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De nouveaux secrets dévoilés sur la relation entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen

Kirsten Dunst incarnait la jeune reine amoureuse dans «Marie-Antoinette» de Sofia Coppola Kirsten Dunst incarnait la jeune reine amoureuse dans «Marie-Antoinette» de Sofia Coppola[Capture d'écran allociné/ bande annonce/ Pathé / American Zoetrop]

Grâce aux progrès de la science, un projet intitulé REX a pu mettre à jour des lettres caviardées de Marie-Antoinette pour le comte de Fersen, avant que la reine ne soit guillotinée.

Il s'agit de lettres écrites entre fin juin 1791 et août 1792, alors que Marie-Antoinette et la famille royale sont en résidence surveillée aux Tuileries. Marie-Antoinette entretient alors une correspondance secrète avec son amant plus que supposé : le comte Axel de Fersen. Conservées depuis 1982 aux Archives nationales, elles n'avaient été déchiffrées que partiellement, une partie ayant été caviardée, rendant l'écriture illisible.

Ces 25 textes signés de la main de Marie-Antoinette et 29 lettres provenant du comte de Fersen étaient déjà une manne historique pour les chercheurs, malgré la centaine de lignes rendues illisibles. Grâce à la spectroscopie de fluorescence des rayons X (ou XRF), les chercheurs ont pu avoir accès aux mots illisibles sans même à avoir à entrer en contact avec le papier. En d'autres termes, grâce à ce procédé qui identifie les encres utilisées, et après 19 semaines d'analyse, les scientifiques ont pu lire les lignes cachées par le caviardage.

Une relation très intime (et plus si affinités)

La conclusion historique est sans appel : Marie-Antoinette et le comte de Fersen s'expriment dans des termes amoureux malgré l'essentiel des lettres dont le contenu est de nature politique.

On peut y lire des phrases telles que «Il n'est point de bonheur pour moi, l'univers n'est rien sans vous» ou encore  «mon bien cher et tendre ami», «vous que j'aime et j'adorerai toute ma vie», «je ne vis et n'existe que pour vous aimer».

Néanmoins, les scientifiques restent prudents quant à l'utilisation de certains termes puisque Marie-Antoinette avait tendance à utiliser le même type de vocabulaire dans sa correspondance avec son amie, la princesse de Lamballe, qu'elle n'hésite pas à nommer «mon bien cher coeur».

Toute une époque entre les lignes

Plus que l'histoire d'amour entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, c'est au final le vocabulaire d'une époque qui est mis en valeur, un vocabulaire qui prend le tournant de l'Hstoire puisqu'ici sentiments personnels et sujet politique sont liés par le déroulement rapide des événements.

«La principale conclusion du projet REX est donc moins dans des révélations fracassantes sur la nature de la relation entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen, que dans la mise en lumière du quotidien de l'expression de sentiments d'espoir, d'inquiétude, de confiance, de terreur, dans un contexte particulier, celui de l'enfermement forcé et de l'éloignement de deux êtres parfaitement à l'unisson, pris dans la succession d'événements dramatiques qu'ils ne peuvent maîtriser», indiquent les responsables du projet dans un communiqué.

On peut donc dire que nous sommes devant une histoire passionnée intrinsèquement inscrite dans la grande Histoire et que politique et intimité se retrouvent liées pour la première fois : «le rétablissement du texte d'origine permet aux historiens de prendre la mesure d'un jeu d'émotions qui tisse étroitement ensemble le politique et le personnel», explique le communiqué. L'émotion en politique serait-elle née à la Révolution française ? D'autres documents attesteraient en tout cas de l'existence de cette émotion en politique durant la période révolutionnaire. Quand les mots expliquent un état d'esprit.

Autre réussite de cette étude : lire en dessous des ratures sans toucher aux matériaux (souvent devenus très fragiles) est désormais possible et pourraient ouvrir bien des voies à l'archéologie.

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