actrice Olivia Wilde - qui est taxée dans le film d’avoir fait des avances sexuelles à un policier pour obtenir le nom du principal suspect dans l'affaire. «Le portrait de notre reporter est choquant, faux. (…) Le film commet exactement le péché dont il accuse les médias : il invente des faits de toutes pièces», a déclaré à l'AFP Kevin Riley, rédacteur en chef de l'AJC. En retour, Warner Bros a répondu : «(Ce biopic se fonde) sur une grande quantité d’éléments matériels hautement crédibles. Les allégations de l’AJC sont sans fondement.»

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