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La semaine de Philippe Labro : un poète en mémoire, un héros dans l'histoire

Le chanteur Guy Béart, disparu en 2015, est mis à l'honneur avec un disque de reprises imaginé par ses deux filles. [GINIES / SIPA]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

VENDREDI 26 JUIN

Nous voici donc entrés dans l’été. De quoi sera faite cette saison, supposée celle du repos et des vacances, mais dont l’Histoire nous a appris que c’était souvent en août que s’amorçaient les grands événements ? La terrible déflagration du Covid-19 a eu lieu, mais toutes les traces, tous les «effets collatéraux» sont là, et seront encore là tout l’été. Il est donc vain de se hasarder à des prévisions, des projections, des hypothèses. Le remaniement concocté par Emmanuel Macron, le déroulement de la campagne présidentielle aux Etats-Unis (novembre va arriver très vite), les remous sociaux et politiques, la canicule, les querelles qui divisent et affaiblissent, nous y aurons droit, et – soyons modestes – nous ignorons comment cela se passera. L’inattendu est devenu quotidien. Alors, comme il arrive parfois au chroniqueur que je suis, contentons-nous d’un bloc-notes subjectif, qui se veut un peu léger.

CHANSON. Je ne me lasse pas d’écouter Guy Béart. A sa disparition, le 16 septembre 2015, il fut, bien sûr, salué, puis ceux qui aimaient sa voix, ses paroles et ses mélodies, ont craint qu’il ne sombre dans une sorte de purgatoire (quelle radio, en effet, passe du Béart aujourd’hui ?) Eh bien, grâce à la belle initiative de ses deux filles, Eve et Emmanuelle, le revoici, plus émouvant, libre et tendre que jamais, avec un double album de vingt chansons, intitulé De Béart à Béart(s), qu’interprètent et revisitent les artistes les plus talentueux de la chanson française. Rendez-vous compte ! Alain Souchon, Laurent Voulzy, Julien Clerc, Vincent Delerm, Clara Luciani, Thomas Dutronc, Maxime Le Forestier, Carla Bruni, et j’en oublie. Toutes et tous offrent des reprises brillantes, surprenantes, toutes empreintes de respect et d’imagination. Quel plaisir d’entendre Raphael dans Poste restante, Christophe dans Vous (c’est vous), Voulzy nous dit qu’Il fait toujours beau quelque part et, surtout, Emmanuelle Béart qui chante son père, en duo avec Julien Clerc, ou bien toute seule avec Plus jamais. Je ne saurais trop vous recommander d’acquérir ce trésor inédit. Il affirme à nouveau que Béart est un poète, un visionnaire, un capteur de l’air de tous les temps.

LITTÉRATURE. C’est une très bonne nouvelle : on me dit que les librairies «cartonnent». Les livres avaient déjà constitué un véritable remède lors du confinement et, désormais, ils reprennent toute leur place, toute leur importance dans la vie des Français – nous demeurons, et c’est un petit miracle, le pays des livres, du mot, de la pensée, de l’évasion. Joseph Kessel paraît dans la collection La Pléiade. Adèle Van Reeth nous parle de La vie ordinaire (éd. Gallimard) et Quentin Périnel nous distrait avec Et si on parlait plutôt de mes succès ? (éd. du Cherche-Midi), quand il traque les échecs des «winners». Il cite d’ailleurs Winston Churchill : «Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.»

CINÉMA. J’espère que les files d’attente vont réapparaître devant les salles de cinéma. Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, le confinement m’a permis de revoir pléthore de films anciens – certains furent des découvertes. Ainsi de La ligne de démarcation de Claude Chabrol. Et puis, grâce à un DVD envoyé par un ami, un des chefs-d’œuvre de John Huston, Fat City. Et Jean-Pierre Melville, avec son Armée des ombres, bien entendu.

HISTOIRE. On a vu, lu et entendu du De Gaulle à l’occasion des 80 ans de son appel du 18 Juin, et des commémorations diverses. Je suis en pleine lecture de la meilleure biographie parue à son sujet, celle de Julian Jackson, De Gaulle, une certaine idée de la France (éd. du Seuil). Le général de Gaulle y apparaît dans toute sa complexité et son génie. On en revient toujours à sa phrase mémorable : «A 49 ans, j’entrais dans l’aventure comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries.»

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