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Bruno Monnier, fondateur de l'Atelier des lumières : «70% des gens n'ont aucune relation avec l'art»

«Monet, Renoir...Chagall. Voyages en Méditerranée» est la nouvelle exposition immersive de l'Atelier des lumières «Monet, Renoir...Chagall. Voyages en Méditerranée» est la nouvelle exposition immersive de l'Atelier des lumières[© VJannière]

Après l'immense succès de «Van Gogh, la nuit étoilée», l'Atelier des lumières lance une exposition évènement pour 2020 : «Monet, Renoir...Chagall. Voyages en Méditerranée». Un nouveau succès en perspective ? 5 questions à Bruno Monnier, le fondateur du lieu.

Comment sont nées ces expositions immersives ?

On a été confrontés à un problème d’organisation des expositions classiques. Et on a du faire face à la mondialisation des expositions temporaires traditionnelles. Aujourd'hui, tout le monde veut faire des expos sur Caravage, les peintres russes ou Picasso alors que le nombre d’oeuvres disponibles n’est pas illimité. Il y a donc une véritable tension qui s’exerce sur le prêt des œuvres et cela aboutit à une hausse des coûts des expositions de plus en plus importante. On a réfléchi à créer un type d’exposition alternative, une véritable création artistique et musicale, nous permettant de nous libérer ainsi de l’œuvre originale elle-même. Cette démarche nous a été rendue possible par le numérique qui permet une qualité de rendu et un travail sur l’image. Les expositions immersives constituent l'un des éléments de cette révolution numérique qui est en train d’envahir nos vies.

Comment expliquez-vous le succès de l’exposition «Van Gogh, la nuit étoilée» qui a rassemblé près d'1,4 millions de visiteurs ?

Nous avons présenté la plupart des œuvres de Van Gogh alors qu'elles sont dispersées dans les musées du monde entier. Mais beaucoup d'autres éléments sont entrés en jeu : la force picturale, les couleurs très intenses, les sujets puissants sont mêlés à une musique d’accompagnement bien conçue ainsi qu'une certaine dramatisation de sa vie d'artiste plutôt courte. Tout cela crée une émotion très forte. Mais ce n'est que quelques clés du succès. Nous ne les connaissons pas toutes.

Quelle est la genèse de ces «voyages en Mediterranée» ?

Nos projets sont en général préparés deux ans en avance. Finalement, c’est un peu la suite de l’exposition sur Van Gogh. Vincent Van Gogh a été le premier à descendre dans le midi, à Arles, St Remy de Provence et utiliser les couleurs pures. L'essor du voyage par les chemins de fer va amener les impressionnistes habitués aux couleurs de l’Île-de-France ou de la Normandie à descendre dans le midi et découvrir cette intensité lumineuse. On s’en va vers cette mer aux côtés d'une vingtaine d’artistes, de Monet jusqu’à Chagall, pendant près d'un siècle. Avec Chagall, on entre dans la modernité. Ce parcours là nous paraissait très intéressant, très lumineux, très coloré.

Ce type d'exposition constitue-t-il l’avenir en matière de représentation artistique ?

Les expositions immersives et numériques offrent un autre regard sur la peinture. Et un regard parfois beaucoup plus proche grâce aux détails, un regard plus émotionnel que rationnel et distancié et qui permet de rassembler des œuvres dispersées dans le monde entier. Cela dit, c’est une proposition complémentaire aux visites de musées. Il n’y a que 30 % de la population française qui va au musée dans les expositions temporaires. 70 % des gens n’ont donc pas de relation avec l’art. Ce type d’exposition permet d’attirer un public beaucoup plus large que le public des musées. C’est un effet d’initation à l’art qui nous parait intéressant en particulier pour les jeunes générations. Près de 35% de notre public appartient aux jeunes générations. C'est pourquoi nous présentons, dans la citerne de l'atelier, les tableaux originaux et le lieu où ils sont exposés afin de pouvoir donner envie de pousser plus tard la porte d'un musée.

Face à ce succès, les projets doivent fleurir...

Oui et nous nous réjouissons de l'ouverture, le 17 avril 2020, des bassins de lumières. Cette ancienne base sous marine munie de grands bassins plein d’eau mesure environ 7 fois l’atelier des lumières. Nous allons y introduire ce concept d’exposition avec pour commencer une exposition sur Klimt. Nous nous attendons à quelque chose d'assez extraordinaire grâce aux reflets des parois de 10 mètres de haut sur l’eau. Le parcours se fera, lui, sur des passerelles immenses. Chaque lieu offre une experience différente et nous avons des projets aux États-Unis, à Dubaï, au Danemark ou encore en Allemagne.

«Monet, Renoir...Chagall. Voyages en Méditerranée» jusqu'au 3 janvier 2021 à l'Atelier des lumières, Paris 11e.

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