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Bob Sinclar : «Le monde entier a envie de faire la fête»

Connus pour ses tubes house, l’artiste prolifique n’a pas chômé pendant deux mois.[©AFP]

Dj star du confinement, Bob Sinclar a assuré pendant cinquante-cinq jours des sessions quotidiennes en direct sur les réseaux sociaux, réunissant plus de 100 millions de spectateurs. Alors qu'il sort ce vendredi 29 mai le single «I'm on my way», il avoue avoir vécu «une période incroyable» et attend de retrouver la scène pour faire la fête avec ses fans.

De son vrai nom Christophe Le Friant, le Français à la renommée internationale, qui vient de fêter ses 51 ans, a assuré le show depuis son studio à la moquette léopard, entouré de ses nombreux goodies, loin des plages bondées de Miami ou d'Ibiza. Un assignement à résidence qui lui a permis de s'exprimer librement, de se replonger dans ses souvenirs et de transmettre sa passion pour la musique.

Que retenez-vous de ce confinement pendant lequel vous avez été très productif ?

J’ai vécu une période incroyable, et je suis très heureux. Je me suis exprimé artistiquement et libéré comme si j’étais sorti de ma chrysalide. Pourtant, ce confinement, je ne l’ai pas vu arriver comme beaucoup de Français. Je jouais encore au tennis le dimanche quand le lundi soir, on nous annonçait à la télévision que nous allions être confinés pendant quinze jours. Au départ, j’ai eu peur de m’ennuyer car je suis une personne créative qui passe son temps à collectionner des choses, acheter des vinyles, dessiner ou remixer des anciens titres. Je suis donc allé au studio où j’avais 35.000 disques à ranger et à réécouter. J’ai décidé de tester les réseaux, que ce soit Facebook ou Instagram, comme j’avais pu le faire pour mes soirées à Ibiza. La première session s’est partagée plus d’un million de fois. J’ai réalisé que ce confinement pouvait être une belle opportunité de jouer sans avoir aucune pression.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Comment avez-vous conçu ces sessions ?

Quand on a eu plusieurs succès «Gym Tonic» (1998), «Love Generation» (2005) ou «World, Hold On» (2006), les gens attendent de vous que vous les jouiez en club. Mais ils ne connaissent pas forcément mon passé musical et les sons qui m’ont inspiré. Pendant cinquante-cinq jours, j’ai revisité tous mes classiques, toute la musique avec laquelle j’ai grandi, les soirées dans lesquelles j’étais à Paris, les artistes dont je suis fan. J’ai créé des thèmes que je développais chaque semaine. La musique que j’aime, allant des années 1970 aux années 2000, n’existe pas dans le format dans lequel je la joue en club. Il a donc fallu que je numérise chacun des titres pour les remettre au goût du jour. A raison d’une demi-heure par morceau, et sachant qu’il y en avait seize par jour, cela demandait un sacré boulot. Surtout que je ne voulais absolument pas refaire deux fois la même chose. Au final, j’ai joué 875 titres différents. J’ai profité aussi de ces sets pour répondre à tous les messages que je recevais, fêter les anniversaires, remercier le personnel soignant. Une communauté s’est créée autour de ce rendez-vous. Ce fut un grand moment de partage.

J'ai toujours rêvé d'avoir une émission de radio ou de télévision pour transmettre ma passion.

Selon vous, pourquoi ces rendez-vous en live ont-ils rencontré un tel succès ?

