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«Ma fille, mon enfant» dénonce le racisme ordinaire, que la pandémie mondiale exacerbe

La BD «Ma fille, mon enfant» de David Ratte combat les préjugés racistes, une lecture nécessaire en ces temps de pandémie La BD «Ma fille, mon enfant» de David Ratte combat les préjugés racistes, une lecture nécessaire en ces temps de pandémie[© David Ratte / éditions Bamboo]

On a pu observer ces dernières semaines de nombreuses réactions racistes et xénophobes face à l'épidémie de Covid-19. Si elle ne parle pas de coronavirus, la BD «Ma fille, mon enfant» de David Ratte (éd. Bamboo) combat les préjugés racistes. Une lecture nécessaire.

Parue en début d'année aux éditions Bamboo, «Ma fille, mon enfant» ne traite pas du coronavirus. Pourtant, elle peut avoir une résonnance particulière en ces temps de confinement. L'histoire est celle de Chloé, amoureuse d'Abdelaziz, au grand désespoir de sa mère, Catherine, qui n'accepte pas l'union de sa fille avec un jeune homme issu de l'immigration. Le père de Chloé, lui, tente de résonner sa femme. Sans succès. La relation entre l'adolescente et sa mère se dégrade jusqu'à ce que le destin s'en mêle tragiquement... Saura-t-elle, après l'irréparable, renouer avec son enfant ?

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© David Ratte / éd. Bamboo

Pourquoi cette BD est d'actualité

Après avoir observé en Europe de nombreuses attitudes et réflexions racistes à l'encontre du peuple chinois quand l'épidémie flambait en Chine, désormais, le racisme ordinaire s'invite même à l'intérieur de nos frontières. On a pu voir notamment des actes de malveillance à l'encontre des parisiens venus en Vendée fin mars, avant que la Charente ne fut aussi le théâtre de préjugés, à l'annonce de l'arrivée de plusieurs patients atteints du Covid-19 à l'hôpital d'Angoulême. Ainsi, plusieurs personnes se sont revoltées sur Twitter à l'idée de recevoir des malades de Grand-Est au sein d'un territoire peu touché par le virus, rapportait le quotidien Charente Libre. Des comportements patinés de racisme ordinaire et d'intolérance que cette BD combat intelligemment.

Sans jamais tomber dans les clichés, David Ratte sert une histoire à hauteur humaine. Ici, la mère de Chloé, plus qu'être la «méchante de l'histoire», est victime de ses préjugés. L'auteur, métisse, s'est inspiré pour cela de l'histoire de ses parents quand, dans les années 1960, sa mère blanche, a subit l'intolérance de ses parents, lorsqu'elle se lia avec son père, noir. Depuis, l'auteur habite dans une petite ville du Sud, non loin de la frontière espagnole avec sa femme, issue de l'immigration espagnole, et ses enfants. «Dans cet album, je ne traite pas du racisme dans les grandes villes qui est bien différent. Je souhaitais parler de l'esprit de clocher de ces petits villages où tout ce qui vient d'ailleurs peut faire peur», explique le scénariste et dessinateur de la BD.

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© David Ratte / éd. Bamboo

Crise et racisme ordinaire 

Qu'est-ce que le racisme ordinaire ? «C'est un racisme inconscient, non assumé aussi. Il se nourrit des préjugés. En ce moment, avec la crise liée au coronavirus, on assiste à une flambée du racisme ordinaire», note l'auteur. Pour David Ratte, «ces réflexes rétrogrades sont une manière inconsciente de nous rassurer en tant de crise, de penser que chez nous, cela ne peut que se passer mieux qu'ailleurs». Pour l'auteur du «Voyage des pères» (éd. Paquet), dans ces petits villages, il existe une sorte de fantasme autour de tout ce qui est différent, nourrit notamment par certains médias et la méfiance, la peur. 

Si la BD a été écrite avant la pandémie et parle de l'affrontement d'une mère et d'une fille, elle met sur la table tous les préjugés qui nous habitent. Grâce à un scénario bien ficelé, le propos n'est jamais souligné lourdement et peut s'avérer efficace chez des lecteurs d'au moins dix ans.

Pour David Ratte, les solutions ne sont pas compliquées : «amour, bienveillance et connaissance». Même en état de confinement, on peut travailler à ces trois axes facilement.

Ma fille, mon enfant, de David Ratte, éd. Bamboo, 18,90€.  

 

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