C’est difficile d’expliquer pourquoi on aime certaines choses plus que d’autres… J'imagine que les gens ont été touchés par la régularité du mix, la générosité qui s’en dégageait, et cela leur a peut-être rappelé leur jeunesse alors que nous traversions une période incertaine. J’ai reçu beaucoup de messages de personnes qui m’ont remercié. Je pense leur avoir fait du bien physiquement, et j’en suis ravi. J’ai toujours rêvé d’avoir une émission de radio ou de télé rien que pour moi pour transmettre ma passion. Et ce fut le cas pendant ces deux mois. Pioneer (marque notamment spécialisée dans le matériel audio pour les DJ, ndlr) m’a avoué avoir reçu un grand nombre de commandes de platines pour des gens qui souhaitaient découvrir ou se remettre au mix. Et beaucoup d’enfants m’ont confié avoir dansé sur mes tubes alors qu’ils ne les connaissaient pas. Si j’ai pu faire naître des vocations, ce serait la plus belle des récompenses pour moi. Le DJ est souvent associé au monde de la nuit, à l’alcool et aux substances illicites. Etant en dehors de tout ça, j’ai prouvé que l’on pouvait s’éclater en mixant tout simplement, et cela en pleine journée.

Auriez-vous envie de poursuivre l’aventure ?

Je pourrais en effet organiser des sessions de mix old school hip hop, par exemple. Mais cela demande beaucoup de travail et il me faudrait une équipe.

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© DR

Ce vendredi 29 mai, vous dévoilez le single «I’m on my way», enregistré avec le chanteur de reggae jamaïcain OMI en plein confinement…

J’ai rencontré OMI au début de l’année dans un aéroport. Je crois que c’était au Brésil. Et on est restés en contact. Quand j’enregistre un morceau en featuring avec un chanteur, j’aime qu’il soit avec moi afin de créer une alchimie organique. En confinement, ce n’était pas possible. Alors j’ai travaillé sur l’instrumental de mon côté avec les influences du moment, et OMI est revenu vers moi avec une chanson. Je voulais que le thème soit fédérateur. Et OMI, qui est jamaïcain et a fait un carton avec le tube «Cheerleader», a réussi ce challenge. Le titre est désormais numérisé. J’espère que tout le monde va s’approprier ce morceau.

Qu’en est-il de votre concert initialement prévu le 4 mai au sommet de l’Arc de Triomphe qui a été reporté à la dernière minute ?

Je ne sais pas… En raison du succès des live et de dérapages pendant le confinement de la part de quelques personnes, les responsables qui nous avaient pourtant autorisés à organiser ce show, ont eu peur d’un éventuel débordement et se sont rétracté. C’est dommage car je devais être seul, filmé par des drones. C’était aussi symbolique de délocaliser mon studio, et je souhaitais récolter des fonds. J’espère que l’on va réussir à le faire. J’ai vu que The Blaze avait joué en live depuis l’Aiguille du Midi. On me l’avait proposé mais je ne trouvais pas cela très cohérent avec mon projet. S’il y a possibilité de jouer dans un monument de France, on ira.

En tant que DJ, comment voyez-vous votre avenir alors que les festivals sont annulés et que les clubs restent fermés ?

J’ai l’impression que les choses vont plus vite que prévu. L’Espagne pourrait rouvrir ses frontières aux étrangers à partir du 1er juillet. Peut-être que nous pourrons nous produire à la fin de l’été dans des petits clubs de 300 à 400 personnes. Nous restons à l’affût de la moindre information. Mais à titre personnel, cette petite pause ne me dérange pas. Bien au contraire. Je tourne depuis plus de vingt ans, à raison de 100 dates par année. Cette période sans scène m’a permis de m’exprimer de manière différente, et de me réinventer.

Y a-t-il un endroit en particulier qui vous a manqué et où vous aimeriez mixer ?

Je commencerais par une date au Rex Club car c’est le lieu de mon enfance qui est toujours resté fidèle à une couleur musicale très pointue. Mais je veux bien aussi aller jouer dans la cour de l’Elysée. Une garden party sous le soleil, ce serait génial (rires). Vous savez, j’ai joué partout, de l’esplanade de la tour Eiffel au château de Chambord. Je suis prêt à jouer dans n'importe quel endroit de la planète tant que les gens sont en sécurité, s'amusent et dansent. Le monde entier a envie de faire la fête. Nous devons avancer et rester optimistes.

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